À l’occasion de la sortie de leur nouvel EP, l’équipe de Métalleux de France a croisé la route de Rémy et d’Antoine, tous deux chanteurs et guitaristes au sein du groupe de thrash français Swarm.
[Entretien réalisé par Anna Grésillon]
- Après deux premiers albums « Division & Disharmony » (2017) et « Anathema », (2019), vous sortez désormais votre premier EP « Mad in France ». Comment est-ce que ça se passe pour vous ?
Plutôt bien à vrai dire. Nous avons de bons retours et des propositions un peu partout, ce qui nous fait très plaisir, et nous donne envie de continuer dans cette lancée. Nous venons de tourner un clip et nous préparons nos prochains concerts.
-Pourriez-vous nous en dire plus sur la compo de votre premier EP ?
-Le confinement a été relativement bénéfique pour nous, cela nous a permis de nous lancer dans la composition de notre troisième album, auquel a beaucoup participé Matt, notre deuxième guitariste, qui est arrivé au sein du groupe lors de la compo d’Anathema. Nous avons l’habitude de présenter des titres presque entièrement composés, avant ensuite de les partager aux autres membres pour qu’ils fassent des ajustements et qu’ils y ajoutent chacun leur patte. Composer ensemble, c’est une histoire de compromis et d’équilibre. En sortant du confinement, nous avons été contraints de faire un choix en ne sélectionnant qu’une dizaine de morceaux, car nous en avions beaucoup trop ! Cela nous a donné envie de sortir notre premier EP, qui précèderait la sortie de notre prochain album, et qui serait constitué de morceaux que nous ne pouvions pas mettre dans celui-ci. C’était un véritable défi, car cela nous obligeait à tout enregistrer sans bénéficier de temps supplémentaire, nous avions donc un mois de studio pour tout enregistrer. Une belle façon pour nous de remettre le pied à l’étrier suite à la période Covid ! Notre promotion du deuxième album avait été mise à mal à cause de la pandémie et toutes les règlementations qui n’autorisaient que les concerts assis, ce qui tuait la magie des concerts. La composition de nouvel EP ainsi que de l’album a été une belle revanche pour nous.
-La couverture de votre EP représente une ville enflammée, malgré l’océan qui se trouve juste à côté. Le ciel est rouge, cela nous donne une impression de surchauffe, d’apocalypse…
-La rencontre entre la mer et la ville fait référence à la promenade des Anglais, car nous sommes tous originaires de Nice. Nous tenions à rajouter un drapeau français afin de rappeler que malgré le fait qu’une partie de nos chansons soient chantées en anglais, nous souhaitons assumer que nous sommes français, ce qui explique également le titre, qui est un jeu de mot entre « Fabriqué en France » et « La France en colère ». De l’étranger, on a souvent l’impression que la France est un pays violent qui abrite de nombreuses révoltes, et la ville en feu est une référence à cette image. Nous voulions une couverture qui joue sur la dualité entre le ton sombre de certains de nos textes, et notre musique qui l’est beaucoup moins.
-Musicalement, votre style se situe entre le Thrash et le Hardcore. Remarquez-vous une évolution dans votre style ? Quelles sont vos influences musicales ?
Notre musique est le reflet de l’ensemble des membres qui nous compose. C’est d’ailleurs ce qui explique Swarm, qui signifie essaim en anglais, et qui fait référence à ces styles différents dans lesquels vont butiner chacun des membres du groupe, avant de se rejoindre pour faire du miel toutes ensembles. Nous aimons faire en sorte que notre musique soit à la croisée de nos goûts personnels, et qu’elle s’en trouve enrichie, et nous remarquons que plus le temps passe, plus nos morceaux sont le reflet de cette diversité. Dans « Sanbiki No Saru » par exemple, nous avons un passage de slam, qui a été suggéré par notre bassiste. Mais globalement, nous sommes tous inspirés par Lamb of God, Machine Head, Pantera, etc… En dehors des grosses têtes d’affiches, il y a peu de petits groupes de thrash, et c’est un plaisir pour nous de pouvoir explorer ce style qui permet de laisser place à une grande part d’originalité et de créativité au sein d’un même album. Cela nous permet de faire des morceaux tous un peu différents et identifiables.
-Vous avez deux chansons en français dans l’EP, pourquoi ?
Nous souhaitions diversifier un peu nos morceaux, en testant deux morceaux en français. Les avis sont mitigés, mais on remarque néanmoins qu’ils marquent les esprits. Concernant notre morceau punk qui est le dernier de l’EP, nous voulions le chanter en français car c’est le punk français qui fait partie de notre culture et de nos influences.
- « Sanbiki No Saru » Véritable coup de gueule contre le monde et la société dans lequel il évolue ? Pourquoi cette référence aux trois singes de la sagesse ?
C’est une chanson qui fait référence aux œillères que l’on se met dans la vie de tous les jours. Nous voulions parler de notre difficulté à comprendre certaines nouvelles technologiques, ou certains codes liés aux réseaux sociaux, notamment tout ce qui concerne les méthodes de communication. En tant que musiciens, nous avons l’impression que nous sommes aujourd’hui contraints de nous plier à certaines exigences afin de satisfaire des algorithmes, et que cela fait obstacle ou bride notre créativité, ce qui est quelque chose de très frustrant en tant qu’artiste. Cette chanson, c'est un peu un coup de gueule contre ce phénomène, en dénonçant notre volonté à rester aveugles et sourds face à tout un monde qui chercherait à nous uniformiser.
-« Teub life » semble être une critique de la politique française ? Ou du monde de la musique ? Pourriez-vous nous en dire plus ?
C’est un peu des deux à vrai dire. Plus globalement, c’est une critique du pouvoir, de cette bataille constante pour savoir « qui a la plus grosse ». Nous avons voulu composer ce morceau pour le délire, pour faire quelque chose d’un peu différent. En live, on s’amuse à terminer nos concerts avec car elle a un côté énergique. Elle nous a été inspirée par une expérience personnelle, à la suite d’une victoire lors d’un tremplin qui nous garantissait un financement, mais qui nous a été refusé sous prétexte que nous étions un groupe de Metal.
-Quels sont vos projets pour la suite ? Va-t-on pouvoir vous voir sur scène prochainement ?
Nous sommes en train d’essayer de booker une tournée pour les mois d’octobre, novembre et décembre, et nous terminons également la préparation du troisième album qui est prévu pour Janvier 2024.
-Qu’écoutez-vous en ce moment ?
En arrivant, j’écoutais l’album Ruthless de In Other Climes. Sinon en ce moment, nous écoutons un peu de Nine Inch Nails. Notre dernière découverte c'est Messa, un groupe de stoner italien que j’ai découvert lors d’un festival à Turin.
- Notre Interview touche à sa fin, avez-vous un message pour les lecteurs de Métalleux de France ?
N’hésitez pas à venir voir jouer les petits groupes dans les petites salles, qui ont beaucoup souffert suite à la pandémie, afin de pouvoir continuer à faire vivre le monde de la musique underground.