Album : Skeletà
Label : Loma Vista Recordings
Date de sortie : 25 avril 2025
S'inscrivant dans une actualité lui faisant étrangement écho, Ghost et son imparable chef d'orchestre, Tobias Forge, ont annoncé une nouvelle ère, celle de Papa V Perpetua, à travers une campagne marketing impressionnante, et diablement efficace. Et même si, depuis, d'autres semblent avoir pris l'appel d'air de ces campagnes cryptiques transformant les groupes d'un genre qui évoluait jusqu'alors dans l'ombre en véritable étoiles montantes, même dans des milieux plus mainstream (Sleep Token pour ne pas les citer), Ghost reste ce qu'il est : la rockstar du metal, tout en lumière, scéno et charisme.
Après l'excellent Impera, paru en 2022, Skeletà est attendu au tournant, et c'est peut-être bien ce qui va le desservir, mais nous en reparlerons.
Des voix délicates et innocentes sur fond d'orgue, l'ambiance est ecclésiastique à souhait. Un riff lumineux, la voix de Tobias Forge qui s'invite dans la danse... « Peacefield » est une bonne entrée en matière en ce qu'elle nous projette illico dans l'univers de Ghost, mais on regrette les frissons qui nous avaient étreints aux premières notes d'Impera. Le ton est hard FM, rien de surprenant jusque là, on s'en était déjà vu offrir par le passé. Côté paroles, ce titre est un hymne au rassemblement sous une même bannière, celle de Papa V Perpetua, et en cela, elle est parfaitement choisie pour ouvrir l'album.
« Lachryma » ne laissera pas les connaisseurs indifférents. Elle rappelle étrangement une certaine « Cirice » dans sa guitare sombre et sa batterie. On notera tout de même que Forge s'essaye à la voix de tête, et force est de constater que ce petit twist insuffle une certaine personnalité à ce morceau. Au-delà de cela, la formule est assez classique, mais ce titre fonctionne terriblement bien. Ce morceau est éminemment personnel et s'illustre par des paroles poignantes.
« Now that sweet's gone sour
Seeping down the cracks
Mm, getting worse by the hour
The vile rot attacks, oh »
Voilà un virage intéressant. « Satanized », premier single issu de Skeletà, surfe sur une base rythmique dansante, décalée, et c'est avec ce type de propositions que la personnalité de Ghost jaillit à grande eau. Thématique messe noire, couplet en latin, évidemment, mais on y décèle également un double sens qui nous intrigue.
« Blasphemy, heresy
Save me from the monster that is eating me »
C'est l'heure de la balade. « Guiding Lights » est un reflet de l'exercice dans lequel Forge et sa bande excellent. Totalement ancrée dans la vibe Hard FM que nous évoquions plus haut, le ton est cependant, encore une fois, terriblement personnel. On a le sentiment que Forge nous parle, de sa voix dénuée d'artifices, comme un ami qui se confierait à un autre. Entre mélancolie et désespoir, ce titre est immensément prenant et intense.
« That the road that leads to nowhere is long
And that those that seek to go there are lost
The guiding lights (lights), they lead you on
And the road that leads to nowhere is long »
« De Profundis Borealis » offrait un superbe démarrage au piano qu'on aurait aimé voir se prolonger, mais le morceau s'emballe pour virer vers une proposition qui perd totalement l'âme de son intro, à notre grand désarroi, même si on apprécie le jeu d'écho entre le piano et la guitare qui se joue sur les dernières secondes. On s'en tire un peu frustrés, avec le sentiment d'inachevé sur ce titre.
Pour ne rien arranger, nous voilà maintenant bien perturbés. « Cenotaph » nous semble en totale dissonance. Les guitares sont trop ténébreuses pour coller avec le ton guilleret de Forge. Hormis cet aspect perturbant, on navigue, là encore, en plein Hard FM (ambiance synthé prog) auquel Forge semble s'être franchement attaché.
Heureusement, « Missilia Amori » et son ambiance plus pesante nous rappelle avec bonheur les grands moments de Ghost ! Une atmosphère bien lourde et des paroles faciles à chantonner avec Papa V Perpetua, voilà la recette magique de Ghost.
« Marks of the Evil One » fait la part belle à la guitare solo. Entre un riff léché et un solo endiablé, les cordes sont à l'honneur sur ce titre.
Le synthé est de retour avec « Umbra ». On sent comme des relents de Van Halen dans l'air.
On se quitte avec une mélancolie qui colle à la peau, instillée par la douce balade « Excelsis ».
« This Is The End Of The Avenue
I Am Afraid Of Eternity Too »
Bon, alors, qu'en est-il de ce nouvel opus ? Skeletà est un album éminemment plus introspectif que démonstratif. Forge y dévoile une facette plus personnelle, et si on comprend l'intention derrière cette production, on souffre tout de même de l'absence de cet effet « waouh » auquel on avait été habitué. Somme toute, ce n'est pas un mauvais album, loin de là, mais il faut le prendre pour ce qu'il est : une invitation à découvrir Ghost, et particulièrement son instigateur, sous un nouveau jour.
Annaëlle Moss
Prochaines dates françaises :
Samedi 26 avril 2025 - Lyon / LDLC Arena
Dimanche 27 avril 2025 - Toulouse / Zénith
Mardi 13 mai 2025 - Paris / Accor Arena
Track List :
- Peacefield
- Lachryma
- Satanized
- Guiding Lights
- De Profundis Borealis
- Cenotaph
- Missilia Amori
- Marks of the Evil One
- Umbra
- Excelsis