Déjà 25 ans que Killswitch Engage balance son metal à l'alliage si particulier à qui veut l'entendre. Et 6 ans après Atonement, c'est This Consequence qui débarque en grandes pompes pour le bonheur des fans.
Si vous attendiez un démarrage en douceur, eh bien, oubliez. « Abandon Us » embraye directement sur une rythmique bien énervée qui n’est pas sans nous évoquer une certaine formation nu-metal de l’Iowa. Une entrée en matière sombre et perturbante qui va néanmoins s’éclaircir au fil des minutes. Le refrain en voix claire est catchy à souhait et nous ramène vers des territoires familiers dans une lignée metalcore résolument assumée. La guitare, elle, nous plonge avec nostalgie dans des sonorités qui nous rappellent la grande époque du metalcore classique.
« Discordant Nation » est un titre aussi court qu’intense qui fait la part belle à la batterie. Véritable pilier de ce morceau, elle flirte entre puissance et technicité, démontrant en 2 min 40 tout ce dont Justin Foley est capable.
Il est l’heure de quitter le sol pour s’envoler vers les hauteurs. « Aftermath » est un titre jouant les contrastes, tantôt aérien, tantôt profondément enraciné dans un sol bétonné, s’armant d’une guitare terriblement mélodique et d’une rythmique allégée qui nous baladent entre ciel et terre. Ce morceau est une proposition complexe qui s’affranchit du schéma classique pour aller chercher des sonorités post-hardcore qui le densifient et lui donnent une profondeur émotionnelle intéressante. Le chant, lui aussi, se décline dans une palette plus percutante et personnelle, conférant à « Aftermath » une posture dominante au sein de This Consequence.
Premier regret de cet album : que ce riff qui se dissimule dans les tréfonds de « Forever Aligned » ne soit pas mis plus en avant. Ce titre est un banger rythmique, le refrain est une, fois encore, mijoté selon la recette Killswitch Engage, simple, efficace, la nuque ne résiste pas. Et pourtant, on sent qu’il recèle un petit trésor de frissons en sa guitare, trop peu mise en avant à notre goût.
Ah, la voilà ! Cette superbe guitare qui s’offre à nos oreilles sans détours, du moins, pour quelques précieuses secondes ! « I Believe » nous empoigne d’une main douce mais ferme, celle de Jesse Leach qui nous conte ses états d’âme d’une voix qui constitue un savant équilibre entre chant clair et saturé. Le bonhomme jouit d’une taciture rocailleuse qui lui permet de se promener sur un large panel de propositions vocales, et ce titre en est définitivement une bonne démonstration. Le trajet entre fry et clean se fait sans le moindre obstacle et avec une fluidité remarquable.
CIRCLE PIT !
Qu’il fait plaisir ce petit tintement de cymbale ! « Where It Dies » ne vise pas à attendrir nos oreilles mais bien à accompagner nos pogos les plus sauvages. C’est puissant, ambiance gros bras, tant dans la batterie que le chant ou encore la guitare qui s’envole sur un solo empreint d’une certaine férocité. Vous l’aurez compris, ce titre est l’expression de la force de frappe dont on sait Killswitch Engage capable. Mais un rappel ne fait jamais de mal. Un inévitable breakdown, et toutes les cases du titre de la bagarre sont cochées.
« Collusion » s'illustre par des passages rythmiques terriblement cinglants, qui viennent, tout en contraste, fracasser l’atmosphère planante des refrains. Ce titre est si paradoxal qu’on en frôlait presque une approche progressive bien sentie au milieu de cet album profondément enraciné dans un metal globalement plutôt classique. La cohérence de ce morceau est marquante en ce qu’il jongle avec des atmosphères totalement différentes sans que cela ne perturbe l’écoute. Un bel exercice de funambulisme mené avec brio.
L’idée de « The Fall of Us » est bonne. Un titre qui joue sur le blast prépondérant d’une base rythmique empruntée au death, sombre et plongeant vers les abîmes, mais si on osait, on dirait peut-être que trop c’est trop, et qu’on aurait aimé un peu plus de légèreté sur le refrain. Cela dit, la deuxième partie du morceau empoigne avec conviction des tendances death plus mélodiques, et on ne peut qu’adhérer au mélange des cultures. C’est certes déroutant, mais pour le moins surprenant dans le bon sens du terme.
Amis du groove, bonjour. « Broken Glass » est l’ovni de cet album. On dirait que Killswitch Engage s’est fait un shaker de toutes ses influences : du groovy, du death, du prog et un soupçon de metalcore tout de même. Et nous, pauvres spectateurs, nous voyons injecter ce mélange détonnant directement en intraveineuse, et le rythme se met à pulser dans les veines jusqu’à inonder le cerveau. C’est certainement le titre le moins abordable de cet album, et pourtant, Dieu qu’il est bon ! Un chant terriblement résigné à la personnalité marquée, une batterie absolument infernale, et cette noirceur poisseuse… Vraiment, un bonheur !
Pas de ballade pour se quitter, mais bien un nouveau titre énervé, à savoir « Requiem ». On aurait peut-être aimé une proposition plus percutante pour le finish, comme une signature pour marquer la fin de cette proposition. Néanmoins, ce morceau fait son travail.
Killswitch Engage s’est refusé à prendre le virage du metal moderne. This Consequence est profondément enraciné dans un héritage classique qu’il twiste à coup d’influences diverses au gré des titres. En ressort un cocktail explosif qui fonctionne à merveille. On regrette tout de même que les guitares ne soient pas davantage mises en avant car on a l’intime conviction qu’elles pourraient permettre à Killswitch Engage d’atteindre un palier encore supérieur dans le metalcore game.
Setlist :
- Abandon Us - 03:38
- Discordant Nation - 02:40
- Aftermath- 03:38
- Forever Aligned - 04:05
- I Believe - 03:54
- Where It Dies - 03:27
- Collusion - 03:22
- The Fall of Us - 04:18
- Broken Glass - 02:30 ♥
- Requiem- 03:29
Lineup :
- Jesse Leach (chant)
- Adam Dutkiewicz (guitare)
- Joel Stroetzel (guitare)
- Mike D'Antonio (basse)
- Justin Foley (batterie)