30/8/2024

Wintersun - Time II

Genre : Death mélodique / Black atmosphérique / Power metal

Pays : Finlande

Label : Nuclear Blast

Sortie : 30 août 2024

Note finale : 4.5/5

ENFIN !

Pour ceux du fond qui se demandent pourquoi tant d’enthousiasme, laissez-nous vous conter l’histoire (sans fin, ou presque) de Time II. Wintersun, c’est le projet de Jari Mäenpää créé en 2003, alors que ce dernier est le chanteur d’Ensiferum. Le multi-instrumentaliste est accompagné de Kai Hahto à la batterie lors de la signature avec Nuclear Blast. L’avenir semble alors radieux, sauf que, par un malheureux concours de circonstance, les dates des tournées d’Ensiferum & de Wintersun se téléscopent, et que finalement, Jari Mäenpää ne soit contraint de faire un choix (plus ou moins volontaire). Il devient donc le leader de Wintersun à plein temps, tout comme son batteur qui quittera également sa propre formation, Rotten Sound.

Après un lot de départs et d’arrivées, un premier album, Wintersun, qui assoit le talent de cette nouvelle formation, vient l’ère de Time I. Début d’enregistrement 2006, sortie…2012. 6 ans de délais /retard à cause de divers problèmes techniques, ça annonçait déjà la couleur. D’autant plus qu’à ce moment-là…Time II est déjà dans les tuyaux. En effet, l’album originellement prévu est divisé en deux, Time I et II, vous l’aurez compris. Sortie prévue, 2014.

On vous épargne les déboires d’une campagne de financement participatif qui accorde des avantages qui se verront finalement plus ou moins révoqués en lien avec la sortie de The Forests Seasons en 2017.

Et comme une ritournelle, on vous épargne le tollé de la campagne de financement pour Time II, dans les tuyaux depuis plus de 10 ans mais dont le mixage ne satisfait pas Jari Mäenpää.

Vous l'aurez compris, Wintersun c'est un peu ce pote vraiment génial et unique sur qui on ne peut absolument pas compter quand on parle organisation.

Finalement, après ce qui semble être une véritable tranche de vie, Time II voit enfin le jour, et estimons-nous chanceux d’être là pour en témoigner, et surtout, pour le chroniquer.

Allez, plongeons dans le passé et découvrons enfin ce qui anime Jari Mäenpää depuis plus de dix ans.

« Fields Of Snow » est japonisante et nous enveloppe de cette atmosphère si particulière dont Wintersun semble avoir le secret. Entre folk et puissance, on se laisse emporter par cette intro qui nous donne l’impression, l’espace de quelques minutes, de nous préparer à vivre des aventures extraordinaires sur les terres du Soleil-Levant. Ce morceau est d’ailleurs en totale cohérence avec une pochette d’album ornée d’un paysage aux inspirations éminemment nippones.

Time II est une véritable épopée, nous le comprenons dès le second morceau de cet album. En laissant nos pensées flotter à l’écoute de « The Way Of The Fire », c’est d’avantage dans un univers chevaleresque et médiéval qu’on se projette.  Jari Mäenpää nous fait montre de toutes ses capacités vocales, du chant clair au saturé, chatoyant des notes qui nous saisissent jusqu’aux tripes, surfant sur une batterie qui blast tel un étalon lancé au grand galop, inlassable et puissant. Ce titre, fortement teinté black metal, est un savant mélange de mélodies et de rythmes, de travail sur l’atmosphère comme sur le cœur rythmique, des justes doses de puissance et d’émotions. A n’en pas douter, ces 10 ans n’auront pas eu raison du génie créatif de Jari Mäenpää.

Place à la mélancolie, profonde, épaisse, de celles qui nous habitent jusqu’aux profondeurs de l’âme. Une guitare terriblement expressive, si bien qu’on l’entendrait presque pleurer, un rythme presque dansant, nous donnant le sentiment d’être balloté au vent telle une feuille d’automne, une voix  muable à façon… « One With The Shadows » se dévoile à nos tympans comme une douce caresse autant qu'elle nous vrille l'estomac avec la saveur doux-amer de la mélancolie dont semble imprégnée chacune de ses notes.

« Omnious Cloud » est un interlude éminemment atmosphérique et reposant, bien contrairement à ce que son nom veut bien laisser entendre. En même temps, avec une guitare aussi mélodique sur fonds de pluie, difficile de créer une atmosphère pénible me direz-vous, et vous n’auriez pas tort. Néanmoins, ce titre n’est rien de moins que le calme avant la tempête, et au sens propre.

« Storm » ne déferle pas comme son nom le laisserait suggérer mais s’amorce en douceur, presque comme ces orages d’été que l’on attend désespérément alors que l’on ploie sous la chaleur, et qui s'annoncent tranquillement, prenant en puissance, en énergie, pour finalement s’abattre impitoyablement. C’est exactement ce que ce morceau retranscrit, en ce sens, on lui attribue volontiers la palme du morceau le mieux baptisé ! « Storm » blast, telle la tempête, évidemment. Pendant près de 7 minutes, c’est un morceau puissant, faisant appel aux chœurs et puisant dans un solide mix instrumental qui joue sans peine sur les terrains du power metal, du black, du symphonique, parfois même du speed. Encore une fois, un savant mélange qui est parfaitement dosé et qui constitue un équilibre d’une profondeur assez spectaculaire. Ce morceau va vous emporter dans les méandres d’un ciel tourmenté. Et puis vient l’accalmie. Vous l'aimez, cette odeur si particulière de la pluie en plein été ? Cette brise qui vient vous rafraichir le visage ? Alors vous adorerez les 5 minutes qui suivent. Le blast s’est muté en une valse, la guitare s’empreint d’une mélodie céleste. La tempête s’est éloignée, les éléments s’apaisent, et c’est un renouveau qui se dessine à l’horizon. Le soleil perce à nouveau, la nature reprend vie. Au loin, les cerisiers sont en fleurs. Nous sommes de retour au Japon. Puis la batterie disparaît. Le tonnerre s’évanouit au loin. On entendrait presque un carillon s’agiter gentiment au gré de la rémanence des vents.

Justement, "quand les vents du Nord se mêlent aux effluves acidulés des fleurs de cerisiers du Japon", ce serait le descriptif que l’on donnerait à « Silver Leaves ». Une véritable transcription musicale de la mélancolie dont les scandinaves semblent détenir le secret et ce soupçon de légèreté conféré par ces mélodies japonisantes. On est très sensibles à la prédominance du folk sur ce titre. « Silver Leaves » décrit la fin d’un voyage, et c’est, encore une fois, exactement le sentiment qui nous habite à l’écoute de ce morceau. Voix claire, envoûtante, empreinte d’émotions intenses et très honnêtes, se mêle à merveille à la puissance de la base rythmique. On apprécie le couplet en finlandais qui renvoie aux origines de la formation et qui renforce une identité déjà bien établie.

A la manière d’un bon livre qui saurait créer un film dans l’esprit du lecteur, Wintersun a créé tout un voyage et un panel d’émotions en 40 minutes. Sans surprise, c’est un album profondément ancré dans les éléments, la nature. Wintersun n’a pas cherché à s’aventurer hors des sentiers battus avec Time II, mais à cibler la justesse. Chaque titre est en accord parfait avec ce qu’il annonce, sans détour, Jari Mäenpää semblant avoir un don pour retranscrire musicalement des véritables périples intérieurs. Et ces mondes nous ont transportés, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Time II est un travail d’une qualité exceptionnelle. Une véritable poésie musicale, un bijou sonore, une épopée mélodique.

10 ans, c’est long. Mais quand le résultat approche à ce point la perfection, cela ne vaut-il pas le coup d’attendre ?

Annaëlle Moss

Setlist :

  • Fields of Snow - 4:05
  • The Way of the Fire - 10:08
  • One with the Shadows - 6:19
  • Omnious Clouds- 2:22
  • Storm - 12:15
  • Silver Leaves- 13:31

Lineup :

  • Jari Mäenpää (chant, guitare, claviers)
  • Kai Hahto (batterie)
  • Jukka Koskinen (basse)
  • Teemu Mäntysaari (guitare)

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