18/10/2024

Ensiferum, rencontre avec Petri Lindroos

Ensiferum nous revient avec un neuvième album studio, Winter Storm. À cette occasion, nous avons échangé avec Petri Lindroos, chanteur de la formation, qui nous a parlé non seulement de ce nouvel opus, mais également de la tournée avec le Paganfest à venir et du futur du groupe.

L’ALBUM

Bonjour, comment ça va ?

Très bien, j’attends avec impatience la sortie de l’album ! Donc tout va bien !

Super ! Oui, on va parler de l’album, bien entendu ! Donc, c’est le neuvième album d’Ensiferum, le septième pour toi, si je ne me trompe pas…

Oui, exactement.

Vous êtes impatients ?

Oui, pour l’instant, tout s’est bien passé avec la préparation de l’album. On a voulu y amener quelque chose de nouveau tout en gardant la « touche » Ensiferum dans la musique. Le groupe continue d’évoluer après toutes ces décennies, donc c’est toujours une bonne chose.

Est-ce que vous avez toujours autant d’inspiration ? Je crois que Markus [Toivonen] a composé la majorité de l’album seul, avec le Covid notamment…

Oui.

Est-ce que tu as évoqué avec lui le processus de composition ? Est-ce qu’il a facilement trouvé l’inspiration ?

Oui, il n’en parle pas tellement, il est un peu dans sa bulle lorsqu’il compose, et ensuite il choisit, parmi tout ce qui lui vient à l’esprit, ce qui est le mieux pour constituer les nouveaux morceaux d’Ensiferum. Mais, oui, c’est lui qui est à l’origine de la majeure partie de la musique.

La composition a donc été faite à part, puis vous vous êtes rassemblés pour enregistrer. Combien de temps cela a-t-il demandé ?

Hmm… Environ 4 semaines. C’est notre temps habituel pour que tout soit prêt. Ça s’est déroulé à peu près de la même manière que pour les derniers albums. On prépare les morceaux, puis on s’occupe des percussions durant quelques jours, et ensuite on fait les guitares et on rajoute couche après couche. On suit toujours à peu près la même procédure, et il n’y a rien eu qui sorte de l’ordinaire pour cet album.

Et je crois que c’est Sami qui a écrit les paroles, ou du moins l’histoire…

Oui.

Et c’est inspiré d’un livre sur lequel il travaille ?

Oui, exactement.

J’espère vraiment que ce livre va voir le jour, parce que ça a l’air génial !

Oui, pour l’instant ça avance tranquillement, mais de ce que je sais il manque encore pas mal de choses [Rires]. Il n’y en a qu’un petit bout, adapté aux morceaux de l’album.

Oui, et il y a des chevaux ailés, donc ça ne peut être que bien ! [Rires]

Oui, mais je pense que ce sera un très, très long processus pour que ce livre soit prêt.

Bon, ben j’espère que ce sera le cas un jour.

Oui, un jour, c’est certain !

L’album précédent [Thalassic] a connu un grand succès. J’ai lu qu’il pouvait y avoir une certaine pression de faire aussi bien cette fois-ci. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez ressenti ?

Hmm… pas vraiment. On essaie toujours d’oublier l’album précédent en écrivant de nouveaux morceaux, et ils prennent leur forme finale quand on enregistre, et que chaque morceau « grandit », en quelque sorte, à mesure qu’on lui ajoute des couches. Cela demande du temps avant qu’on puisse entendre le morceau tel qu’il devrait être. Alors, nous ne voulons pas avoir de pression, mais bien sûr elle est toujours là, même si nous ne lui accordons pas trop d’attention ; cela affecterait trop la composition des morceaux si on commençait à vouloir toujours faire plaisir aux gens avant tout. Ce n’est pas ainsi que nous avons créé notre musique jusque-là et je ne pense pas que ce sera le cas un jour.

Bien sûr, car vous avez déjà eu des accueils un peu frileux sur certains albums, les fans sont ce qu’ils sont, donc forcément…

Oui, certains aiment et d’autres détestent, mais qu’est-ce qu’on peut y faire ?

Oui, bien sûr, vous choisissez de faire la musique que vous avez envie de faire…

Exactement, oui.

Il y a déjà deux singles pour l’album…

Oui.

Comment les avez-vous choisis ? Comment avez-vous décidé lesquels vous souhaitiez mettre en avant ?

Le groupe avait des idées, et le label aussi, donc on est arrivé à une sorte de compromis qui fasse plaisir à tout le monde. C’est aussi simple que ça.

Est-ce que c’est compliqué, parfois, de trouver ce compromis ?

Euh, c’est un peu difficile de trouver le premier, car c’est en quelque sorte la présentation de notre nouvelle musique, cela donne la première impression. Si le premier single n’est pas très prometteur, il se peut que le deuxième ne suffise pas à susciter suffisamment d’intérêt… Le premier, c’est toujours le plus dur.

Et vous avez donc opté pour « Winter Storm Vigilantes », qui pour moi est un excellent choix, car c’est un morceau génial. Je crois que les réactions ont été plutôt bonnes jusqu’à présent.

Oui, jusque-là il a été très bien accueilli.

C’est selon moi un mélange parfait entre du Ensiferum classique et ce que vous avez fait plus récemment, c’est très équilibré.

Oui, c’est un entre-deux.

Il y a aussi un super artwork sur l’album, la pochette est très sympa. Qui l’a créée ?

C’est la même personne qui a également fait nos derniers albums, Gyula [Havancsák]. C’est quelqu’un qui est à l’origine de très nombreuses pochettes. Il a commencé à travailler sur celle de Winter Storm avant même que les morceaux ne soient prêts, car cela nous demande toujours très longtemps. On échange toujours des centaines d’e-mails, du style « j’aime bien celle-ci » ; « est-ce que tu pourrais plutôt aller dans cette direction ? », etc. C’est un processus très long pour arriver au résultat souhaité. Et, une fois de plus, il nous a fait une super pochette.

Oui, du coup elle a été inspirée par les textes, plutôt que la musique.

Tout à fait, oui.

Donc on pourra trouver du merch avec cet artwork ?

Très certainement, oui. Les t-shirts avec les pochettes d’album sont un must ! [Rires] Et celle-ci fera de très beaux t-shirts.

Et sur une note différente, si tu devais recommander quelque chose à boire en écoutant cet album, qu’est-ce que ce serait ?

Eh bien, la première chose qui me vienne à l’esprit, c’est la nouvelle bière Ensiferum que nous venons de sortir, la smoked rye. En tout cas, je pense que la bière est la boisson qui correspond le mieux à la musique d’Ensiferum. Parfois des bières un peu plus tristes, parfois des bières un peu plus joyeuses, tu vois…

Une bière triste ou joyeuse ? C’est quoi une bière triste ? C’est quoi une bière joueuse ? [Rires]

Je ne sais pas ce qu’est une bière triste, mais je crois qu’elle arrive quelques jours après les bières joyeuses. [Rires]

[Rires] Ah, ok ! Est-ce que de nouveaux singles vont sortir bientôt ?

Il est prévu qu’on sorte une vidéo au moment de la sortie de l’album. Je ne sais plus si c’est un véritable clip ou une lyrics vidéo, mais quelque chose se prépare.

Et tu sais pour quel titre ?

Il faudrait que je vérifie, je me rappelle pas [Rires] On va dire que c’est une surprise ! [Rires]

Ok, c’est une surprise. [Rires] J’ai quelques préférées, mais on verra bien…

Ce sera forcément l’une d’entre elle !

J’en suis sûre !

LES TOURNÉES

Vous avez joué dans des tonnes de festivals tout au long de votre carrière. Quel est ton préféré, si tu devais en choisir un, par exemple pour l’ambiance ou toute autre raison ?

Euh… Il y en a plusieurs, mais si je devais choisir, je pense que le Hellfest est un sacré festival à chaque fois. On a joué sous la tente devant 10.000 personnes, il y a toujours des tonnes de monde, et c’est un formidable festival. La dernière fois, on a joué en même temps qu’Iron Maiden, donc on avait un peu peur qu’il n’y ait pas grand monde pour nous écouter, mais la tente était encore remplie et c’était génial. Encore un super show.

Est-ce que c’était frustrant de jouer en même temps qu’Iron Maiden ? Tu aurais aimé les voir ?

Oui, je voulais les voir. Mais ils ont commencé une heure avant nous et ils ont fini en même temps que nous. On devait se changer pendant le début de leur show donc je n’ai pas pu voir, mais j’ai entendu ce qu’ils jouaient, donc je suis assez content quand même.

Vous faites partie du prochain Paganfest avec Alestorm, Heidevolk, Tyr et Elvenking. Tu es impatient de débuter cette tournée ?

Oui, très ! Cela fait très longtemps qu’on n’a pas participé à un Paganfest, c’est toujours très amusant, et je suis certain que celui-ci aussi sera génial. Les salles ont l’air top, ce sont de grandes salles. On espère vraiment que ce sera aussi bien qu’on l’imagine ! En tout cas, ça va être une super tournée.

Le Paganfest traverse plusieurs pays d’Europe, il y aura 3 dates en France. Est-ce que ça a été compliqué de monter une telle tournée avec autant de groupes ? Car par exemple Alestorm tourne énormément, est-ce que vous avez eu du mal à trouver des dates qui convenaient à tout le monde ?

C’est toujours un problème avec les plannings de tous les groupes, les sorties d’albums, etc. Cette fois, c’est le management d’Alestorm qui a eu l’idée de remettre sur pied un Paganfest, et on a presque immédiatement dit oui, on savait que ça allait être top. Ils ont commencé à travailler dessus, et quand on commence à proposer ce genre de package à des groupes, la plupart d’entre eux disent oui, quel que soit le planning qu’ils avaient envisagé. C’est une super proposition pour tous les groupes, ça va rappeler les années 2010-15.

Oui, je me souviens des anciens Paganfest, c’était génial. Et tu as parlé plus tôt des salles. À Paris, par exemple, c’est au Zénith, c’est une grande salle, je pense que c’est une bonne opportunité pour les groupes de jouer dans des salles où ils ne passeraient pas forcément autrement pour des tournées solos.

Oui, effectivement. Cela va attirer beaucoup de gens en plus. Le line-up de la tournée en soi contient déjà 5 groupes, et il y aura peut-être certaines dates avec des groupes supplémentaires, jusqu’à 7 groupes par soir, donc un véritable festival d’un jour. Je pense que ça vaut vraiment le coup de venir voir ça !

Moi en tout cas, j’ai hâte !

Et nous aussi !

Vous avez fait des tournées avec pas mal de groupes au cours de votre carrière, quels sont ceux avec lesquels vous avez préféré partager la scène, peut-être pour des raisons d’entente ou autre ?

Ça aussi c’est une bonne question…Jusqu’à présent, on a eu plein de groupes super qui ont tourné avec nous… tous en fait. Si je devais choisir, je crois que je serais prêt à tout refaire ! C’est trop dur de choisir, il y aurait trop de groupes à mentionner.

Et est-ce qu’au contraire, dans d’autres circonstances, il y a des groupes avec lesquels vous ne vous êtes pas très bien entendus ? Même sans citer de nom, est-ce que certains n’étaient pas très sympathiques ?

Non, en fait, tout le monde a toujours été plutôt cordial jusqu’à présent, je n’ai pas à me plaindre ! Peut-être qu’on a juste eu beaucoup de chance.

Peut-être ! Ou peut-être que c’est parce que vous-mêmes vous êtes plutôt sympathiques, alors…

Oui, bien sûr, quand tout se déroule sans heurt en tournée, tout le monde est plus content. À moins d’avoir des tas de problèmes sur scène, ou des pannes de tour bus ou des trucs de ce genre… Mais quand tout roule, tout le monde est content, bien sûr !

Quel est votre meilleur souvenir de scène ? Est-ce qu’il y a un concert ou une occasion particulière qui vous a marqué ?

On a fait beaucoup de concerts, donc… C’est souvent lorsqu’il se passe quelque chose de particulier qu’un show nous marque. Si tout se passe selon les plans, c’est juste un concert parmi tant d’autres. On a eu quelques demandes en mariage sur scène, où le gars faisait une surprise à sa copine. C’est arrivé quelques fois. Sinon, on a eu tout un tas de problèmes techniques étranges… Ce n’est pas très marrant sur le moment, mais après coup, oui. Une fois, on était dans un festival en Hongrie et ils avaient… j’ai oublié comment ça s’appelle, mais une machine à essence pour alimenter le festival en électricité. Ils avaient oublié de la remplir, donc durant notre set, elle s’est épuisée et tout s’est éteint sur scène… Les lumières, les instruments… absolument tout. Et personne ne savait quel était le problème… donc, ils se sont mis à réparer à ce moment-là. On a donc passé 5 minutes près de la scène à attendre, avant qu’on nous dise qu’il fallait ravitailler ! [Rires] Ils ont ajouté de l’essence, et on a pu reprendre, au bout de 10-15 minutes d’interruption.

C’est sûr que c’est marrant après coup, mais sur le moment ça doit être un peu stressant.

Oui, c’est très bizarre quand absolument tout s’arrête.

LE FUTUR D’ENSIFERUM

J’ai lu que vous aviez déjà un peu avancé sur le prochain album…

Oui, en quelque sorte…

Est-ce qu’il sortira plus rapidement que celui-ci ? Là, il s’est passé 4 ans, ce qui est un rythme relativement standard pour Ensiferum…

Là, la pandémie a un peu bouleversé le planning que nous avions à l’esprit, donc bon… On espère sortir le prochain d’ici 3 ans.

C’est l’écart habituel entre deux albums pour vous.

Oui, on ne compose pas trop sur la route, on a essayé deux-trois fois, mais c’est trop difficile de se concentrer pour écrire de nouvelles choses quand on est sur la route. Donc, il nous faut du temps après les tournées pour travailler.

Alors, je ne dis pas du tout que vous êtes vieux, loin de là, mais forcément vous avancez tous en âge, est-ce que dans 5, 10 ou 20 ans, tu te vois faire encore autant de concerts que ce vous faites actuellement ?

En tout cas, je l’espère ! On est à peu près tous au milieu de la quarantaine, donc je ne vois pas de problème, sauf bien sûr en cas de maladie grave ou quelque chose de ce genre qui empêcherait l’un de nous de jouer. Mais à part ça, tout roule.

Ensiferum existe depuis près de 30 ans, est-ce que crois que cela durera encore 30 ans de plus ?

C’est très optimiste ! [Rires] Je dirais qu’on a très certainement 10 bonnes années devant nous, peut-être 15 si tout va vraiment bien. Mais 30 ans ? C’est difficile !

Mais c’est possible !

Oui, bien sûr, c’est possible, mais le temps nous le dira !

Et est-ce que c’est ce que tu souhaites, si tout le monde a la santé ?

Pourquoi pas, il y en a pas mal qui le font, comme Judas Priest ou Scorpions… Ces groupes ont des centaines d’années mais ils sont toujours là, donc pourquoi pas nous ? [Rires]

Je pense que ce sera un très bon mot de la fin ! Merci beaucoup !

Merci à toi, on se verra durant la tournée !

Orsola G.

Merci beaucoup à Petri Lindroos, ainsi qu'à Andreas de Metal Blade Records d'avoir rendu possible cette interview.

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