Genre : Metalcore
Pays : USA
Label : Fearless Records
Sortie : 21 juin 2024
Note finale : 3/5
Près de 3 ans après la sortie de l’excellent Manic, les Américains de Wage War nous honorent d’une nouvelle production, Stigma.
Maestro d’un metalcore soigné et souligné de refrains catchy, certains pourraient leur reprocher un côté standardisé que l’on préfère décrire comme familier et rassurant. C’est donc avec une impatience non dissimulée que nous attendions Stigma de pied ferme.
L’entrée est éléctro. La bien nommée « The Show’s about to start » est une entrée en matière qui déstabilise sur les premiers temps, mais sait se faire pardonner à coup de rythmiques cinglantes renforcées par cette trame électro qui fonctionne à merveille. Ce titre donne le ton d’un album qui semble vouloir s’ancrer dans une trame moderne du metalcore.
« Self Sacrifice » semble nous donner raison. On jongle avec des sonorités électros, même presque trop. Cela n’enlève en rien la capacité de Wage War à instiller des mandales rythmiques qui semblent aller chercher tout droit la commande headbang du cerveau. A mesure que le titre se déroule, on sent que l’on touche du doigt des affluents du deathcore qui, bien malgré eux, perturbent l’équilibre qui avait su se construire entre metalcore et électro.
Avis aux fans du Wage War de Manic, « Magnetic » devrait vous rappeler quelques souvenirs. Le chant est aussi aérien que puissant et la signature de Wage War est présente dans chaque sonorité de ce morceau qui joue l’alternance de phases puissantes et d’envolées vaporeuses. Le recours à quelques effets audios semble confirmer le versement de cet album dans une veine plus moderniste du metalcore, à l’instar de ces ovnis qui révolutionnent le genre tels que Bad Omens.
« Nail5 » est un écho à peine dissimulé à l’excellent « Manic » de l’album éponyme. Atmosphère sombre et oppressante, c’est le morceau de la bagarre de cet album. Oubliez la recherche de mélodie sur ce titre, l’objectif ici n’est autre que d’expulser de la rage pure en 2 min 30.
Briton Bond et sa bande semblent s’apaiser et nous proposent un morceau définitivement plus… pop ? Le refrain de « Blur » est à s’y méprendre empreint de sonorités pop mainstream qui ne manqueront pas de vous évoquer des titres grand public des années 2000. C’est surprenant au point qu’on se penserait projetés dans une production des compil’ Punk Goes Pop. Joker, donc, concernant ce titre.
Comme pour se faire pardonner auprès des coreux de la première heure, « Tombstone » déferle et assène l’oreille d’une rythmique infernale. C’est à plus rien n’y comprendre. Wage War nous ballote à travers toutes les couleurs du metalcore.
Retour sur le dancefloor avec "Happy Hunting". On est rapidement happés par ce morceau hybride qui ne ressemble à aucun autre. On y décèlerait presque des influences synthwaves qui détonnent sans pour autant paraitre incongrues à l’oreille.
« Hellbent » nous permet de renouer avec le Wage War de Manic, et de cette patte qui nous a fait sombrer pour le metalcore lumineux de la formation. C’est un titre plus personnel, comme un appel à l’aide d’un cœur désespéré, saupoudré de cette aura légère et terriblement mélodique dont Wage War a le secret.
« In My Blood » retourne flirter avec le metal indus. Voix disto, rythmique cinglante, presque militaire. Ce titre est étrange, tant dans ses paroles que dans son ambiance générale. Il semblerait que ce titre soit à la fois un hommage à ses racines et un propos accusateur face à ce qu’elles ont créé. C’est étrange mais intéressant. On apprécie toujours de se livrer à l’exercice de lire entre les lignes de ce que l’artiste exprime. Avec ce titre, libre à chacun de créer l'histoire.
Une fois n’est pas coutume, nous allons à nouveau nous prêter à l’exercice de la comparaison. On avait été marqués par la clôture de Manic avec la superbe « If Tomorrow Never Comes ». Stigma nous honore à nouveau d’un dernier titre chargé d’émotion, « Is This How It Ends ». Voix claire, émoi palpable, complexité dans la construction du titre… On est conquis !
Wage War nous a fait traverser tout un univers à travers cet album, des plaines riches et paisibles aux montagnes arides en passant par les ravins les plus sombres. Cette production est une démonstration des capacités de caméléon qu’a cette formation à se propulser dans des univers antonymes. On notera tout de même une trame de fonds, qui est l’incorporation de sonorités électroniques et qui, malheureusement, nous semblent avoir quelque peu masqué l’habileté de Wage War à produire des titres qui s'amorcent comme des instants hits dont regorgeait Manic. Alors, certes, il n’est pas forcément très juste de juger un album en se basant sur la comparaison permanente et Stigma aurait certainement trouvé une oreille plus clémente auprès de néophytes. Toujours est-il que cet album nous laisse sur notre faim. Ce n'est pas un mauvais album, mais ce n'est pas une révélation. Cela étant dit, Stigma n’entache en rien notre confiance en Wage War qui saura certainement nous offrir à nouveau des productions qui tourneront en boucle dans nos sonos.
Annaëlle Moss
Setlist :
- THE SHOW'S ABOUT TO START - 3:17
- SELF SACRIFICE - 2:57
- MAGNETIC - 3:13
- NAIL5 - 2:34
- BLUR - 3:02
- TOMBSTONE - 2:58
- HAPPY HUNTING - 2:59
- HELLBENT - 3:05
- IN MY BLOOD - 2:58
- IS THIS HOW IT ENDS - 3:59
LINEUP :
- Briton Bond (chant)
- Seth Blake (guitare)
- Cody Quistad (guitare, chant)
- Chris Gaylord (basse)
- Stephen Kluesner (batterie)