1/2/2024

Abduction, une histoire de passion

Nous avons rencontré François (chant) et Guillaume (guitare) qui nous parlent de leur dernier album, Toutes blessent, la dernière tue, mais aussi de l'histoire du groupe et de ce qui constitue l'ensence même d'Abduction.

Merci beaucoup, je suis très heureuse de vous rencontrer, j’aime beaucoup votre musique.

François :  Ah, c’est vrai ? Tu connaissais déjà avant l’album ?

Oui, j’avais écouté l’album précédent, donc je ne connaissais pas depuis le début mais depuis l’album précédent.

François :  Ah, super, c’est cool !

Donc on va commencer de manière assez classique en faisant un petit survol de l’histoire du groupe. Il existe depuis 2006, avec le même line-up depuis 2011, c’est ça ?

François : Oui, c’est bien ça.

C’est bien, ça fait une bonne stabilité. C’est quelque chose d’important selon vous, la stabilité ?

Guillaume : Ben pour moi, en fait, c’est important au point que j’imagine pas continuer si y en a un qui arrête.

Ah oui ?

Guillaume : C’est-à-dire que, si y en a un qui arrête, je sais que ce sera plus le même groupe. C’est pas possible. Chacun apporte un truc qui est tellement propre à lui, on en est déjà à quatre albums, y a une telle synergie, on est tous amis très proches dans le groupe, c’est pas un business ou quoi que ce soit, c’est vraiment un projet amical au départ. Donc, effectivement, je me dis, non, si y en a une qui quitte le groupe pour une raison ou une autre, ce sera plus le même groupe, clairement.

Chacun a un rôle dans la compo, dans la direction artistique, vous donnez tous votre opinion ?

François : Oui, je pense qu’Abduction c’est vraiment à la base le projet de Guillaume. C’est lui qui porte la vision, c’est lui qui compose l’intégralité de la musique, c’est…

Guillaume : Moi, je suis celui qui refuse de mettre du clavier à chaque fois que lui veut en mettre [Rires]… C’est grâce à moi qu’il y pas de clavier dans Abduction.

François : [Rires] Je dirais en toute bonne foi que j’ai dépassé ce stade, c’est plus une frustration…

C’est bien le clavier !

François : Oui, moi j’aime bien le clavier !

Guillaume : Y en aura peut-être un jour, mais c’est pas le moment…

Avec parcimonie, hein !

François : Avec parcimonie, attention ! Non, c’est vrai qu’il y a quelques moments où j’aurais bien aimé, pour avoir quelques petites nappes atmosphériques, mais en fait la musique d’Abduction repose sur la construction, l’enchevêtrement des lignes de guitares, qui très souvent remplacent ce que ferai un clavier. C’est déjà riche et chargé, un clavier n’apporterait rien de plus pour la création de l’atmosphère. Mais c’est vrai qu’Abduction c’est vraiment la somme de ses individualités, donc même si Guillaume porte la vision et compose toute la musique, chacun d’entre nous a vraiment la chance d’amener sa patte, et je suis d’accord avec lui, ça ne sonnerait pas pareil si l’un d’entre nous changeait, ça c’est sûr et certain.

Et au niveau de votre formation musicale à chacun ?

François : On est tous autodidactes en fait. C’est pour ça que le premier album a mis du temps à se faire et qu’on a mis du temps à se lancer, c’est qu’il fallait trouver nos marques et progresser dans la maîtrise, et de notre instrument, et de notre mode d’expression.

Guillaume : Ouais, c’est vrai qu’on a vraiment tous appris tous seuls chez nous, parfois avec certains handicaps. Notre batteur a un léger handicap à la main, et ça a pu parfois le frustrer ou gêner sa progression. Maintenant, ça va très bien, mais il a fallu qu’il bosse plus dur, je pense, que la moyenne des batteurs.

François : Il a beaucoup de mérite pour ça.

Guillaume : C’est pareil pour moi dans le sens où je suis gaucher, et quand j’ai commencé à me mettre à la guitare j’avais absolument pas les moyens de m’acheter une guitare gaucher, qui est deux à trois fois plus chère qu’une guitare droitier. J’avais déjà pas les moyens d’acheter une guitare droitier, donc certainement pas une gaucher, donc c’est un ami qui m’a passé une de ses guitares droitier. C’est le truc typique du mec qui fait de la guitare classique, qui essaie de passer à la guitare électrique, qui aime pas ça, et qui a une guitare électrique qui pourrit dans un coin parce qu’il n’y touche plus. Il me l’a passée, j’ai essayé d’inverser les cordes de guitare pour jouer comme un vrai gaucher mais je pouvais pas à cause du sillet. Donc, en fait, ce que j’ai fait, c’est que j’ai appris à jouer sur des guitares de droitier en gaucher. Donc avec les cordes graves en bas. Donc moi maintenant, je joue… et je pense que ça participe peut-être aussi de la spécificité de notre son, je sais qu’il y a des gens qui me disent qu’ils le perçoivent dans le son. Mais, du coup, moi, je fais tout à l’envers d’un droitier. Moi, mes cordes graves, elles sont en bas et mes cordes aiguës sont en haut, je joue comme ça. Y a des choses qui, je pense, sont plus faciles pour moi que pour un droitier,  et à l’inverse des choses beaucoup plus dures. Mais voilà, on est tous partis de là et on a fait ça vraiment sur le tas, quoi.

Ça se ressent pas au final !

[Rires]

Bon, si, j’allais dire ça sonne quand même pas terrible. [Rires]

François : Genre, ah oui, c’était donc ça ! [Rires]

Et donc, là c’est le quatrième album, Toutes blessent, la dernière tue. Pourquoi ce titre, quelle est l’histoire de l’album ?

François : Alors il faut savoir que l’un des thèmes fondamentaux dans toute l’œuvre d’Abduction, c’est le passage du temps, l’inéluctabilité, le rapport à la mort, les angoisses que ça peut provoquer. Et en fait Toutes blessent, la dernière tue, c’est des termes qu’on retrouve en français ou en latin sur beaucoup de cadrans solaires anciens, et ça fait référence aux minutes ou aux heures. Toutes nous blessent, le temps qui passe, on a aucune prise dessus, et la dernière finira par nous avoir. Donc, en fait, c’est vraiment toutes l’essence d’Abduction résumée en un titre pour moi, dans le sens où c’est un thème qu’on exploite depuis nos débuts, et là vraiment on lui donne corps comme jamais avant, en nommant notre album ainsi.

L’album a été composé sur quel laps de temps ?

François : En fait, on s’est retrouvés dans une situation assez inédite après la sortie de Jehanne parce que d’ordinaire Guillaume avait toujours une sorte de réservoirs à idées, et en fait on s’est tellement impliqués sur Jehanne, on a tellement mis de nous, que le réservoir a idées s’est trouvé vide. C’est-à-dire qu’avant, pour Jehanne, y avait déjà des idées qui remontaient peut-être même à 2016 ou avant…

Guillaume : Oui, c’est possible.

François : Alors que là, on est repartis de zéro, c’était une page blanche. Et comme Jehanne était très éprouvant à faire, dans le sens où comme c’était un concept-album ça avait demandé vraiment un travail et une implication particulière, il a fallu un peu de temps pour se remettre en selle. Il y a quelques mois où Guillaume n’écrivait plus rien et ensuite…

Guillaume : En fait, c’est pas tant que j’avais plus d’idées dans un réservoir, parce que j’ai toujours des idées et des riffs quelques part, mais en fait, pour chaque album, quand je suis en train de le faire, je sais déjà ce que sera le suivant. Et là je savais pas. J’avais même pas envie de savoir, parce que moi j’étais bien avec Jehanne et je voulais pas quitter Jehanne… Donc c’est vrai que quand Jehanne a été fini, qu’on a eu fini la promo etc., y a eu quelques mois où je me suis dit :  « bon, je vais juste laisser passer du temps parce qu’il fait que je fasse le deuil de cet album que j’ai tellement aimé faire ». Et c’est pour ça qu’on est repartis à zéro, quoi.

François : Et après, les idées sont venues petit à petit. Et c’est vrai que pour Jehanne, Mathieu(), notre bassiste, a vécu chez Guillaume pendant quelques temps et donc le travail sur l’album s’est fait beaucoup à quatre mains, notamment au niveau des textes et du concept. Et ils ont travaillé très dur et vraiment en étroite collaboration. Et moi, le sujet Jehanne m’a porté comme jamais un album auparavant, donc on a vraiment tous été extrêmement impliqués ; et pour le quatrième album, ben, y a eu déjà la période du confinement et tout ça, mais Guillaume s’est retrouvé à écrire beaucoup en solo. Et en fait il en a un petit peu souffert, hein – je pense pas placer les mots dans ta bouche en disant ça – et du coup au moment où il a achevé la musique, il nous a demandé à Mathieu et moi – grâce à la synergie qu’on a développée avec le temps, y a un rapport de confiance, on sait maintenant mieux qu’au début ce que doit incarner Abduction – de prendre en charge les mélodies de chant. Et en fait, ça a donné à cet album une touche un peu particulière, parce que Mathieu est vachement inspiré, de façon étonnante, par la chanson française des années 20 et 30, ces vieilles ritournelles du temps jadis, et du coup y a beaucoup de lignes de chant qui ont été écrites de cette façon. Et moi, j’ai plus apporté plus des suggestions au niveau de certaines lignes de chant aussi, mais aussi de la prosodie, du découpage des mots. Donc Guillaume, ayant beaucoup travaillé sur la musique, nous a laissé un peu plus le champ libre. Évidemment, il fallait qu’il valide les idées, mais un peu plus le champ libre sur l’écriture des lignes, et du coup en fin de compte je dirais que ça a été notre album le plus collaboratif, alors que ça n’en prenait pas du tout le chemin en premier lieu.

Et donc l’album a été enregistré à Bruxelles…

François : Oui, comme les deux précédents.

Y a une fidélité, vous aimez ce qu’on vous propose là-bas ?

François : On adore travailler avec Déhà, le producteur, c’est avant tout lui qu’on va voir, plus encore que la ville.

Ouais, c’est la bière, c’est ça ? [Rires]

François : Oui ! [Rires] Et les mitraillettes, tu sais, ces sandwiches avec le steak et les frites ! Non, ça c’est toujours attirant, et puis les gaufres aussi… mais en fait on a commencé à bosser avec Déhà en 2016, et à l’époque on avait bossé à distance, puisqu’un ami nous avais aidés à faire les prises de guitare, de chant, etc.

Guillaume : Ben que de chant, en fait, moi les guitares je les avais faites tout seul, c’est pour ça que c’était aussi compliqué !

François : Ah oui, c’est vrai, c’était le chant surtout. Et en fait on avait envoyé nos pistes à Déhà, qui avait travaillé à distance, et on s’était dit que pour l’album suivant on irait chez lui en studio quoi qu’il arrive. Et pour À l’heure du crépuscule, le deuxième album, on est allés chez lui en studio. Et ça s’est tellement bien passé, on a développé une telle amitié, une telle complicité musicale et une telle synergie aussi, qu’on lui est restés fidèles par la suite. Et puis Déhà a beaucoup progressé dans l’intervalle, et nous aussi on a progressé, donc en fait on marche un peu main dans la main, nos carrières sont un peu liées malgré tout. Et puis avec le temps, Guillaume et moi on est quand même très exigeants sur ce qu’on attend en termes de son, de prod, de mixage, ce genre de choses, et maintenant on maîtrise un petit peu mieux ce processus, on n’est pas des pros, mais on sait mieux comment traduire par des mots ce dont on a envie en fait. Et du coup on a pu davantage guider Déhà typiquement sur cet album, sur le type de son qu’on voulait. Le travail réalisé sur le son de batterie, par exemple, pour nous c’est d e loin ce qu’on a eu de mieux jusqu’ici, et on trouve que c’est notre album qui sonne le mieux, et du coup c’est vrai que ça nous est difficile d’imaginer bosser avec quelqu’un d’autre que Déhà. Pour moi, au chant, c’est un coach extraordinaire qui m’a beaucoup appris sur ma propre voix, qui m’a beaucoup aidé à me développer. Et sur cet album on s’était laissé des petits moments où on se laissait une chance d’improviser un peu en studio, et quand Guillaume, Déhà et moi on est dans la même pièce, c’est pas pour dire mais les idées viennent très vite et très bien. On se comprend très bien et on adore bosser ensemble.

Guillaume : Oui, puis on sent que chaque album sonne encore mieux que le précédent, et qu’il y a encore une marge de progression. Même si c’est vair que là on a jamais été aussi proches de ce que je recherche depuis le début. Vraiment là, j’ai jamais été aussi satisfait à la sortie d’un album de tout le son. Je veux dire, même si j’adore tous nos albums, sinon on les aurait pas sortis, mais y a toujours un truc qui me fait tiquer :  un son de batterie, un mix de basse pas assez fort, etc. Et là, non, là je suis vraiment vraiment ravi.

C’est important ! Donc y a eu une première vidéo pour Dans la galerie des glaces, c’est ce que j’ai écouté en premier quand Roger a proposé les interviews, et j’ai adoré le morceau !

François : Ah, cool, merci beaucoup !

Et la taille de pierre, j’ai trouvé ça génial. C’est Arthur Bourson, c’est ça ?

Guillaume : Oui, c’est un fan d’Abduction en fait, qui nous a contacté en disant :  « Voilà, je suis fan d’Abduction, j’ai découvert le black metal grâce à vous, avec votre groupe, je suis tombé amoureux, j’ai adoré. J’ai envie de vous faire un cadeau pour vous remercier, donc je vais vous offrir une pierre sculptée de votre groupe.

François : Un bas-relief.

Guillaume : Alors il y a passé entre douze et vingt heures, je sais plus, faudrait que je vérifie, il nous avait dit combien. Et il a fait du super travail, c’est vraiment magnifique et on en est tellement fiers qu’on l’a mis un peu partout :  dans ce clip, dans le livret à l’arrière de notre cd et puis dans l’autre clip, notre vrai clip sur la reprise de Mylène Farmer.

François : C’est très touchant d’avoir un cadeau de fan comme ça.

Ah oui, je ne savais pas que c’était quelqu’un qui s’était manifesté de lui-même ! Et donc y a eu le clip d’Allan, alors pourquoi une reprise de Mylène Farmer, quelle a été la démarche ?

Guillaume : Euh, ben je vais répéter ce que j’ai dit depuis ce matin, si tu me demandes qui est mon artiste ultime de tous les temps, c’est Mylène Farmer. Moi j’ai rien au-dessus de Mylène.

Donc c’est logique !

Guillaume : Oui, son univers correspond complétement à celui que j’ai en moi. J’ai l’impression d’avoir une connexion avec tout ce qu’elle chante, montre, raconte. J’aime tous ses clips, ses morceaux, Giorgino c’est un de mes films préférés. Donc voilà, j’avais envie de rendre hommage autant à elle qu’à Laurent Boutonnat d’ailleurs, et même à Agnès Mouchel, leur monteuse, je trouve que c’est une équipe incroyable. Et artistiquement, je trouve qu’en France y a rien au-dessus d’elle. Elle a poussé les curseurs au maximum partout, quoi. Et quand je me suis dit : « est-ce qu’on pourrait un jour reprendre un morceau… ». On était à une ou deux semaines de rentrer en studio, puis je me suis dit : « Tiens, on a jamais fait de reprise ». J’aime pas les reprises à la base, surtout quand on reprend un morceau du même style que le sien. Je peux comprendre qu’on rende hommage à un groupe qui nous a influencés, mais reprendre des guitares saturées avec des guitares saturées, ça m’intéresse moins que… Je préférais reprendre une comptine ou un truc qui a rien à voir et en faire un truc de black, là c’est intéressant. Et donc là, je me suis dit : « ben forcément ce sera du Mylène ». C’est mon artiste favorite, elle chante en français, y a tout qui allait. Edgar Allan Poe, donc le morceau Allan, ça colle complétement… On aime tous Edgar Allan Poe, on a tous lu Edgar Allan Poe. Ça colle à l’univers metal et aux codes black metal en particulier, et romantiques, qu’on cherche ; donc en fait, tout collait. Donc je me suis dit, Allan c’est mon morceau préféré de tout ce qu’elle a fait, avec Tristana, donc j’ai hésité un peu entre les deux, mais c’est plutôt Allan en premier quand même. J’ai fait des essais, ça a marché, on s’est dit : « ça sonne bien », et en fait en une semaine le truc était mis en place. On était tellement en frénésie sur le morceau. En plus, c’est tellement agréable, quand t’as passé des mois à faire ton propre truc et quand même à te mettre une pression… une pression personnelle, hein, je me dis pas :  « comment les gens vont le recevoir ? » ou quoi, mais je me dis :  « il faut que ce soit bien, il faut que ça me plaise ». Et tu te dis : « Bon, là, je pars déjà d’un truc qui est génial, faut juste pas que je le salope » [Rires]. Mais voilà, ce qui me guide c’est que je rends hommage à Mylène Farmer, ça me fait plaisir, j’ai envie de rendre quelque chose avec tout ce qu’elle m’a donné, quoi. Et c’était super enthousiasmant, et même François qui est pas fan de Mylène Farmer a vachement pris de plaisir à le faire.

François : Tout le groupe.

C’est vrai que, étonnamment, entre guillemets, le résultat rend super bien, alors qu’à l’origine, si tu imagines faire une cover de Mylène Farmer en black metal, tu te dis : « Ouais… qu’est-ce que ça va donner au final ? » [Rires]

Guillaume : Oui [Rires]

Et ce que je trouve bien, c’est que si on écoute le morceau comme ça, sans savoir d’où il vient, sans connaître l’original ni rien, on sent pas que c’est une cover.

François : Ça c’est très bon signe.

Guillaume : On se l’est vachement approprié. Moi j’ai rajouté une intro, qui n’est pas sur l’original, j’ai rajouté un solo qui n’est pas sur l’original, j’ai changé la tonalité pour la coller à la nôtre… voilà, ces petits trucs-là. Je l’ai passée à notre sauce, quoi, je l’ai « abductionnisée ». Et c’était important, c’était ça ! C’est tout l’intérêt de l’exercice.

Oui, c’est vrai qu’il y a plein de groupes de metal qui font de covers de plein de choses, de pop, de tout ce qu’on veut, et souvent ils se contentent de mettre un gros riff de guitare derrière…

François : C’est ça, oui, l’intérêt est un peu limité.

Guillaume : C’est un peu dommage.

François : Moi, pour le chant, c’était vraiment intéressant, parce que je suis resté fidèle à la ligne de chant, mais par contre je l’ai interprétée complétement à ma façon et avec la voix que j’utilise dans Abduction. Avec les mises en intensité, avec l’espèce de chant crié que je fais à la fin…

Ouais, t’aurais quand même pu imiter Mylène ! [Rires] Je suis sûre que ça passe !

François : Je suis pas certain. [Rires]

Guillaume : Ben la seule règle, c’était vraiment de respecter quand même le phrasé, parce qu’il y a quelque chose.

François : Oui, la prosodie…

Guillaume : Moi, pareil pour la structure. À part l’intro que j’ai rajoutée, la structure c’est la même que le morceau original. Et puis respecter le texte. On touche pas un mot du texte, quoi. Le texte, il est sacré, donc on touche à rien.

Et donc, il y a eu un clip, qui est aussi très réussi.

François : Merci !

Il est vraiment canon. Comment ça s’est passé ? Ça a été tourné au Plessis-Bourré, c’est ça ? Comment ça s’est organisé ?

François : C’était pas facile à organiser [Rires]. Il a fallu qu’on privatise le château, déjà, qu’on le loue en fait. C’est-à-dire qu’il y a des jours où il est fermé au public, typiquement les lundis. Donc on y est allé deux lundis de septembre, une journée pour filmer les extérieurs, une journée pour filmer les intérieurs. Et les heures étaient vraiment comptées, quoi. Il fallait qu’on soit rapides et efficaces. Et il faut savoir que Guillaume, c’est un fan absolu de cinéma au sens large du terme, et que c’était la première fois qu’il tenait une caméra entre les mains et qu’il s’essayait à la réalisation. Donc, c’était très exaltant pour lui, mais aussi forcément très stressant, parce qu’on avait que deux jours et il fallait qu’on prenne en main un matériel. Et l’actrice principale du clip, c’est ma femme, que Guillaume connaissait même avant de me connaître…

Guillaume : C’est moi qui les ai présentés en fait. [Rires]

François : Donc, y a encore une fois un côté très familial…

Guillaume : C’est fait complétement en famille, on était une petit équipe de sept personnes, que des gens très proches, soudés. Déjà les quatre membres du groupe, puis Pauline, l’assistante réalisatrice, qui est notre photographe depuis 2017 pour nos photos-promo.

François : Son compagnon…

Guillaume : Son compagnon, et puis Arthur, le fameux tailleur de pierre…

François : Qui nous a donné des cours d’escrime et prêté les costumes.

Guillaume : Oui, il nous a donné des cours d’escrime pour faire un minimum illusion, au moins pour les gestes comme le désarmement… Quand le personnage féminin désarme François, c’est technique, quoi, donc on a appris tout ça.

François : C’est lui qui nous a suggéré ce genre de choses.

Guillaume : Et c’est vrai que le matin, quand on est dans la voiture, et que ça devient concret, et que ça fait des mois que tu prépares le truc et que t’es en route vers le château, et qu’on est déjà un peu en retard [Rires] et qu’il commence à pleuvoir, alors qu’il devait pas pleuvoir, et qu’on commençait en extérieur avec le cheval…

François : Oui, on a dû trouver un cheval aussi, le louer pour quelques heures…

Guillaume : Et on est dans la voiture et je me dis : « Mais en fait, là, je m’embarque dans un truc qui est beaucoup trop grand, quoi. J’ai jamais tenu une caméra et si ça se trouve je vais pas savoir cadrer. je vais être là, je vais pas savoir quoi faire ». Et en fait, ben, non, c’était magique quoi. Enfin moi, quand j’étais petit, mon rêve c’était d’être réalisateur de cinéma, j’ai même failli faire des études là-dedans et je me suis vraiment… je me suis éclaté, quoi, je me suis dit :  « Mais en fait, j’aime ça. Je trouve, que cet angle il est beau, il me plaît, je vais garder celui-là… » et complétement à l’instinct, hein ! Complétement en autodidacte aussi. Je pense qu’un truc qu’on partage aussi, c’est que Laurent Boutonnat, qui fait les clips de Mylène Farmer, c’est un autodidacte aussi. Si je dis pas de bêtises, il a même commencé très tôt, il avait seize ans. Ballade de la féconductrice, c’est une petit film d’horreur qu’il a fait quand il avait seize ans, tout seul, en partant de rien du tout. Et c’était génial de faire ça, avec l’assistance de Pauline qui a géré les lumières ; je trouve qu’elles sont magnifiques, vraiment. C’est aussi elle qui a géré les effets spéciaux, parce qu’il y a quelques petits effets quand même, qui m’a aidé à gérer les cadrages, etc. Et en fait, on sentait que tout le monde était super exalté par le projet, on tirait tous dans le même sens, quoi. On voulait absolument que ce soit magnifique, et on a fait notre maximum comme ça.

Eh bien c’est très réussi ! L’artwork de l’album aussi est super beau, les photos promos sont canons… Je trouve qu’en fait le tout est cohérent…

François : Merci beaucoup, c’est vraiment important pour nous, c’est une étape sur laquelle on ne transige absolument pas. L’aspect visuel, pour Abduction, c’est fondamental depuis le tout début et j’irai même jusqu’à dire que Guillaume ne peut pas vraiment achever ne serait-ce que l’écriture d’un album, s’il n’a pas trouvé sa pochette quoi. Et quand on est en studio, on a perpétuellement la pochette sous les yeux pour nous assurer d’être dans le ton, en quelque sorte. Parce que pour nous, cette correspondance entre image et musique, elle est fondamentale.

Guillaume : C’était encore le cas avec celui-là, j’ai eu un blocage à un moment parce que j’avais pas la pochette, que je ne sentais pas qu’elle était la bonne en tout cas ; j’avais des idées, mais c’était pas celle-là. Et je sentais que c’était pas la bonne. Et en fait, je me suis dit : « Il faut que je m’arrête de composer pour l’instant, que je trouve la pochette, et quand j’aurai la pochette ça va reprendre, mieux ». Et quand j’ai enfin validé la pochette, que je leur ai montré, qu’on s’est dit : « Ok, ça c’est complément Abduction, c’est l’idée qu’on veut… » eh ben, je me rappelle, je l’ai envoyée à Déhà et il m’a dit : « Ça c’est Abduction à en crever, c’est ça ». Et du coup, je me suis dit : « Bon, on part là-dessus », et là ça a tout débloqué. J’ai restructuré les morceaux, j’ai trouvé leur place sur l’album, j’ai fait les arrangements, les machins… et en la regardant toujours. Il faut que ça corresponde à la pochette, quoi. Et on a fait pareil avec Jehanne, hein, on avait le tableau sous les yeux et on a eu des expériences quasi mystiques avec le tableau. C’était très fort.

Oui, je pense que l’implication que vous avez tous se ressent, c’est ce qui fait qu’il se passe quelque chose, en fait.

François : Ben tant mieux. Y a une espèce d’urgence sentimentale, donc c’est bien.

Guillaume : J’ai toujours pensé que si tu mets tout tout tout ton cœur dans un truc, ça peut pas être mauvais, en fait. Ça va pas plaire à tout le monde… y aura toujours des gens qui… ben là on a eu des réactions, par exemple, parce qu’on a eu la chance que l’affiche et le clip aient été partagés sur mylene.net, qui est le site de référence sur Mylène Farmer en France, avec Innamoramento, et on a bien vu qu’il y a beaucoup de réactions positives, de gens impressionnés par l’hommage, etc. Mais on a aussi beaucoup de gens qui ont dit : « Mais c’est inaudible, c’est ignoble, c’est de la merde, c’est inécoutable… », forcément ! Mais tu t’en fous parce que, mine de rien, une grande partie d’entre eux disent : « La musique, j’y arrive pas du tout, par contre je sens qu’il y a un truc, je sens que l’hommage à Mylène est sincère… » parce que, voilà, on triche pas. Et quand tu triches pas je pense que tu peux pas vraiment te planter.

Vous avez toujours fait des albums qui étaient très liés à l’histoire de France, votre imagerie est très liée à l’histoire de France, ça vient d’où ? C’est un amour de la France ?

Guillaume : Ouais. Moi je me rends compte quand je voyage, qu’il me faut pas plus de trois-quatre jours pour me dire : « C’est cool quand même chez moi aussi ». [Rires] Et même si je vais dans des pays que j’adore, hein ! J’ai eu la chance de visiter, l’Islande, c’est magnifique mais, je sais pas, y a toujours un moment où il me manque… J’aime bien mes références à moi quand même, j’aime bien ma France, même avec tous ses défauts et tout… J’aime bien ce sentiment d’appartenance à un groupe. Pour moi, c’est important. Pour se construire, c’est important de savoir d’où on vient quand même, et c’est important d’avoir un noyau. Après, on n’est pas en train de partir dans le nationalisme ou ce genre de trucs. C’est juste que c’est… Quand je vois l’histoire de France, je vois forcément aussi l’histoire de mes ancêtres, même si j’ai des origines variées et que tout mes ancêtres n’ont pas toujours été en France, tu te dis quand même :  « Là, je foule une terre qui a déjà été foulée par énormément de gens avant moi, qui m’ont transmis des choses, qui ont vécu des choses ici, et j’ai envie de savoir ce qu’ils ont vécu, j’ai envie de comprendre. Moi, j’ai fait des recherches sur mes ancêtres qui ont fait 14-18, par exemple, et j’ai appris des choses incroyables, quoi. J’ai un de mes ancêtres qui est mort en héros durant 14-18, qui était artilleur et qui a sauvé sa batterie d’artillerie qui allait exploser, des choses comme ça. Et c’est génial de rendre ça concret. C’est ça qui nous intéresse en fait, c’est le coté humain. Par exemple, quand je fais des recherches, ça m’intéresse pas forcément de savoir où il était de quelque date à quelle date et quel était son numéro de matricule et tout, je veux savoir comment il était, comment il a vécu le truc, qu’est-ce qu’il s’est passé. Y a un truc qui m’a vachement marqué, désolé je fais une digression, mais à un moment j’ai pris… parce que maintenant ils ont tout numérisé. Donc, t’as les carnets d’époque et t’as les officiers qui notent tout ce qui se passe au jour le jour, pendant les batailles, etc. Et c’est très strict, c’est très administratif, y a pas d’émotion. C’est : « Tel jour on est là, on s’est déplacés, les Allemands ont tiré par-là donc on est partis de ce côté, on a fait ça et ça… ». Et à un moment, mon ancêtre est mort en héros en sauvant des gens. Y a une bombe qui est tombée sur une cabane, et des gens se sont retrouvés ensevelis dessous. Il a décidé avec d’autres d’aller creuser pour les faire sortir, ils s’en sont pris une deuxième et ils sont tous morts. Donc y a eu beaucoup de morts, d’un coup, peut-être 27, un truc comme ça, c’était super violent. Et j’ai vu, après, dans le carnet, même l’officier qui normalement note que les choses de base, écrit : « Nous avons le cœur lourd, aujourd’hui nous avons dit au revoir à nos camarades, etc. » Et tu sens que, là, l’humain a pris le dessus, en fait, et que le mec est plus dans son rôle d’officier, il a besoin d’écrire comme ce qu’il vit est dur. Et moi, c’est ça qui m’intéresse. Moi c’est vraiment ça que je veux toucher. Et quand on fait un concept-album sur Jehanne, ce qu’on veut comprendre, c’est cette jeune femme de 19 ans, comment elle sent les choses, comment elle vit les choses, comment elle les ressent. À quel point elle était investie dans sa mission. Plus que : « Elle était à telle date à tel endroit, y avait tant de soldats ennemis, tant de soldats français… ». C’est pas inintéressant, mais nous ce qui nous intéresse, c’est l’humain.

François : Pour moi, chanter l’histoire de Jehanne, c’était absolument bouleversant. La quitter sur le dernier morceau en l’imaginant sur son bûcher c’était vraiment bouleversant, j’en aurais pleuré quoi.

Ben c’est marrant parce que j’ai fait y a quelques temps l’interview de Frank Bornemann, d’Eloy…

François : Ah ben oui ! Il a un super concept sur Jehanne.

Guillaume : C’est génial ce qu’il fait !

François : Il en parle super bien en plus !

Guillaume : Pour moi, c’est le meilleur truc sur Jehanne qui ait été fait.

François : C’est ultra respectueux comme approche, j’ai été très sensible à ça. C’est un grand passionné de Jehanne, mais dans le bon sens du terme, quoi, vraiment.

Oui, on sent quand il en parle qu’il est vraiment investi.

Guillaume : J’aimerais bien le rencontrer, moi !

François : C’est clair, on aurait des trucs à se dire !

Donc, niveau vidéos sur cet album y a eu Dans la galerie des glaces, le clip d’Allan, Carnets sur récifs. Y en a d’autres de prévues ?

François : Non, je pense que c’est tout sur cet album.

Guillaume : Trois, c’est bien. Après, j’aime pas trop cette mode actuelle, surtout quand c’est avant la sortie de l’album, que t’as 3, 4, 5 singles. L’album sort, tu en connais déjà la moitié et tu les as eus sur 6 mois ! Et c’est la nouvelle méthode, parce que c’est ce qui marche, mais ça désacralise l’album, quoi.

François : Je comprends qu’il faille, dans l’idée de l’approche marketing, rester constamment dans l’esprit des gens, genre : « Ah, ne nous oubliez pas, on a un nouveau morceau, puis un autre nouveau morceau après ! ». Mais moi j’aime beaucoup considérer l’album entant qu’entité. Du coup, Dans la galerie des glaces comme présentation, c’est très bien, c’est un single, mais Allan, de toute façon, elle est un peu à part de l’album, vu  que c’est la dernière et que c’est une reprise, donc j’avais moins l’impression de la sortir de l’album en la présentant. Mais pour le reste, malgré tout, j’ai envie que les gens considèrent l’album comme un tout, même si chaque chanson est une entité distincte, qu’ils l’appréhendent comme une œuvre globale.

Oui c’est vrai que c’est ce que beaucoup de groupes font, comme vous avez dit, parce qu’apparemment les gens de nos jours n’écoutent plus d’albums en entier, ils écoutent un titre, et puis si en plus il fait plus de trois minutes, c’est dur ! [Rires]

François : Oui alors comme nous on a des formats longs, on n’y est pas trop quoi ! [Rires]

Guillaume : Moi je suis très fan de pop et tous les morceaux font 3:50 minutes, quoi. Y a même des fois où je me dis : « J’adore ce morceau et je sais très bien pourquoi il fait 3:50 minutes, mais ils l’auraient pu l’étirer ! Y a ce passage, ce pont il est magnifique, on a envie de l’entendre deux fois ! » C’est pas grave si le morceau fait 4 minutes, les gens vont pas mourir ! Mais bon…

Est-ce que vous avez chacun un titre préféré sur l’album ?

François : Alors, moi j’en ai deux [Rires]. C’est Disparus de leur vivant et Carnets sur Récifs. Alors Disparus de leur vivant, c’est principalement parce que je trouve la deuxième partie bouleversante en fait. Peut-être qu’on n’est pas censé dire ça sur son propre groupe mais tant pis ! [Rires] J’assume, c’est pas grave de toute façon. En fait, à partir du moment où le chant clair revient :  « La lumière se fait vespérale, etc », je trouve tout magnifique, en fait. Je trouve la progression de batterie hyper prenante, je trouve les mélodies de guitare bouleversantes, j’aime énormément la construction. Et au chant, j’ai l’impression d’avoir réussi à transmettre ce que je voulais, à y mettre vraiment l’intensité que je voulais, et comme le texte lui-même aborde une histoire très triste, avec ces soldats qui reviennent de 14-18 et qui sont dans un pays à reconstruire, et qui sont pas forcément bien considérés... Alors que les Années Folles commencent à battre leur plein, qu’est-ce qu’eux ressentent avec leurs cauchemars, leurs angoisses et la misère sociale par-dessus. Donc, pour moi, c’était très très fort à chanter et j’adore la deuxième partie de ce morceau, et je suis sur le bord de ma chaise avec des frissons même encore maintenant en l’écoutant. Et Carnets sur Récifs, y a une approche un peu plus primordiale, un côté un peu plus tribal au niveau des percussions, et presque folk dans l’écriture, que je trouve vraiment génial…

Guillaume : Primordial, le groupe… [Rires]

François : On avait jamais vraiment fait ça de cette façon avant, et j’aime beaucoup, et c’est un des morceaux où j’ai eu le plus l’occasion de m’impliquer sur l’écritures des mélodies et des lignes de chant, donc ça a été un processus que j’ai beaucoup apprécié. Et j’aime la façon dont il est structuré un peu en trois parties en quelque sorte, avec la deuxième qui monte jusqu’à la troisième. Du coup, ces deux morceaux sont mes favoris et correspondent vraiment à l’idée que je me fais de ce que doit être Abduction maintenant, je crois .

Guillaume : Moi, c’est plus facile, c’est Les Heures impatientes, je considère que c’est le meilleur truc qu’on ait jamais fait de toute notre carrière, et surtout ce que j’appelle le « refrain », le moment où y a le petit break clean et où François monte sur « Suis-je dans la plaine des Asphodèles ». Je me rappelle, au studio… On était tous les deux dans le bus, on prenait le bus Bruxelles-Paris… on n’a pas encore de jet privé donc c’était en bus [Rires].  Et on s’arrête à un moment, dont je réécoute l’album et on vient d’avoir le mix… Déhà nous a fait un mix de fin de session, une mise à plat, un pré-mix, quoi. Et je me rappelle, on arrive à l’aéroport Charles de Gaulle, on fait un arrêt, on est sur ce passage-là, et là je me dis : « On a atteint un truc, quoi. Là, y a un truc ». Je suis super fier de ce qu’on a  fait, c’est ultra prenant et ça pourrait me faire pleurer aussi. Ça me bouleverse. Et en plus, y a des textes que Mathieu a écrits et qui sont très très forts, et auxquels je m’identifie parce qu’il a écrit ces textes notamment en pensant à sa grand-mère qui est en maison de retraite, au fait qu’elle perde un peu la tête en vieillissant, et qu’elle est plutôt près de la fin, et moi j’ai connu ça avec la mienne, forcément, on a tous connu ça, c’est universel. Et ça m’a beaucoup marqué et ça me remue beaucoup. Cette idée de l’oubli de soi-même, l’oubli des autres involontaire, l’avancée vers la fin. Et en plus, le fait que dans notre société contemporaine on éloigne vachement nos vieux. On éloigne la mort, quoi, c’est pas trop cool à voir ; et on perd beaucoup d’humanité à ce niveau-là, je trouve, malheureusement, parce que c’est le sens de la vie et de la société. Et donc voilà, ça me touche pour plein de raisons, musicales mais aussi pour le fond.

François : Je trouve aussi que c’est parmi les plus belles paroles que Mathieu ait écrites. De toute façon, je trouve que le thème de l’oubli, en fiction ou dans la vie, c’est l’une des choses les plus bouleversantes qui soit. Et du coup, on met vraiment le doigt dessus avec ce texte qui fait un parallèle entre les mythes grecs et notamment le labyrinthe avec le fil d’Arianne et puis la mémoire qui disparaît, qui s’estompe, et une personne qui souffre d’Alzheimer et qui dans des rares moments de lucidité se rend compte qu’elle n’est plus vraiment elle-même. Pour moi, en tout cas, c’était bouleversant.

Alors moi mon préféré c’est Cent ans comptés.

François : Ah, trop bien ! Alors ça, ça fait vraiment plaisir parce que c’est le moins facile d’accès du disque.

Surtout la deuxième moitié, j’adore !

François : Ah, trop cool ! Ça fait vraiment plaisir.

Guillaume : Sans compter que c’est le morceau le plus technique, le plus compliqué à mettre en place, on a vraiment galéré dessus. Enfin, galéré, on va pas exagérer !

François : Non, mais c’est du boulot…

Guillaume : On a plus galéré que pour les autres. Et c’était du travail. Et c’est vrai qu’on était contents mais on s’est dit, celui-là, il est peut-être plus difficile d’accès, quoi. Parce qu’il y a beaucoup de changements de signature rythmique, etc.

Bon après moi j’écoute des trucs bizarres parfois, donc… [Rires]

François : Non, mais je trouve que c’est un super choix et ça fait super plaisir. Vraiment, merci beaucoup, c’est top. La deuxième partie, j’avoue, elle est intense ! [Rires]

Y a des live de prévus ?

François : Eh bien ça fait très longtemps qu’on en parle et qu’on y pense, mais comme on vit éparpillés géographiquement et pour Abduction on a toujours privilégié la composition, parce que ce qui compte le plus pour nous ça reste l’expression. Mais à ce stade de notre carrière on se sent prêts et on a envie de le faire, surtout. Puis on a eu quelques propositions très sympas, donc à mon avis c’est la prochaine étape.

Ben, on espère, hein ! [Rires] Petite question subsidiaire :  s’il devait rester un seul groupe de black metal, si vous deviez en garder un seul, ce serait qui ?

Guillaume : Dissection !

François : Ah, euh moi, ce serait Burzum.

Bon, vous avez pas dit Abduction ! [Rires]

François : Ah, ben, si on peut dire Abduction, c’est Abduction, bien sûr ! [Rires] Non, mais disons que pour moi, beaucoup de choses que j’aime dans le black metal viennent de Burzum, et dans les groupes de la seconde vague de black metal norvégien et dans les groupes qui ont contribué à poser les bases, pour moi Burzum en termes d’atmosphère, y a pas plus fort. Je n’aime pas tout de Burzum, mais ce que j’aime, je l’aime passionnément, donc…

Guillaume : Moi, c’est Dissection. Sans Dissection, y aurait pas d’Abduction, on serait pas là, donc voilà. Pour moi c’est le plus grand groupe extrême de tous les temps.

Et si vous gardiez un seul artiste, tous genres confondus, c’est Mylène Farmer, ou pas ?

Guillaume : Ben oui [Rires]

François : Moi je crois que, même si artistiquement c’est pas le groupe le plus intéressant au monde, je dois à peu près tout à Kiss. C’est le premier groupe de Hard Rock que j’ai écouté…

Guillaume : Ah, je pensais que tu dirais Vangelis, tu vois !

François : Ben, j’étais tenté !  C’est le premier nom qui m’est venu en tête ! Mais oui, j’adore Vangelis aussi, c’est mon artiste hors du monde du rock et du metal préféré, je connais sa discographie par cœur et j’doare, ça m’a beaucoup inspiré. Mais Kiss, pour moi… Mes grandes sœurs m’ont fait écouter ça petit et ma passion pour la musique vient de là, donc… Pour moi, à ce niveau-là, y a rien de plus fondamental, en fait. Je connais depuis vraiment ma plus tendre enfance et je les aime de façon irrationnelle !

[Rires]

Eh bien, merci beaucoup !

[Guillaume et François m’ont ensuite retourné mes questions concernant mon groupe de metal et mon artiste préféré tous genres confondus, mais je ne pense pas que cela intéressera beaucoup les lecteurs !]

Orsola G.

Merci infiniment à Guillaume et François, ainsi qu'à Roger Wessier de Where The Promo Is, qui a organisé cette interview.

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