Genre : Bonne question
Pays : France
Label : Verycords
Sortie : 27 septembre 2024
Note finale : 6/5
Si vous écumez le monde metallique depuis quelques temps, particulièrement au détour de petits évènements tels que le Hellfest, il est impossible vous soyez passés à travers le phénomène Ultra Vomit. Paroliers d'exception, musiciens géniaux, créateurs indétronables... L'orchestre le plus symphonique de toute la région nantaise est de retour avec un recueil de ses nouvelles compositions, le bien nommé Et Le Pouvoir De La Puissance.
« King Of Poop » est survoltée, glam et décalée, une introduction en bonne et due forme à ce que l’orchestre de metal nous a préparé.
Bon… A quoi s’attendre avec un titre pareil ? « Dead Robot Zombie Cop from Outer Space II » ressemble davantage au titre de la nouvelle licence d’EA Games qu’à un titre de notre orchestre de metal préféré. Musicalement, c’est bon, disons-le ! On verse clairement dans l’industriel croisé avec un Shakaponk sous substances, et ces paroles sont à mourir. On est pris dans un étau entre le headbang et la franche rigolade, et c’est bien pour ça qu’on aime autant Ultra Vomit.
Attention, on annonce, « Le Coq » est une vraie prouesse. Vous en connaissez beaucoup des groupes capables de faire groover un coq ? Des chèvres, oui, c’est somme toute assez classique, mais un coq… Il fallait le tenter, Ultra Vomit l’a fait. Et Dieu, c’est LOURD. Alors gare aux coups de bec, c’est pas parce qu’un coq ne sait pas voler qu’il ne pourra pas t’envoyer valser.
Ah « Doigts de Metal ». Un génial mix entre du Orelsan et une instru rock prog des années 2000 trouée de grindcore, et qu’est-ce que ça fonctionne bien. Arrêtons-nous une seconde sur ce titre qui n’est pas qu’une grosse blague, mais bien un exercice ardu de mélange des genres. L’exercice périlleux de copier Orelsan est réussi avec brio, et c’est déjà en soit une réussite, mais l’incorporation de ce rap sur une instru qui cadre excellement bien avec le propos, c’est brillant. Et les paroles, quoique naïves, restent un bel hommage à notre passion pour ce beau monde qu’est celui du metal.
J'kiffe le thrash, j'quitte le rap
J'ai pris mon pass, ma vieille Queshua, ma veste a patch
J'suis dans la fosse, j'suis dans les crashs
Les slams, les pogos, l'apéro, les walls of death !
C’est l’heure du black avec « Toxoplasma Gondii (Felinus Sanctus) ». Quelle violence et quel talent de maitriser à ce point des styles antinomiques. Et puis, quelle merveilleuse idée que d’associer le black à ces créatures sataniques que sont les chats. Et de nommer le tout par la douce appellation d’un parasite qui rendrait n’importe qui complètement accroc à l’odeur de l’urine de ces petits félins, là ça frôle carrément le génie du second (voire quinzième) degré.
Allez, viens prendre l’apéro avec Renaud & Manu Chao. « Ricard Peinard » sera le prochain banger des apéros sur les festivals cet été, on en est certains.
Allez, c’est parti, on vous laisse maintenant croiser la bande son de Mortal Kombat avec un bon gros hardcore à la Rise Of The Northstar et un accent à la Didier Deschamps et c’est Mortal Konkass qui déferle sur le dancefloor. On salue les références à la culture populaire qui ne manqueront pas d’interpeller plus d’un gamer. Bon, alors oui, c’est très pipi caca, mais une fois de temps en temps ça passe.
« The Gruge » est un hymne à ceux qui ont réussi leur année sans aller une seule fois en cours. Ouai, on vous voit ceux du fond. Eh bah sachez qu’Ultra Vomit pense à vous.
Direction les contrées exotiques de la Nouvelle-Zélande, Alien Weaponry (feat System Of A Down, si si) n’a qu’à bien se tenir car nos frenchies ont visiblement bu trop de kawa et sont prêts à en découdre sur « Tikawahukwa ». Oui, il fallait y penser. Des génies, on n’arrête pas de vous le dire !
Amis des raccourcis, qui dit feat avec Crisix, dit forcément Espana ! Et dit-donc, ce serait pas Axolot qu’on entend au début du titre ? Ah, quand le Youtube game croise Ultra Vomit, qu’est-ce que ça pourrait donner de si terrible ? Evidemment, l’influence thrash de Crisix se fait sentir dans un titre survolté en honneur à la gastronomie espagnole avec « Patatas Bravas ».
Are you huuuuungry motherfuckers?
Continuons à enfoncer des portes ouvertes, on tombe dans la Mousseption. Un morceau qui parle de mousse, s’appelle « Mouss 2 Mass » avec Mouss, de Mass Hysteria ? On signe, oui. C’est catchy en plus, alors pourquoi s’en priver ?
Je veux voir tout le monde mousser dans le mousse pit !
Allez, laissez Fetus vous expliquer comment créer un tube sur fond d’influences entre Nirvana et Smashing Pumpkins. C’est « Auto-Thunes » et c’est offert par la maison.
Un hommage à la scène hardcore gamer ? Y’a des fans de Smash Hit Combo dans la salle ? Celle-là est pour vous. Ça s’appelle « Ültrüs Crew », c’est lourd et drôle, le genre de combo qui fonctionne toujours terriblement bien.
Bon, la team pipi caca, celle-là elle est pour vous. « GPT (à l’instant) », est-ce nécessaire de rentrer plus dans le sujet ? Vous n’aurez pas le loisir de répondre, la porte est ouverte à bien trop de débordements.
Ultra Vomit tente d’expier ses péchés à travers un laïus sur … le caca ? Oui, mais c’est pour dire de ne pas en parler. Ce qui est, quelque part, une manière d’en parler ? Ah… bon, sinon, musicalement, on y entend des petits côtés Fatals Picards qui nous font bien marrer.
Ah, le voilà LE morceau épique qu’on attendait impatiemment. Parce que c’est ça qu’on veut entendre, c’est à ça qu’on pense quand on entend Ultra Vomit, des costumes, des pouvoirs, de la magie, des dragons ! Et c’est avec « La Puissance Du Pouvoir » et une douteuse imitation de Johnny, qu’on touche enfin du doigt (de metal), le véritable ADN d’Ultra Vomit. Des héros incompris. Des sauveurs anonymes. Des ombres dans la nuit. Et nombre de références semblent se cacher au détour des notes, on vous laisse nous dire lesquelles vous arrivez à débusquer.
C’est déjà l’heure de quitter nos fanfarons préférés. On a du mal à l’admettre, mais ce titre sonne quand même franchement bien, malgré son nom peu flatteur, à savoir « A.N.U.S ».Tout un programme.
Ultra Vomit est exceptionnel et on peut se vanter d’avoir un tel orchestre dans notre paysage metallique. Parce que c’est pas juste drôle, c’est bourré de talent, truffé de références. Que ce soit dans l’imitation, l’appropriation, les gars d’Ultra Vomit sont des foutus caméléons qui prennent le meilleur des genres qui composent la grande famille du metal, les mettent dans un mixer et en créent des titres qui retourneront la fosse des festivals et, pour certains, deviendront de véritables hymnes. On pourrait monter un blindtest sur cet album. Merci Ultra Vomit de permettre aux metalleux de s’autoriser des pas hésitants sur des territoires douteux. Merci de nous sortir de nos groupes parfois trop sérieux. Merci de nous unir dans la puissance, surtout pour le pire.
Annaëlle Moss
Setlist :
- Kings of Poop - 01:36
- Dead Robot Zombie Cop from Outer Space II - 03:39
- Le Coq - 1:56
- Doigts de Metal - 03:06
- Toxoplasma Gondii (Felinus Sanctus) - 02:23
- Ricard Peinard - 02:38
- Mortal Konkass - 01:45
- The Gruge - 01:57
- Tikawahukwa - 02:37
- Patatas Bravas (feat. Crisix) : 02:26
- Mouss 2 Mass (feat. Mouss de Mass) - 03:02
- Auto-Thunes - 02:12
- Ültrüs Crew - 02:47
- GTP (à l'instant) - 02:12
- La Puissance du Pouvoir - 04:40
- A.N.U.S. - 01:51
Lineup :
- Nicolas « Le roi Fetus » Patra (guitare, chant)
- Emmanuel « L'elfe Manard » Colombier (batterie)
- Fabien « Jojo Framboise ou Le nain Flockos » Le Floch (guitare)
- Matthieu « Le fardadet » Bausson (basse)