30/3/2023

A Dream Return to Tang Dynasty

Genre : Heavy Metal Progressif
Pays : Chine
Label : Magic Stone Records
Sortie : 11 Décembre 1992

Il était bien temps de (re)mettre en lumière une œuvre telle que celle-ci... Je veux précisément parler de la première pièce Heavy Metal de la Chine continentale : «A Dream Return To Tang Dynasty»... c'était en 1991.

Mais pour l'occasion s'offre à nous la réédition complète du 11 Décembre 1992 (Magic Stone Records)... et il y a une raison sincère de contourner le pressage initial... je reviens dessus incessamment sous peu.

L'existence de la formation pékinoise TANG DYNASTY s'officialise en Février 1989 sous l'impulsion de deux musiciens américains : Kaiser Kuo (guitare) et Andrew Szabo (batterie).

Assistés de deux collaborateurs locaux que sont le guitariste Ding Wu et le bassiste Zhang Ju, les initiateurs du projet ne tardent guère à déserter l'Empire du Milieu en raison des événements de la place Tian'anmen... Après plusieurs mois d'exil dans la région autonome du Xingjiang, Ding Wu retrouve Zhang Ju pour la résurrection de TANG DYNASTY : Ils recrutent un talentueux guitariste du nom de Liu Yijun (surnommé «rapide comme l'éclair») et le batteur Zhao Nian.

Le premier Mai 1990, la formation rafraîchie s'exécute publiquement devant pas moins de 100 000 spectateurs au Stade des Travailleurs de Pékin, ce concert étant précisément une collecte de fonds destinée à l'organisation des jeux asiatiques de la même année... Le succès étant, TANG DYNASTY saisi l'opportunité d'une signature sur le label Magic Stone Records, toute jeune division continentale d'un label taïwanais sobrement dénommé Rock Records, et justement axé sur le son électrique chinois.

Au mois de Mai de l'année suivante, le cofondateur Kaiser Kuo revient brièvement pour l'immortalisation d'une poignée de démos, et ce, avant de repartir pour les 'States en vue de finaliser ses études supérieures... Et si le chant est notamment l’œuvre du bassiste Zhang Ju, Kuo insiste sur le fait qu'il doit être l'affaire de Ding Wu (guitares), cette responsabilité le plaçant définitivement comme leader de la formation. Ainsi, sur une période de 44 jours, soit de Septembre à Octobre de la même année, le quartet concrétise son premier effort au sein du studio de la radio nationale chinoise (à Xincheng), précité studio se situant au deuxième étage de l'établissement... Si la plupart des instrumentaux étaient globalement achevés juste avant l'enregistrement, Ding Wu déclara plus tard qu'une partie des mélodies ne fût établie que lors des prises.

Publié à l'échelle nationale en Décembre de la même année (par le biais de China Fire Records, petite division de Rock Records), qui plus est en format cassette, le premier opus qu'est «A Dream Return To Tang Dynasty» ne tarde guère à acquérir un certain succès, et ce, malgré l'absence de l'épilogue «Internationale», volontairement écarté pour raisons purement politiques... je reviendrai dessus.

Succès précité oblige, c'est alors que Magic Stone Records entame dès l'année suivante une vaste campagne de marketing en dehors des frontières... La conséquence de cela ? Une suite assurée à Hong Kong, Taïwan et Singapour, ainsi que la production de cinq vidéoclips à budget élevé... Comme l'a dit le cofondateur Kaiser Kuo, rien de tel n'avait été fait jusqu'alors pour un groupe purement chinois.

Officiellement éditée le 11 Décembre 1992, la version internationale sur laquelle nous nous penchons s'est vue présente dans les bacs de Hong Kong, Taïwan, de l'ensemble de l'Asie du Sud-Est, mais aussi de la Corée du Sud et du Japon...

Lorsque Heavy et éclectisme font route commune...

Aux premières heures, la logique du quartet était de donner forme à une direction musicale distinctement et authentiquement chinoise, et ce, tout en travaillant sur une base occidentale... Il n'est pas sans dire qu'un tel choix était mûrement réfléchi : Selon le cofondateur Kuo, l'ère Tang, simplement considérée comme apogée de la civilisation chinoise, se révélait non seulement cosmopolite, mais d'autre part ouverte à d'autres idées, d'autres cultures... En résultat par conséquent la dénomination logique de la formation.

Au cours de ces premières heures en question, Kuo initia son personnel local aux subtilités du Rock progressif : GENESIS, KING CRIMSON, ou encore RUSH... Ces précieuses découvertes allaient tout naturellement enrichir la structure générale, sans toutefois dénaturer la forte identité d'un effort aux multiples qualités...

Jouissant d'une prise de son aussi aérée que limpide, soit la promesse d'un espace conséquent pour l'instrumentation, «A Dream Return To Tang Dynasty» promène l'auditeur sur les chemins dynamiques d'un Heavy Metal dont la grandeur se traduit par la fine dentelle, sinon la délicate structure de ses rythmiques, et auxquelles la greffe d'un épatant jeu soliste confirme la pleine assurance de son géniteur : Liu Yijun.

Au-delà de l'inévitable ballade, déviation incontournable de bien des formations asiatiques, même métalliques, TANG DYNASTY se distingue en étirant progressivement la structure précitée, ce principe facilitant un appui identitaire cristallisé notablement dans l'usage d'éléments Folk chinois traditionnels...

D'un point de vue lyrique, l'effort à l'honneur demeure centré sur d'anciennes traditions martiales chinoises tirées de romans, voire de poèmes... de l'ère Tang.

Rien de surprenant par rapport à cela : Kuo qualifiant cette ère de «période de grand héroïsme»... Parallèlement, la chercheuse Cynthia Wong a précisé que la textuelle poétique, juxtaposée à une musicalité forte et (relativement) agressive (le Metal en l'occurrence), allait de paire avec d'anciens concepts chinois tels que l'intelligence et la capacité martiale, deux caractéristiques pour un équilibre représentatif des hommes idéaux...

Qualifiés de poètes-guerriers, les membres du personnel de TANG DYNASTY se devaient d'être représentés sur l'artwork, comme dans les quelques vidéoclips, Magic Stone Records soulignant par conséquent dans son communiqué de presse l'argument suivant : «La confiance en soi des chinois».

Digne épilogue d'une réédition à la hauteur des espérances, «Internationale», puissante reprise de «L'Internationale», chant révolutionnaire des luttes sociales à travers le Monde, œuvre du français Eugène Pottier et du belge Pierre Degeyter, trouve enfin place après censure, exhibant une marche électrique aussi imposante que mélodieuse...

Classique incontournable dans l'histoire métallique de l'Empire du Milieu, «A Dream Return To Tang Dynasty» s'est écoulé à environ deux millions d'exemplaires, étant même devenu un temps durant un best-seller à Taïwan, et propulsant Liu Yijun au rang de meilleur guitariste chinois, et étant d'autre part nommé premier guitar hero du pays...

Cet opus, c'est également une manière de rendre hommage à l'infortuné bassiste qu'était Zhang Ju, tristement disparu le 11 Mai 1995 d'un accident de moto...

Cet opus, c'est bien évidemment, et d'autre part, une manière de (re)découvrir une partie méconnue de notre Monde, Metal s'entend, et ce, en embrassant l'exotisme mesuré d'un effort, comme dit bien plus haut, aux multiples qualités...

Thomas Ppr

TRACKLIST

  1. A Dream Return To Tang Dynasty
  2. The Sun
  3. Nine Fourth
  4. Paradise
  5. Choise
  6. Soaring Bird
  7. Dream Of The Doomsday
  8. The Moon Hangs High
  9. Don't Go Hiding
  10. Legend
  11. Internationale

LINEUP

Zhao Nian (batterie)

Ding Wu (vocaux/guitares)

Zhang Ju (basse/vocaux)

Liu Yijun (guitare soliste)

Chen Jianwei (session de claviers)

Luan Shu (session de vocaux)

Ubli Qasim (session de percussion sur la piste 2)

Qin Qi (session de vocaux sur la piste 7)

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