6/2/2024

Temps Fate, la déformité sacrée

Tempt Fate, groupe de Death made in Toulouse, a sorti en novembre 2023 son deuxième opus "Holy Deformity", cinq années après la sortie de "Human Trap". Nous avons rencontré Pilou, guitariste du groupe, pour discuter leur nouvel ’album, mais également la scène Metal extrême en France. [Interview par François Capdeville].
Pilou, guitariste et choriste - Tempt Fate

Mon fils m’a demandé pourquoi un squelette était accroché au bouclier ?

J’aime beaucoup ce que dit ton fils. Il y a tout à fait un aspect mortifère avec ce corps lacéré sur la pochette qui renvoie au déchirement interne. Ma rosace également présente fait appel au sacré. Je suis psychologue de formation et je m’intéresse à la folie humaine et à la psychose. Mais, je pense que libre à chacun d’y voir ce qu’il veut. Que l’on aime ou non, ce visuel interroge et c’est ce qui compte.

Vous jouez vite, très vite. Peux-tu me dire à combien de BPM vous jouez « Gods ends Here » ?

Il faudrait que j’appelle le batteur… Mais, je dirais 195. Nous avons des titres à 210. Je précise que nous ne jouons pas vite pour jouer vite. La vitesse permet de te mettre en tension. J’aimerais d’ailleurs rajouter des passages plus lents pour mieux repartir en cavalcade.

Holy Deformity est le titre de votre album. Vous semblez être fascinés par l’innommable. Est ce qu’il y a des artistes que vous admirez -quelles que soient les disciplines artistiques ?

Il y en a plein et ma réponse va me frustrer car je sais que je vais en oublier. Mais dans le Metal, je citerais Aborted et Benighted car nous évoquons des thèmes similaires. Et puis, je suis fan de Black Dahlia Murder. En musique classique, la fougue et la colère de Beethoven me transportent.

Du côté du cinéma, j’aime beaucoup Cronenberg. J’ai vu il y a quelque temps « les crimes du futur ». qui m’a laissé dubitatif à la fin. J’aime ces films qui te laissent songeur et qui proposent plusieurs lectures d’une histoire. Et puis Cronenberg met toujours en scène un truc organique crado… J’aime bien. Enfin en peinture, j’aime le regard de Bacon sur le corps, un corps abimé.

Vous affichez dix ans de carrière. De quoi êtes-vous le plus fier ?

Et bien de continuer à etre ensemble. Un groupe est comme une famille et ce n’est pas toujours facile en termes de relations et/ou de prises de décisions. Mais on est solidaire et on se tient à notre plan. Il nous est arrivé plusieurs fois de traverser la France pour jouer devant trois personnes alors que l’on pourrait etre pépères à la maison. A la longue, ce sont des situations qui posent questions et entraînent des doutes. Mais, ce qui compte pour nous c’est de faire de la musique et d’aller à la rencontre d’autres groupes avec lesquels nous partageons la même passion. Moi ce qui m’intéresse c’est de porter un projet et d’engager les gens. On aimerait par contre passer un cap pour nous alléger en charge de travail.

Quel conseil donnerais-tu à un groupe de Metal extrême qui chercherait à se professionnaliser en France ?

A ceux qui débutent et tentent d’émerger, je conseille de jouer coûte que coûte, partout, de ne rien refuser et de se faire un réseau. L’étape suivante serait de signer avec un label qui est un exercice ô combien difficile car les groupes sont légion. Les tourneurs ne sont pas nombreux et donc les places sont limitées. Tempt Fate est un groupe de Death confirmé et pourtant nous sommes en recherche d’un label avec des moyens qui nous permettrait de nous concentrer sur notre musique et la scène.

Il y a beaucoup de groupes de Metal extrême en France d’une qualité incroyable. Il faut soutenir ces talents car c’est difficile de se faire connaître et de ne pas perdre d’argent. La visibilité n’est pas simple.

Tempt Fate

Qu’est-ce qui vous séduit dans la brutalité du Death ?

Il y a quelque chose dans le cri qui m’excite et qui repousse les limites. Le cri met en tension et on se demande à quel moment il va s’arrêter pour te lâcher. C’est cette sensation que nous cherchons à reproduire avec notre musique. Attention, il m’arrive d’être saoulé par le blast beat hein ! mais j’aime cette tension que l’on arrive à générer.

Comment soignez-vous vos cordes vocales ?

Alors, comme je fais les chœurs du groupe, je peux en parler. Il faut beaucoup de techniques car ce n’est pas simple de tenir un cri dans la durée. Au-delà de 45 min, c’est fatigant

Comment font ces chanteurs qui enchaine des grosses tournées ?

Il faut une hygiène de vie irréprochable. En tournée, il y a toujours une petite tisane avec du miel pour se soigner.

Quand est ce que l’on vous soit sur scène ?

Les dates pour 2024 arrivent. On sera au From the Dust open air, dans le nord-est. On attend d’avoir une vue claire sur l’agenda pour annoncer des dates. On a une 20aine de dates par an que nous sélectionnons soigneusement.

Qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de Metalleux de France qui liront cette interview ?

Venez nous voir au merch, après les concerts. Nous sommes toujours partant pour taper le bout de gras. J’aime la proximité et comprendre les attentes des gens. Nous vous attendons de pied ferme !

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