Si on m'avait dit en 1980 que Saxon sortirait un nouvel album 44 ans après que je les ai découverts sur scène pour la tournée « Strong Arm Of The Law », je ne l'aurais sans doute pas cru et pourtant... Les Britanniques sortent leur 24ème album studio « Hell, Fire And Damnation », j'omets volontairement les 2 récents opus « Inspirations » qui n'étaient composés que de reprises, histoire de tuer le temps pendant les années Covid, et n'apportent pas grand-chose... La nouveauté de cet album c'est que Paul Quinn est parti entre temps pour être bizarrement remplacé par Brian Tatler de Diamond Head. Je dis « bizarre » car la raison annoncée du départ de Paul était que celui-ci ne voulait plus tourner or il se barre au Japon quelques semaines plus tard avec Graham Oliver, l'ancien membre fondateur de Saxon, pour une mini-tournée nippone en attendant d'autres dates ensemble ! Et puis même si Diamond Head « vend » moins que Saxon, quel est l'intérêt pour Brian de rejoindre le groupe de Biff ? Il arrivera un moment où à force de tout mélanger, les fans ne vont plus rien comprendre, comme pour Joel Hoekstra avec Accept...
Mais hormis ces considérations de line-up, est-ce qu'il est bon ce nouveau Saxon ? La réponse est un grand oui ! Mais pouvait-il en être autrement avec ce groupe que je range au panthéon du heavy metal anglais et dans mon Top 3 aux côtés de Judas et Motörhead ? D'ailleurs depuis le début de leur carrière il y a près d'un demi-siècle, les Anglais ont-ils produit ne serait-ce qu'un album « moyen » ? Pas à ma connaissance ! Les compos sont extrêmement efficaces, la prod' est impeccable, les musiciens sont au top de leur forme... carton plein ! Malgré ses ennuis de santé, Biff chante quasiment comme au premier jour. Le morceau-titre « Hell, Fire And Damnation » va vite devenir un incontournable de la setlist des Britanniques. « Madame Guillotine » sonne comme un classique et pourrait aisément figurer sur un des albums de la trilogie des débuts. « Fire And Steel » rappelle les grandes heures de la N.W.O.B.H.M. et joue d'une certaine manière le rôle de chaînon manquant entre Saxon et Diamond Head. Avec un son d'une incroyable modernité, « There's Something In Roswell » sera lui aussi un futur hit sur scène avec ses guitares acérées et la batterie très en avant d'un Nigel en furie. Même s’il démarre sur les chapeaux de roue, « Kubla Khan And The Merchant Of Venice » est selon moi le morceau le plus dispensable de cet album. On revient aux choses sérieuses avec « Pirates Of The Airwaves », encore un néo-classique qui aurait pu figurer sur l'album « Wheels Of Steel ». Idem pour « 1066 » avec les guitares de Brian et Doug qui rivalisent de puissance et d'ingéniosité. Ambiance plus lourde et menaçante avec « Witches Of Salem », Biff y donne le meilleur de lui-même et on se laisse emporter par ces sorcières maléfiques. On termine en beauté avec l'épique « Super Charger » qui démontre -s'il le fallait encore- que Saxon maintient son rang dans la cour des grands du heavy metal !
Vivement la tournée avec Judas et le passage au Zénith pour juger sur pièces cette version revisitée du quintet avec l'apport du légendaire Mr Tatler...
Olivier Carle