6/2/2025

PARASOMNIA - Dream Theater

Dream Theater a beaucoup fait parler ces deux dernières années avec le retour, en son sein, de l’enfant prodige : Mike Portnoy (n’en déplaise à Mike Mangini). Partant de là, inutile de préciser combien Parasomnia est attendu par les fans de la première heure qui ont dû verser plus d’une larme à l’annonce de son départ en 2010. Ne nous perdons donc pas plus longtemps en bavardage, et plongeons avec une certaine excitation dans ce que les nuits noires de Dream Theater ont à nous offrir.

Dream Theater sait soigner ses entrées. Nous voilà plongés en pleine rue, dans une ville que l’on devine animée et noire de monde. Puis une porte claque, un parquet grince. «In The Arms of Morpheus » se profile comme un voyage dans les méandres de l’esprit d’un protagoniste muet qui nous emmène dans ses tribulations. Une douce mélodie nous emporte, et puis c’est la dégringolade. Le rythme s’emballe, erratique, se mêlant à des sonorités de réveil nous rappelant au stress ambiant de la vie. Sommes-nous éveillés ? Sommes-nous endormis ? Si l’on en croit le titre, notre protagoniste s’est assoupi sur sa douce mélodie, bientôt transformée en un cauchemar dans lequel Morphée l’emporte sans ménagement. Mélodie tourmentée, fébrile, on balance entre des phrasés aériens portés par Petrucci et des retours à des sonorités terrestres et solides. Ce titre à lui seul est un voyage. Il pose le décor des nuits tortueuses qui nous attendent alors que nous restons tapis dans le cerveau de notre ami silencieux. Et ce n’est pas« Night Terror » qui va nous contredire. Le ton est pesant, lourd, comme une ombre qui s’immisce dans l’âme et qui s’y tapie, menaçante et vile, attendant le bon moment pour frapper. Le riff est impétueux et sonne comme une ritournelle, s’armant de rythmiques variées pour mieux nous perturber.

Night Terror !

Hysteria !

« A Broken Man » est un prolongement implicite du titre précédent, en tout cas, c’est le sentiment qu’il nous laisse au regard de certaines similitudes entre ces deux titres. On tire également un peu sur la longueur sans réel temps fort, parfois même avec une petite grimace sur le chant qui semble en décalage avec le ton du morceau. Heureusement, « Dead Asleep » prend le contrepied et nous envoie dans le décor. La rythmique est lourde, métallique, de ces guitares qui terrassent et qu’on a plaisir à retrouver entredeux couplets. Et la fin de ce titre semble signer la fin d’un chapitre de cet album. Une porte se ferme. Et la guitare s’amorce dans une ambiance fondamentalement différente. « Midnight Messiah » s’ouvre comme un monologue soutenu de chœurs qui nous plongent dans une atmosphère presque sacrée. Avec ses accents thrash, ce titre est punchy et entraînant et ouvre résolument une deuxième partie de cet album. LaBrie est plus incisif, moins aérien.  

« Are we Dreaming » est un interlude qui devrait ravir tous les fans d’ASMR de la pièce. On n’en dit pas plus.

« Bend the Clock » est une très belle balade. On apprécie la montée en puissance et la guitare douce et affirmée aux accents hard FM qui emplie parfaitement son rôle de fil conducteur jusqu’à un solo d’une rare justesse. La voix de LaBrie est résolument appropriée à ce genre d’exercice et nous entraîne avec une certaine mélancolie vers des horizons plus doux. C’est notre coup de cœur de Parasomnia.

Nous revoilà en compagnie de notre protagoniste muet et de sa boîte à musique terriblement mélancolique. Laissez-vous surprendre par ce riff groovy aux inspirations doomesque qui s’illustre par son contraste avec la délicate mélodie qui ouvre ce titre. Enfin, la batterie s’affirme dans un pseudo boléro de Ravel distordu et aussi militaire qu’inquiétant et en décalage total avec ce qui suit. On pourra retenir une chose : Parasomnia n’est jamais là où l’attend. « The Shadow Man Incident » se dessine, imprévisible, comme un entrelacs de partitions, presque dissonantes parfois, que l’on chercherait à imbriquer les unes avec les autres.  Ce titre nous donne la sensation d’être dans un train, ralentissant à l’occasion de certains virages, accélérant sur des tronçons pourtant chahutants, bravant tunnels et frontières avec une aisance néanmoins avérée.

En conclusion, se lancer dans un album sur la noirceur que peuvent présenter les rêves quand on s’appelle Dream Theater, c’est le genre de clins d’œil auxquels on est particulièrement sensibles. Néanmoins, on a quand même un drôle de sentiment d’incohérence globale et de redite sur cet album. On a l’impression que les musiciens excellent tous à leur niveau mais que le liant manque. D’ailleurs, c’est un album qui fait la part belle à la guitare plus qu’à cette batterie tant attendue. La trame de fond de cet album, les terreurs nocturnes donc, fait le job de ciment entre et dans les titres, et en ce sens, c’est plutôt réussi. Somme toute, cet album n’est pas un monument, mais ce n’est pas un loupé non plus. C’est Dream Theater qui fait du Dream Theater. Et au regard de certains albums complètement ratés de la part de groupes qui ont voulu s’aventurer vers de nouveaux horizons, le référence du prog version Mike Portnoy 2.0 a réussi son coup.  

Annaëlle MOSS

Parasomnia sortira le 07 février 2025 chez Inside Out music / Sony Music.

Retrouvez Dream Theater sur de prochaines dates françaises :

Samedi 07 juin - Nancy / Heavy Week-end

Samedi 21 juin - Clisson / Hellfest

Vendredi 18 juillet - Saint-Julien-en-Genevois / Guitare en Scène

Mardi 29 juillet - Orange / Théatre Antique

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