17/9/2024

Kyle Daniel, une pépite musicale

Kyle Daniel a sorti en 2024 son premier album, mais le natif du Kentucky est loin d'être un débutant. Cela fait plus de 20 ans qu'il parcourt les scènes et joue avec les plus grands. Dans cet entretien, il nous explique son parcours, ses envies et nous livre des anecdotes parfois surprenantes !

Avant tout, merci beaucoup, j’adore ta musique donc je suis absolument ravie d’être ici avec toi !

Oh, merci beaucoup !

On va un peu parler de ce qui a fait de toi l’homme que tu es maintenant, le musicien que tu es maintenant… il me semble que tu es né dans une famille de musiciens, est-ce que tu as toujours voulu faire de la musique toi aussi, ou est-ce que c’est une affaire de rencontres ou de destin ?

Au départ, je crois que je voulais être joueur de baseball professionnel. C’était ma première passion. Je me suis cassé la jambe durant ma première année de lycée, j’ai dû y renoncer. J’adorais le baseball, c’était tout ce que je voulais faire, mais j’ai dû passer quelques semaines avec la jambe immobilisée et j’ai commencé à gratouiller une des guitares acoustiques de mon père, et ça a vite été une sorte de révélation. Je suis devenu accro extrêmement vite, et à peine 8 mois ou un an après, j’avais un groupe au lycée, donc ça m’a pris un peu par surprise. Donc, on ne peut pas dire que c’était mon rêve au départ, même si j’ai toujours aimé le milieu du divertissement, le « show-business », sans être pour autant obsédé par le succès. Donc, oui on peut dire que c’est quelque chose qui s’est fait naturellement.

Tu as parlé baseball, donc je suis obligée de te demander… Quelle est ton équipe préférée ?

Les Yankees, sans hésitation ! Et toi, tu as une équipe préférée ?

Les Diamondbacks…

Ah, d’accord !  L’Arizona !

Je ne suis pas une grande connaisseuse en baseball mais j’étais à Phoenix au printemps dernier où j’ai assisté à un match, c’était génial…

Est-ce que Randy Johnson a pitché pour les Diamondbacks ? Tu sais, le gars avec la mulette ? La plus belle mulette de tout le baseball. [Rires]

Hum, je ne suis pas certaine…

Bon, je ne suis pas sûr non plus, mais je crois !  [Rires]

Tu es réputé pour tes talents de guitariste mais tu joues de nombreux instruments. Qu’est-ce qui te plaît le plus, est-ce que c’est la guitare, le saxophone, la batterie, le chant ?

Je dirais la guitare. J’ai débuté avec la batterie quand j’étais petit, et c’est super d’avoir ces bases de rythme et de comprendre comment ça fonctionne, mais quand j’ai débuté la guitare, j’ai ressenti que je pouvais m’exprimer, il y avait plus de nuances, de signification, plus d’éléments à manipuler, et donc ça m’a parlé davantage que n’importe quel autre instrument, je pense.

C’est ton premier album après deux EP, mais cela fait très longtemps que tu es dans la musique et tu as toujours joué avec d’autres et pour d’autres. L’album compte également beaucoup de featuring. Est-ce que c’est important pour toi d’être entouré, de partager la musique ?

Oui, je pense que la collaboration apporte beaucoup de choses. Je pense que c’est important de pouvoir entrer dans une pièce et dire : « hé, voilà ce que je pense », et que quelqu’un réponde : « C’est cool, mais et si… »… C’est ce « et si » qui peut faire passer un morceau de « C’est cool » à « Putain, c’est génial ! C’est exactement ce qu’il fallait ». Donc, pour moi, la collaboration pour l’écriture, la production, en studio et même sur scène, le fait d’avoir quelqu’un avec qui confronter ses idées, c’est crucial dans ce que je fais. Cela a aidé à façonner l’album tel qu’il est, du début à la fin.

Concernant le titre de l’album, est-ce que c’était ton idée ou celle de quelqu’un d’autre ?

C’était mon idée. Je suis un enfant du Kentucky, et j’en suis fier ! C’est super de pouvoir représenter l’endroit d’où l'on vient. Je suis très fier du Commonwealth of Kentucky, et il a fait naître beaucoup de super musique : Chris Stapleton, Sturgill Simpson, Tyler Childers, Cage the Elephant, Black Stone Cherry, My Morning Jacket… il y a un pool gigantesque de musiciens très créatifs et j’avais envie d’en faire partie. Je pense que pour moi, ces morceaux étaient un peu comme chercher de l’or… M’investir et faire en sorte d’avoir les meilleurs morceaux possible, c’était ça qui comptait. Donc quand il est sorti, je me suis dit : « Kentucky Gold », c’est le titre qu’il faut !

L’album est très varié mais également très cohérent, on peut l’écouter d’une traite et les morceaux se fondent parfaitement ensemble. Je pense que ce qui fait le lien c’est cette influence sudiste, très présente dans ta musique. Comment est né l’album, combien de temps cela a-t-il demandé pour composer tous les morceaux ?

Tu sais, on a commencé l’album en octobre 2020, c’est là que le plus gros du travail a été fait, puis on a été à Nashville avec mon ami Jaren Johnston des Cadillac Three, et on a composé trois morceaux supplémentaires, puis, en décembre 2023, j’ai fait un enregistrement à distance de Can’t Hold me Back, donc disons que ça s’est fait en trois parties. En tout, ça m’a probablement pris environ 2 ans pour écrire certaines de ces chansons, puis un peu de temps pour enregistrer. Je dirais que le processus entier, du début à la fin, a duré de 2020 à 2023, donc 3 ans entre l’écriture, l’enregistrement, les modifications, etc. Mais je n’étais pas particulièrement pressé à ce moment-là, car c’était en plein Covid, donc c’était très dur de se lancer en tant qu’artiste et que les labels s’intéressent à ce que vous faites, car ils étaient déjà bien occupés à gérer les artistes qu’ils avaient déjà dans leur catalogue et ce qu’ils allaient faire du matériel. Donc, ça a un peu été une leçon de patience pour moi. J’ai dû attendre mon tour, mais je suis heureux que les choses se soient passées ainsi, parce que je pense que maintenant, c’est le bon moment.

Et est-ce que tu as déjà des morceaux pour un second album ?

Oui, il y a des morceaux que je n’ai pas pu mettre sur celui-ci, qui ont à 100% leur place sur le prochain. Certains qui seraient des singles. Certains qui n’ont pas encore été enregistrés… donc oui, je pense qu’on est en bon chemin pour un second album, mais j’attends de voir à quoi il ressemblera niveau sonorités… est-ce qu’il sera plus rock, plus rock sudiste… il ne sera certainement pas plus country… mais bon, dans quelle direction il va aller.

Tu as grandi dans le Kentucky. J’y suis allée, et pour moi c’est un endroit qui évoque vraiment le calme, la sérénité, mais comme tu l’as dit la scène musicale y est plutôt développée. Est-ce qu’il y a beaucoup d’opportunités là-bas, par exemple des bars ou des salles pour jouer…

Oui, dans le Kentucky, à Bowling Green, pour être précis, on a le Tidball’s, qui est un bar local. Au nom, au pourrait croire que c’est un bar à strip-tease [Rires] mais en réalité c’est un bar qui fait jouer tous les musiciens de la région. Les propriétaires font vraiment bouger les choses. Par exemple, c’est là qu’a débuté Cage the Elephant, et quand ils rentrent à la maison ils y jouent encore. C’est une salle où on peut mettre 350 personnes, et on y voit des groupes comme ça sur cette scène qui fait la moitié de la pièce où nous nous trouvons, c’est incroyable ! Et les propriétaires de cette salle nous ont toujours donné l’opportunité de montrer ce que nous faisons et ils nous soutiennent toujours. Je pense que notre scène musicale serait différente sans eux. Bien sûr, il y a d’autres bars, mais aucun qui ne soit aussi enclin à promouvoir de la musique originale que le Tidball’s. Beaucoup de groupes de la région, encore maintenant… il y a des groupes dont je me dis que, si on leur laisse une chance, une opportunité, ils vont devenir énormes… Oui, le Kentucky est un endroit très paisible, le rythme y est plutôt lent, en comparaison à Nashville, où je suis resté 15 ans… Nashville, c’est très amusant, mais c’est aussi fatigant au bout d’un moment. On ne peut tenir dans cette frénésie qu’un certain temps. Après, on prend de l’âge et on se dit : « J’ai peut-être envie de me calmer un peu ». Et Bowling Green est parfait pour ça, c’est chouette et le rythme de vie y est un peu plus tranquille, sans aucun doute.

Je suis allée à Nashville et effectivement c’est de la folie !

Oui, c’est comme Vegas maintenant !

Il y a de la musique partout, tout le temps… D’un côté, c’est l’endroit où il faut être quand on fait de la musique, et particulièrement de la country, mais dans le même temps, est-ce que ce n’est pas un peu difficile de se démarquer là-bas, avec tous ces musiciens, et qui plus est tous ces musiciens talentueux au même endroit ?

Eh bien, je crois qu’il y a une communauté, un cercle de gens qui essaient vraiment de percer et de faire carrière, puis il y a les gens qui jouent sur Broadway tous les jours, de 20 à minuit, 5 nuits par semaine, en se faisant 400$ la nuit, et qui ne feront jamais rien d’autre que cela. Je pense qu’il y a plusieurs niveaux à Nashville, mais je crois que les meilleurs finissent toujours par se hisser au sommet. Et ce n’est pas pour critiquer, j’ai mis moi-même beaucoup de temps à me faire remarquer à Nashville, et j’ai essuyé beaucoup de refus. Parfois, on se demande même si ça vaut le coup de continuer, cette ville peut être assez déprimante pour cela. Mais il y a beaucoup d’entraide dans la communauté, beaucoup de gens sont très solidaires et essaient de promouvoir les autres dans l’industrie. Il se disent : « on cherche tous à atteindre le même but, alors autant être gentils, aimants et attentifs aux autres, car ce qu’on fait n’est pas facile ».

Tu as déjà fait plusieurs clips, est-ce que c’est quelque chose que tu aimes faire ?

Je suis tellement mal à l’aise… tellement mal à l’aise ! Bon… Non, allez, je retire ce que je viens de dire ! Je suis mal à l’aise quand il y a juste quelqu’un qui filme, pas quand il y a un réalisateur qui fait son travail. SI vous avez un bon « chef d’orchestre », tout se fait naturellement. Il a les idées, la visions, tu vois… Tu n’es qu’une pièce du puzzle dans ces cas-là, et ça c’est bien. Mais ça peut-être très stressant quand on te dit : « Allez, fais ce que tu veux ». Tu es là : « Euuuuuh, ok… Est-ce que j’ai l’air bizarre ? ». C’est très gênant dans ces cas-là… C’est comme quand tu entends ta voix sur un répondeur ou un truc du genre. Tu te dis : « Oh, mon Dieu, j’ai vraiment cette voix ? » [Rires] Ou quand tu te vois à l’image : « Je ressemble vraiment à ça ? »  [Rires]. Mais bon, ça peut être marrant comme ça peut être stressant.

Et j’aimerais qu’on parle aussi du clip pour Me and my Old Man, qui est dans un registre différent des autres et particulièrement émouvant, surtout pour les personnes qui ont perdu leur père, je pense [Le clip compile des images de Kyle avec son père, à différents âges, ainsi qu’avec son fils]. Comment ce clip est-il né ?

Je suis très reconnaissant d’avoir encore mon père, il a été mon plus grand guide, mon plus grand soutien au fil des années, et je crois que cette chanson méritait de rassembler ces souvenirs, de regarder en arrière vers mon enfance. Et maintenant que j’ai moi-même un fils, elle a pris un tout autre sens pour moi. Le management a commencé à regarder toutes ces vieilles vidéos, ces cassettes, et c’est Mikaela, qui fait partie de mon management, qui a assemblé la majorité de ce clip. Et je l’ai regardé sans souci jusqu’à la toute fin, quand on voit mon fils avec mon père, et… pardon, c’est moi qui suis ému maintenant [ses yeux sont humides] et, il n’y a rien de comparable, je ne crois pas qu’on puisse remplacer ces souvenirs. En tant que père, j’essaie autant que je le peux de profiter de l’instant présent et de créer autant de souvenirs que possible avec mon fils. Et j’espère qu’un jour il portera sur moi le regard que je porte sur mon père.

Tu as passé beaucoup de temps sur les routes, en tournée, aux États-Unis et partout, tu as joué dans de petites et grandes salles, dans des festivals… Quel type de concerts tu préfères ?

J’adore les tout petits bars. J’adore cette intimité, qui permet de faire vibrer quelqu’un qui est à quelques mètres de toi et qui arrive à absorber tout ça. On joue du rock, on joue fort, et voir les gens se prendre tout ça directement, c’est très agréable de ressentir cette énergie si proche. Et c’est le cas au Tidball’s. Je pense que cette salle sera ma préférée à tout jamais, car j’y ai tellement de souvenirs, j’ai passé tellement de temps sur cette scène, dès mes 17-18 ans, à un âge où normalement je n’avais même pas le droit d’entrer dans le bar. On me disait : « Dès que t’as fini de joue, tu déguerpis, tu n’as rien à foutre là, je veux pas d’ennuis moi ! » [Rires]. Donc, oui, j’aime les shows intimes comme ça, c’est tellement mieux…

D’après toi, où est-ce qu’on trouve le meilleur public ? Est-ce que c’est aux États-Unis ou dans d’autres pays ?

Honnêtement, quand je suis en Allemagne ou au Royaume-Uni, les réactions sont juste incroyables. Les fans sont tous tellement investis ! Ils achètent le merch, remplissent les salles, s’assurent qu’on a tout ce qu’il faut, quoi que ce soit, du style : « Hé, est-ce qu’on peut t’apporter ceci ? Est-ce que tu as besoin de cela ? Est-ce que je peux t’emmener ici ou là ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? ». C’est incroyable d’avoir des fans aussi investis dans ma musique à travers le monde. Ce n’est pas pour dénigrer les US, mais là-bas il y a tellement d’artistes, tout est saturé, tant de choses se passent en même temps, qu’on peut facilement passer inaperçu ou être négligé, car tellement de gens font la même chose.

Oui, je pense que c’est particulièrement le cas avec ton style de musique, qui fait vraiment partie de la culture des États-Unis, ici ce n’est pas aussi répandu, donc peut-être qu’on l’écoute et le perçoit différemment en Europe, car ce n’est pas quelque chose qu’on va entendre chaque jour à la radio…

Oui, tu as tout à fait raison, ce n’est pas quelque chose de quotidien ici, et l’amour que je reçois ici dépasse largement tout ce que j’ai pu voir chez moi. Attention, on a aussi de très bons shows aux États-Unis, des moments formidables, mais ici, il faut permettre à notre musique de prendre de l’ampleur et on se donne toujours à fond.

Quel est ton pire souvenir de scène ?

De tous les temps ?

Oui.

Oh mon Dieu ! Alors, avec mon groupe de la fac, on jouait à l’afterparty de Gov't Mule, et une fille est venue sur scène et elle nous a dit : « Allez les gars, buvez ce Cool Aid ! ». Je ne savais pas ce qu’il y avait dedans, mais c’était des champignons ! Et au bout d’une trentaine de minutes sur scène, j’ai commencé à avoir des hallucinations horribles ! Ça a été un véritable cauchemar pour arriver au bout du set. Je me suis dit : « Mais pourquoi elle nous a fait ça ? ». Tous les gars sur scène étaient partis sur une autre planète ! [Rires] Donc, oui, je pense que c’était l’un des moments les plus bizarres et les pires de ma carrière. Tu imagines que je n’ai plus jamais repris de champis avant de monter sur scène !!! J’ai appris la leçon !  [Rires]

Est-ce qu’il y a un groupe ou un artiste avec qui tu aimerais particulièrement jouer, ou dont tu aimerais faire la première partie ?

Oui, Blackberry Smoke, ou Stapelton, j’adorerais faire sa première partie. Et j’aimerais aussi organiser un festival itinérant spécial Kentucky, avec des groupes originaires du Kentucky de styles différents, comme Cage the Elephant, My Morning Jacket, Sturgill Simpson, Tyler Childers, etc., ce serait vraiment cool.

Ce serait génial ! J’adorerais voir ça !

Oui, ce serait trop bien ! Je pense que ça pourrait être cool. [Rires]

Pour finir, est-ce qu’une nouvelle tournée en France ou en Europe est prévue dans les mois à venir ?

Oui, c’est l’idée. Rien n’est encore gravé dans le marbre mais c’est en bonne voie, c’est juste une question de temps. Normalement, on devrait pouvoir être là au moins une fois en 2025, peut-être deux !

J’y serai !

Oui, ce serait génial !

Merci beaucoup !

Merci à toi.

Merci infiniment à Kyle Daniel pour son accueil et sa gentillesse et merci à Olivier Garnier de Replica Promotion d'avoir rendu possible cet entretien.

Orsola G.

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