15/7/2024

In Hearts Wake - Incarnation

Genre : Metalcore

Pays : Australie

Label : UNFD

Sortie : 12 juillet 2024

Note finale : 4/5

L’Australie est décidément une terre de metalcore fertile, surtout quand on s’intéresse au coin de Byron Bay. Fondé dans la foulée des illustres Parkway Drive, In Hearts Wake nous sert un metalcore bien senti depuis 2006. Il n’est donc pas surprenant d’avoir déjà croisé Winston McCall dans la discographie d’In Hearts Wake (« Departure » – Divination 2012) et de le croiser à nouveau au sein d’Incarnation. Avant de nous lancer dans la découverte de cette proposition, il semble pertinent de souligner que cet album ne s'est pas construit dans la joie mais surtout dans la détermination, puisque le bassiste et chanteur, Kyle Erich, a annoncé son départ du groupe avant même l'écriture d'Incarnation. Au-delà donc de l'impact que ce dernier aura donc sur son public, cet album est avant tout un moyen pour les gars d'In Hearts Wake de se prouver qu'ils sont capables de continuer l'aventure, même amputés d'un membre.

Ce nouvel album s’inscrit dans l’univers mystique du tarot. Chaque titre est doublé de son tirage, à commencer par « Spitting Nails (ǝunʇɹoɟ ɟolǝǝɥʍ) ». On adore le parti pris artistique d'un album " polarisé à tous points de vue " (Jake Taylor) et l’effet miroir des titres d’Incarnation. Ce premier morceau nous jette directement dans le bain. C’est une composition qui ne s’illustre pas par son originalité mais davantage par sa parfaite démonstration des codes du metalcore. Riff acérés, puissance vocale, engagement rythmique, tout y est et laisse augurer qu’on ne devrait pas être négativement surpris par la tournure de cet album.

« Hollow Bone (plɹoʍǝɥʇ) » nous gratifie d’un breakdown trapu contrastant avec l’esprit plutôt aérien de ce titre.

Nous vous parlions plus tôt du leader de Parkway Drive, Winston McCall. Ce dernier s’invite dans la danse sur « The Flood (ǝɔᴉʇsnɾ) ». Ce titre tutoie ce que le metalcore a de plus violent à offrir, tant dans la rythmique que dans la tonalité générale qui se veut intensément sombre et puissante. Et notons ce merveilleux blegh caractéristique qui vient clôturer un titre qui rappellera à chacun pourquoi le metalcore demeure un genre indétrônable de la scène metal internationale.  

Vos serviteurs se sont peut-être avancés un peu rapidement en se pensant à l’abri de toute surprise avec cet album. « Orphan (lᴉʌǝp ǝɥʇ) » est un titre étrange et surprenant. La première partie est déconcertante par sa rythmique ultra speed, une voix qui transpire la rage et le tout qui forme un combo chaotique, mais dans le bon sens du terme. Puis le tempo ralenti et c’est la mandale absolue. Comme si le système avait réussi à sortir de son état chaotique et à s’organiser d’un coup pour nous infliger quelques mesures d’une brutalité complète. Ce morceau est d’une complexité rare et nous offre de l’émotion à l’état brut, et vous savez à quel point nous sommes friands de ce genre de frisson dans l’équipe. Carton plein et taloche en règle pour ce titre.

Plus cet album avance et plus In Hearts Wake semble révéler sa véritable nature. On quitte les sentiers balisés pour s’aventurer vers des titres plus complexes et personnels à l’image de « Gen Doom (ʇuɐɥdoɹǝᴉɥǝɥʇ) ». Encore une fois, on succombe à la violence de ce titre et à sa noirceur affirmée.

Permettez-nous une digression vers les paroles qui soutiennent cet album à la rancœur affichée. Il est question, au sein d’Incarnation, de décrier notre rôle d’humain, notre place, notre dualité et surtout notre insignifiance profonde face à des intérêts qui nous dépassent et que nous servons bien malgré nous.

 

I won't be the victim
Murder the system!

« Spitting Nails (ǝunʇɹoɟ ɟo lǝǝɥʍ) »

Living for more
What would you die for?

« Hollow Bone (plɹoʍ ǝɥʇ) »

So many people are dying and nobody cares
So many of us are dying and nobody cares

Orphan (lᴉʌǝp ǝɥʇ)

A nation of mutation

Inseparation of humanity from nature

« Gen Doom (ʇuɐɥdoɹǝᴉɥ ǝɥʇ) »

Balancing the weight of everything
Sleeping through the great awakening
Caught in between the symmetry of life and death

« Shishigami シシ神 (ssǝɹdɯǝ ǝɥʇ) »

Vous l’aurez compris, cet album n’est pas qu’une très belle production musicale, c’est surtout un appel à la réflexion au-delà des mots. Mais nous reparlerons de tout cela un peu plus tard, une fois ce voyage terminé.

Nous continuons donc notre périple en compagnie de Kaito Nagai (Paledusk) qui vient apporter une belle pierre à « Shishigami シシ神(ssǝɹdɯǝ ǝɥʇ) ». Si nos sources sont exactes, Shishigami est le Dieu des créatures animales et végétales. On comprend donc que ce morceau est un cri du cœur contre la destruction de la vie telle que l’Humain la pratique aujourd’hui.

On est un peu moins marqués par « Tyrant (ɹoɹǝdɯǝ ǝɥʇ) » qui nous semble plus classique, standardisé en comparaison aux autres titres proposés. Notons tout de même que c’est un titre bien énervé qui ne manquera pas de défouler les plus férus de circle pit.

« Feeding TheDead (ǝɔuɐɹǝdɯǝʇ) » est inquiétante et ténébreuse. La guitare se joue de nous, allant chercher des sonorités sombres et empreintes de désespoir.

Vous l’aurez compris, In Hearts Wake n’a pas peur d’inviter les copains à la fête, preuve en est encore faite avec « Michigama (uɐᴉɔᴉƃɐɯ ǝɥʇ) » et ses 4 guests ! Bon à savoir, Michigama fait référence à un lac du Michigan, Etat des US dont sont originaires ces 4 mêmes guests : Heartsick, Don, For The Fallen Dreams et King 810. Eh oui, ils ont le souci du détail chez In Hearts Wake ! Ce titre rend donc hommage à ce coin de pays qui en a visiblement autant sous le pied en termes de musique que de grands lacs. On vous laisse y jeter une oreille, mais ça pulse l’énergie à plein tubes !

Nouveau titre, nouveau guest, c’est avec The Color Morale (metalcore, USA) que se déploie Shellshock (ssǝʇsǝᴉɹd ɥƃᴉɥ ǝɥʇ). Le ton est bien plus lumineux ici, The Color Morale apportant la clarté, In Hearts Wake les ténèbres, un équilibre qui fonctionne très bien et qui offre un morceau plus léger à l’oreille.

Il est l’heure de se quitter. In Hearts Wake nous offre un départ en délicatesse. Ce n’est certainement pas un hasard si la dernière carte jouée est celle du soleil, car « Transmission (uns ǝɥʇ) » semble nous tirer des ténèbres. La mélodie est ici prégnante, par opposition au caractère corsé de la majorité des titres d’Incarnation. Guitare aérienne et élégante, on imagine ce titre comme incarnant une certaine lueur d’espoir, et pourtant, au regard des paroles, il n’en est rien. N’est-ce pas là le propre du soleil ? Il nous éclaire et nous réchauffe autant qu’il projette des ombres, nos ombres, à nos pieds.

Quelle belle métaphore, quel beau voyage. In Hearts Wake nous offre bien plus qu’un album à travers Incarnation. C’est un recueil de questionnements, de constats, de réflexion et de sentiments, à l’image de ceux que les poètes peuvent offrir au monde. Le choix du tarot est habile pour soutenir de telles thématiques, opposant quelque part la destinée avec la volonté, mettant sur le tapis des cartes qu’il nous appartient de tirer, jouant de la double face et des effets miroirs. On est absolument saisis par ce voyage musical et philosophique à vivre entre les lignes. Oserez-vous, à votre tour, vous risquer à affronter ce que le destin vous a réservé ?

Annaëlle Moss

Setlist :

  • Spitting Nails (ǝunʇɹoɟ ɟo lǝǝɥʍ) - 2:55
  • Hollow Bone (plɹoʍ ǝɥʇ) - 3:57
  • The Flood (ǝɔᴉʇsnɾ) - 3:10
  • Orphan (lᴉʌǝp ǝɥʇ) - 3:41
  • Gen Doom (ʇuɐɥdoɹǝᴉɥ ǝɥʇ) - 3:45
  • Shishigami シシ神 (ssǝɹdɯǝ ǝɥʇ) - 3:32
  • Tyrant (ɹoɹǝdɯǝ ǝɥʇ) - 3:56
  • Feeding The Dead (ǝɔuɐɹǝdɯǝʇ) - 3:10
  • Michigama (uɐᴉɔᴉƃɐɯ ǝɥʇ) - 2:45
  • Shellshock (ssǝʇsǝᴉɹd ɥƃᴉɥ ǝɥʇ) - 3:32
  • Transmission (uns ǝɥʇ) - 5:25

Lineup :

  • Jake Taylor (chant)
  • Eaven Dall (guitare)
  • Ben Nairne (guitare)
  • Conor Ward (batterie)

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