Les maîtres du Heavy Metal teuton nous gratifient d’un nouvel album intitulé Humanoid. Nous avons rencontré pour l’occasion le très athlétique Wolf Hoffman, guitariste et faiseur de riffs depuis 40 ans. Nous avons discuté de son regard sur leur longue carrière, de riffs marquants, de sa première guitare et de la place d’Accept dans le Metal aujourd’hui. [Rencontre avec Wolf Hoffmann, Lead Guitar, par François Capdeville]
Bonjour Wolf. Tu es en pleine forme. Tu t’es préparé pour les jeux olympiques de Paris ? (L’homme arbore une musculature athlétique)
(Rire) A quelle discipline veux-tu m’inscrire ? Headbanging ou Guitar synchro ? On est sur le point de démarrer une tournée mondiale qui nous mènera de l’Amérique Latine jusqu’en Europe, sur 6 mois environ. Ça va être intense et donc je m’y prépare physiquement. Je fais attention à ce que je mange, je me repose, je fais du sport quand j’ai du temps. J’essaie d’avoir une vie équilibrée. Finalement, ce ne sont que des actions de bon sens.
Il y a ce titre dans votre dernier album « Unbreakable » ... ne serait-il pas un bon résumé de vos 40 ans de carrière ?
J’ai envie de dire que... nous ne sommes que des simples humains. On nait et on meurt un jour. Ce qui compte pour nous, c’est de faire de la musique et d’avoir du fun. Je suis très honoré de rencontrer toute au long de ma vie des fans de notre musique et les journalistes. Je me sens chanceux de pouvoir continuer à faire ce que j’aime.
17 albums en 40 ans de carrière. Des riffs par centaines. Où trouves-tu cette inspiration ?
Bizarrement, trouver des riffs est un exercice assez naturel, voire facile pour moi. Je peux me poser n’importe où et j’aurai constamment des riffs qui me viendront à l’esprit. Après, j’essaie toujours de trouver le meilleur riff – une ambition de guitariste rock-, celui qui va te marquer au fer rouge. Je tiens à préciser qu’un riff n’est qu’une partie du puzzle qui compose un titre.
As-tu quand même un processus de création particulier ?
Je pense avant tout à l’intention d’un titre. Est-ce que l’on veut que la chanson soit triste, épique, agressive. C’est le point de départ et puis petit à petit chacun des membres rajoute sa touche en fonction de son inspiration.
De quel riff es-tu le plus fier ?
Probablement de celui de Balls to the Wall parce que le titre est connu et que j’ai souvent lu ou entendu que le riff est un killer riff. Les gens qui connaissent le titre savent que le riff n’apparait qu’au début et ne représente en réalité qu’une petite partie de la chanson.
Humanoid est-il une oeuvre qui s’inspire des bouleversements technologiques ?
Non ! Humanoid est une espèce d’accident comme la plupart de nos albums. En fait, une fois que nous avons créé et réuni plusieurs titres, nous essayons de les articuler pour constituer un album. Ensuite, nous réfléchissons à des mots clés qui pourraient définir l’angle du prototype. Le mot Humanoid se prêtait bien à définir ce nouvel album, dans un contexte d’accélération des nouvelles technologies et des questionnements associés.
As-tu peur de la capacité de l’IA à générer de la musique ?
En tant qu’artiste je me sens évidemment concerné. Pour l’instant, je n’ai pas peur car seuls les humains sont capables d’exprimer des émotions et de créer à partir des émotions. J’espère que les machines ne pourront pas nous remplacer sur ce plan. Aujourd’hui, on peut créer un nouveau titre de Nirvana en recréant à partir de data, de codes propres à Nirvana. Mais, faut-il considérer ce titre comme un nouveau titre de Nirvana ? Je ne sais pas. En tout cas, je pense que l’on vit une période très intéressante. Nous devons être au rendez-vous avec ces changements pour mieux les appréhender.
D'année en année, des groupes de votre génération tirent leurs révérences pour diverses raisons. Accept est toujours dans la course, au firmament des Dieux du Metal tels que Helloween, Saxon et Judas Priest… Es-tu fier du chemin parcouru ?
Alors je ne dirais pas que l’on est au top des dieux du Metal, mais c’est très gentil de ta part. Je suis juste très honoré de continuer à faire partie de la famille Metal. Peu importe la taille du groupe. Ce qui compte c’est que l’on soit là à faire ce qui nous plait : du Metal !
Comment as-tu commencé la guitare ?
J’avais un ami qui faisait de la guitare et l’instrument me fascinait. Je crois que j’ai saoulé mes parents pour qu’ils m’offrent une gratte acoustique. C’est ainsi que j’ai eu ma première guitare classique vers 13 ou 14 ans. Après 6 mois de classique, j’ai tout de suite bifurqué vers l’électrique. C’est, je crois, l’écoute du live in Japan de Deep Purple qui m’a convaincu. Le Japon me semblait si lointain… c’était très exotique pour moi. Comme un rêve inaccessible.
Avez-vous déjà préparé votre setlit pour votre tournée Sud-américaine et européenne ?
Pas encore. Je vais te révéler quelque chose : nous n’avons jamais réussi à nous tenir à une liste. Une fois que l’on arrive en studio pour répéter, on apporte des changements et une fois sur scène, tes émotions te dictent autre chose. La scène est la vérité. On adapte toujours notre liste en fonction de nos ressentis en live. Du nouvel album, nous jouerons probablement Humanoid et The Reckogning.
As-tu un souvenir particulier en France ?
Nous avons eu plusieurs shows mémorables au Zénith de Paris ou à l’Elysée Montmartre. Je me souviens que nous devions jouer au Bataclan, trois jours après Eagles of Death Metal. Est ensuite arrivée une abomination. Après ce type d’événement, tu vois la vie différemment. Quand nous sommes revenus jouer deux ans plus tard, nous voulions à la fois rendre hommage et donner envie aux gens de vivre grâce à la musique.
Qu’aimerais tu dire au public français qui lira cette interview ?
Bonjour la France ! Je suis très honoré de savoir que, parmi vous, il y a des gens qui s’intéressent à notre musique et qui l’écoutent chaque jour en CD, vinyle, streaming… Merci pour votre fidélité et bienvenue aux nouvelles générations de fans.