The Cure, la lumière du génie au crépuscule
D’ordinaire froid et sombre, ce mois de novembre illumine sans aucun doute notre année, avec la sortie du 14ème album studio du mythique groupe britannique The Cure, Songs of a Lost World.
Parler de retour en force est presque un euphémisme, tant ce chef d'œuvre peut prétendre être ce que le groupe a fait de mieux de toute sa carrière ; Une épopée musicale dont on ne peut sortir indemne.
Il suffit de fermer les yeux, et rien ne semble avoir changé. Dès les premières secondes du premier morceau, Alone, le temps semble s’être effacé. La mélodie est profonde, les vibrations plongent les corps dans une méditation dont le groupe a le secret.
Enfin, la voix magnifique de Robert Smith, en laquelle se retrouve chaque rêveur et romantique, nous submerge.
Si l’on tend l’oreille, pourtant, la fin d’un rêve semble s’annoncer : « This is the end of every song that we sing » (C’est la fin de chaque chanson que nous chantons, ndlr). Au crépuscule de la vie, l’heure du bilan semble avoir sonné.
Cet album, c’est celui de l’introspection. Entièrement écrit et composé par Smith, c’est une sublime et lancinante complainte intimiste. Le chanteur a grandi, vieilli, et il partage avec nous ces questionnements et chagrins. Deuil, solitude, tristesse du temps qui passe et sentiment d’inadéquation dans un monde qui change…
La construction de l’album, des chansons, est contemplative : les longues intros musicales nous incitent à prendre le temps, comme une invitation à (re)prendre conscience de la vie, et du monde qui nous entoure.
Il est en effet difficile de retenir son émotion en écoutant « I Can Never Say Goodbye », hommage au frère de Robert, qu’il a perdu quelques années auparavant. On s’identifie à ce sentiment de perte de sens dans « All I Ever Am », à ce besoin d’une ancre dans la tempête dans « And Nothing is Forever » (sublime chanson d’amour), on comprend peut-être même la sombre désinvolture qui émane de « Drone:Nodrone », quand tout devient trop dur à supporter.
Oui, The Cure nous offre un puissant témoignage musical sur la vie et ses méandres, une porte ouverte sur les regrets et les possibilités. Après tout, qui aurait été plus qualifié pour cela que le plus grand groupe gothique de toute l’histoire ?
Chronique rédigée par Joy Le Liboux et Anna Grésillon