Nous avons eu le plaisir d'échanger avec Guillaume, membre fondateur et guitariste de Klone à l'occasion de la sortie de The Unseen.
[ Interview par Garance Ameline, Anna Grésillon & Théo Sanchez ]
- Votre ambitieux projet est né il y a 30 ans en 1995 sous le nom de Sowat puis renommé Klone en 1999. Pouvez-vous nous raconter comment votre vision initiale a émergé pour ensuite former le groupe que nous connaissons aujourd’hui ?
- Guillaume : Il n’y avait pas vraiment de vision initiale. En 1995, on était tous jeunes, à peine 15 ans, on commençait tout juste à faire de la musique et avec Sowat, nous avons appris à faire de la musique ensemble. On faisait des reprises de groupes qu'on aimait bien, on a fait nos premiers concerts, etc. C'était vraiment un début très simple. On ne savait pas encore vers quoi on allait aller. Ça a commencé à un moment pendant la période de Noël, lorsqu’un de mes amis avait reçu une batterie et moi j'avais une guitare. On faisait tous les deux de la musique chacun de notre côté et nous avons fini par triper ensemble dans une cave à Noël. Puis à partir de 99-2000 il y a eu des changements un peu dans le groupe Sowat et on a commencé à plus se focaliser sur des compositions. Nous n’avions rien prévu en particulier. Mais c’est à partir du premier album de Klone, sorti en 2003-2004, que l'on a clairement voulu faire les choses bien et que l’on a commencé à faire de plus en plus de concerts un peu partout en France. Il n'y avait aucune vision précise, à part essayer de faire de la musique qu'on aimerait bien entendre.
- C'était un peu compliqué à l'époque de trouver des dates, mais on a fini par avancer petit à petit et puis sortir aussi de la musique assez régulièrement, jusqu’à se retrouver aujourd’hui avec notre dixième disque depuis le tout départ, ce qui est plutôt cool. Énormément de choses se sont passées depuis le début, on a eu la chance de beaucoup tourner en France et à l'étranger. Mais nous n’avions jamais eu d’attente particulière, nous avons fait en sorte qu'il y ait des choses qui se débloquent, mais nous n’avons jamais été dans la déception, on ne prenait que les choses qui venaient positivement. Tout un tas de trucs fous sont arrivés et je n’aurais jamais osé imaginer que l’on arriverait à faire tout ce qu'on a accompli aujourd'hui, en tout cas dans l'état d'esprit dans lequel j'étais au moment où on a commencé le groupe. Si je me remets dans l'état d'esprit dans lequel j'étais quand on a commencé le groupe, je n'aurais jamais pensé qu'on allait jouer à l’Olympia, ou encore tourner en Australie, en Amérique du Sud ou aux États-Unis. Nous avons également fait de grosses tournées avec Gojira en Europe. Je sais que l’on a été chanceux aussi par rapport à tout un tas de groupes dans ce milieu-là, nous avons la chance d'avoir un public qui nous suit aussi et d’obtenir tout un tas d’opportunités qui se sont offertes à nous.
“ Tout un tas de trucs fous sont arrivés et je n’aurais jamais osé imaginer que l’on arriverait à faire tout ce qu'on a accompli aujourd'hui, en tout cas dans l'état d'esprit dans lequel j'étais au moment où on a commencé le groupe.”
- Votre musique mêle de multiples genres et inspirations artistiques, allant du rock progressif à des éléments atmosphériques et parfois même acoustiques. Comment décririez-vous l'évolution de votre son au fil des années ?
- Guillaume : J'ai une importante culture musicale. J’écoute beaucoup de styles de musique différents depuis que je suis petit, allant de la folk à la pop, en passant par les Beatles. À un moment dans mon adolescence, j'ai aussi découvert tout ce qui était classifié de hard rock et de métal, en découvrant des groupes comme Pantera, Sepultura, AC DC et Metallica. J'ai commencé à découvrir ce style de musique, qui est très vaste. Puis, j'ai commencé à écouter des choses de plus en plus progressives et atmosphériques. Mais quand j’étais au lycée, tout le monde écoutait Nirvana, ou encore Radiohead et Rage Against The Machine. Avec Klone, nous avons essayé de jouer la musique que l’on aimerait bien entendre en regroupant un petit peu tout ce qui nous avait influencé au fil du temps.
- Dans Klone, plus particulièrement, il y a deux phases. Tout d’abord, il y a eu la phase métal car nos débuts sont très métal. On aimait beaucoup aussi des groupes comme Meshuggah et ça se ressent sur notre tout premier disque. Puis, au fur et à mesure, on a ensuite voulu se tourner vers ce qu'on était capable de mieux maîtriser techniquement. Je ne suis pas du tout un “Guitar Hero” et je connais mes limites en tant que guitariste. Mais par exemple, avoir été fan de Nirvana, ça me permettait d’apprécier la création musicale sans que ce ne soit forcément une démonstration, ce n’est pas un sport ni une compétition pour montrer que t'es le meilleur du monde. Il y avait un autre message à faire passer.
- Puis, à partir de 2015 avec Klone, on allait plutôt vers une musique assez atmosphérique et lente, plutôt focalisée sur une ambiance, un climat, une mélodie ou une émotion. En 2015, « Here Comes The Sun » est sorti et pour moi c’est l'album qui nous a fait chavirer dans le fait d'assumer cette musique post-rock progressive. Des groupes comme Isis et Neurosis m'ont beaucoup touché à un moment et donc j'étais content de pouvoir avancer dans mes compositions en m'imprégnant de ce style de musique, parce que c'est là-dedans que je me sens le plus à l'aise.
“Avec Klone, nous avons essayé de jouer la musique que l’on aimerait bien entendre en regroupant un petit peu tout ce qui nous avait influencé au fil du temps.”
- En tant que guitariste et membre fondateur de Klone comment perçois-tu plus particulièrement l’identité musicale du groupe, et de quelle manière ton rôle de guitariste a été amené à évoluer ?
- Guillaume : Mon rôle a évolué en fonction de mes choix de styles de musique. J’ai fondé Klone et j’occupe toujours depuis le rôle de musicien et de compositeur, mais j’ai aussi toujours assumé celui de motiver les troupes. Je suis toujours le moteur pour tout l’aspect administratif. Je m’en occupe depuis le départ et c’est un aspect très important pour le développement du groupe. Donc à chaque fois que j'ai des échanges avec des gens pour faire avancer le projet, ça passe toujours par moi. Il y a d’autres membres du groupe qui n’ont pas forcément envie de s’embêter avec cet aspect et qui préfèrent se concentrer sur d'autres choses, car il y a plein de trucs à gérer dans un groupe.
- Mais ce rôle a évolué car j’ai réussi à déléguer toute une partie de ce travail d’organisation à d’autres personnes. Nous avons par exemple un manager qui s'occupe de gérer nos dates à l'étranger, et un autre tourneur en France. J’ai appris à déléguer des choses, à faire confiance à des personnes pour faire avancer le projet car, j’avais la limite de mon propre réseau.
- Pour le côté musical, mon rôle n'a pas changé depuis le début, dans le sens où j'apporte une très grosse partie des compositions musicales et c’est un rôle qui me tient toujours à cœur. Parfois, j’ai malheureusement moins de temps à consacrer à la musique car la partie administrative peut prendre beaucoup de temps. Mais je vais aussi me fixer des objectifs pour faire de la musique, notamment pendant une petite période de vacances. J'essaie de mettre des périodes bien définies où je vais pouvoir créer des morceaux. Par exemple, notre nouvel album « The Unseen » vient tout juste de sortir mais pour moi, il est terminé depuis un bout de temps. Je suis donc déjà en train de commencer à travailler sur la suite pour un disque qui va certainement sortir avant 2026, mais je préfère m’y prendre à l’avance.
- Vos textes et vos atmosphères semblent souvent inspirés par la mélancolie et une réflexion introspective. Quelles sont vos principales sources d'inspiration en dehors de la musique, que ce soit dans la littérature, le cinéma ou la philosophie ?
- Guillaume : De mon côté, comme je crée la musique mais que je n’écris pas les textes, je ne pourrais pas citer les lectures qui ont influencé Yann, notre chanteur, mais je sais qu’il consomme beaucoup de films de son côté.
- Je m'intéresse à plein de choses mais j'essaye de me détacher un maximum de ce qui pourrait m’influencer pour essayer de produire quelque chose d’authentique et qui puisse m’émouvoir. Les idées que je vais trouver vont venir sous le coup de l'émotion et dans un certain état d'esprit. Je vais jouer de la guitare et les idées qui viendront dépendent de mon état du moment. Par exemple, elles pourront être un peu mélancoliques si par exemple il me sera arrivé quelque chose dans ma vie personnelle et qui va se retranscrire en musique.
- Il y a certains albums de Klone qui peuvent être en effet assez mélancoliques et ça reflète très souvent mon état d'esprit du moment. Je vais te donner un exemple, mais ça peut très bien être le décès de quelqu'un dans ta famille, ça peut être très bien une séparation dans un couple, tu vas te retrouver dans un certain état et pour te libérer de certaines émotions, tu fais de la musique et puis ça fait que tout ça va sortir de toi. Pour moi, c’est très thérapeutique. Si ça peut faire quelque chose de beau et dans lequel des personnes vont se retrouver.
- Je sais que ça arrivait pas mal de fois dans nos albums comme « Le Grand Voyage » ou « Here Come The Sun » : il y a des gens qui ont vraiment été touchés par ces morceaux car ils ont été émus par l'émotion que dégagent de la musique et des textes. C’est fou parce que sans que les gens sachent le pourquoi du comment j'ai fait cette musique, ils vont se trouver des parallèles avec leur vie personnelle. Dans Klone, je sais que Yann aime bien ne pas être trop précis et rester plutôt évocateur dans ses textes pour justement permettre aux gens de s'approprier les textes et les musiques.
- Pour vous donner un exemple précis, je me souviens que l’un de nos tourneurs était décédé et pour lui rendre hommage, nous avons été invités avec Klone à jouer en acoustique sur une scène en Hollande. C’était un concert particulièrement fort car on pouvait voir que tout le premier rang était en larmes lorsque l’on a joué « Gone Up In Flames » et je sais que pour certaines personnes, cette chanson faisait écho au décès de cette personne. C’était un moment très difficile pour nous aussi mais également très beau. Il y a une sorte de communion qui se crée. Très souvent, pendant les concerts de Klone, il y a des personnes qui pleurent car nos morceaux peuvent faire remonter des choses en eux.
- Je peux également donner un autre exemple, car il n’y a pas longtemps à Paris au Petit Bain en acoustique, il y a quelqu’un à la fin du concert qui est venu me voir et qui s’est confié à moi, en m’expliquant qu’il avait un cancer et qu’il a écouté notre musique quand il était en thérapie et que ça lui a fait énormément de bien. Cela l’a aidé à s’en sortir et ça l’a tiré vers le haut et il m’a dit qu’il pensait que ça l’avait vraiment aidé à guérir. Il nous arrive de recevoir ce genre de témoignage et c’est très touchant. Une autre fois, j'ai reçu un mail de quelqu’un qui nous explique qu’il était sur le point de commettre un suicide mais que le fait d’écouter notre musique, ça lui a donné de l’espoir. Ça lui a fait tellement de bien qu’il nous a expliqué qu’il avait réussi à guérir de sa dépression et qu’il s’était tourné vers la spiritualité. Une autre fois, quelqu’un nous a expliqué qu’elle n'avait plus de voix pour chanter ni parler, et que les morceaux de Klone l’avaient aidée à retrouver sa voix.
- C’est un aspect très important pour moi dans la musique. Je ne fais pas de la musique pour la gloire et encore moins pour me saouler pendant les concerts. Mais ce que j’ai toujours aimé, c’est le fait de ressentir des émotions, d'avoir la chair de poule quand tu écoutes un morceau. J'aime particulièrement quand la musique va réussir à te toucher dans ton intimité et te faire ressortir quelque chose en toi et qui va également réussir à toucher des personnes. C’est vraiment l’aspect qui explique que je continue à faire de la musique aussi. C’est vraiment un aspect magique de la musique.
“Les idées que je vais trouver vont venir sous le coup de l'émotion et dans un certain état d'esprit. Je vais jouer de la guitare et les idées qui viendront dépendent de mon état du moment. Par exemple, elles pourront être un peu mélancoliques si par exemple il me sera arrivé quelque chose dans ma vie personnelle et qui va se retranscrire en musique.”“J'aime particulièrement quand la musique va réussir à te toucher dans ton intimité et te faire ressortir quelque chose en toi et qui va également réussir à toucher des personnes. C’est vraiment l’aspect qui explique que je continue à faire de la musique aussi. C’est vraiment un aspect magique de la musique.”
- Quelles sont les influences musicales qui continuent aujourd’hui de nourrir Klone, que ce soit dans le métal ou en dehors du genre ?
- Guillaume : Personnellement, j’ai eu plein de périodes. J’ai notamment eu une période de ma vie où j'ai carrément arrêté d'écouter de la musique car je n’arrêtais pas d'en faire et que j’avais besoin de silence quand j’avais terminé de travailler sur mes sons. J'ai eu besoin de ce silence pendant très longtemps.
- Mais maintenant cela fait deux ans que je compose un peu moins qu'avant et j'ai eu un nouveau gain d'envie d'écouter de la musique. Je me suis remis à acheter tous mes CD préférés de l'époque et un peu en vinyles. Mon père est décédé il y a 2-3 ans et j'ai récupéré tous ses vinyles que j’écoutais quand j'étais petit. J’ai vraiment eu envie de continuer à agrandir ma collection de disques phares.
- Aujourd'hui, j'écoute toujours beaucoup de sons. Je me suis remis à écouter à la fois des vieilles références dans lesquelles j'ai baigné quand j'étais petit, comme les Beatles ou encore Pink Floyd, et puis aussi d’autres groupes un peu plus prog comme Porcupine Tree, Katatonia ou Anathema. J'écoute beaucoup Radiohead aussi en ce qui concerne mes influences plus pop. Après j'écoute d’autres musiques sur Spotify car je cherche toujours à découvrir les nouveautés. J'écoute aussi d’autres choses plutôt post-rock comme Godspeed You! Black Emperor, ou bien Neurosis. TOOL et A Perfect Circle font vraiment partie des groupes que j’écoute toujours aujourd’hui. J’écoute aussi du Type O Negative. Mais j’écoute aussi de l'électro, ou encore du jazz et de la musique classique. Tout dépend de mon humeur ! J’ai une musique pour faire la vaisselle, une autre pour passer le balai, ou bien pour passer un dimanche tranquille au coin du feu. Tout dépend du mood et du moment.
- Vos concerts sont souvent décrits comme de véritables expériences immersives. Comment travaillez-vous sur la scénographie pour créer une telle atmosphère ?
- Guillaume : Concernant la scénographie à proprement parlé, nous en avons une très simple. Mais ce que l’on travaille le plus en résidence, c’est vraiment le son, la musique, la performance musicale et le fait de produire un son très puissant. Mais nous sommes aussi en train de réfléchir pour faire une résidence début mars en 2025 pour travailler notre show avec un ingénieur lumière pour que notre concert soit aussi qualitatif au niveau du travail des lumières. Nous essayons aussi de créer un aspect ambiant, un climat particulier durant nos concerts. Par exemple, pour la tournée de l’album « Le Grand Voyage », on a placé la pochette de l'album en fond de scène au début du show. Je pense que c’est important de s’adapter aux lieux dans lesquels on joue.
- Un autre aspect important de nos performances scéniques, c’est aussi de choisir la bonne setlist, pour à la fois nous faire plaisir mais aussi faire plaisir au public. Ce n’est pas un exercice facile, mine de rien, car nous avons généralement des morceaux très longs et nous commençons à avoir un certain nombre de disques.
- Pour la tournée de notre nouvel album « The Unseen », nous allons essayer de placer trois titres de ce nouvel album. On peut pas en mettre beaucoup plus, parce qu'il faut quand même qu'on fasse des titres de « Meanwhile », de « Le Grand Voyage » et des disques d'avant, ce qui commence à devenir un travail périlleux.
- On est vite coincés avec certains morceaux un peu incontournables qu'on va être obligés de jouer parce que les gens vont les attendre. J’essaie toujours de me mettre à la place de notre public et c’est normal de vouloir entendre certains de nos morceaux les plus iconiques. Nous avons tout intérêt à les jouer parce que ça fait plaisir au public et parce que nous sommes là pour que les gens soient contents à la fin du spectacle.
- Un autre aspect très important pour nous en ce qui concerne le live, c’est de se donner physiquement, de s'impliquer dans les morceaux sur scène. On va dire que pour le côté métal et heavy de Klone, car même sur des morceaux plus doux comme « Yonder », nous faisons en sorte que ce ne soit jamais statique pour rendre le morceau plus puissant.
- Un événement a été particulièrement important pour nous inspirer cet aspect scénique : en 2012, on a fait toute une tournée avec Gojira en Europe et avec presque 25 dates, nous avons été éblouis par les performances live de Gojira car sur scène, les musiciens sont toujours très impliqués physiquement et il n'y avait pas un soir où ils n'étaient pas à fond dans leur show. On a été très inspirés par leur performance chaque soir et donc on a eu envie de se donner à fond de notre côté. Maintenant, pour chaque concert, il faut que l’on ressorte en nage. Finalement, dans l’organisation de concerts, tu passes 90% de la journée à attendre et donc tu as envie de tout donner pour les 10% sur scène. Je pense que les gens sont contents de voir qu'on est là, qu'on s'implique et qu'on donne tout ce qu'on peut pour retranscrire les morceaux du mieux possible.
- Étant un groupe qui a su s’imposer dans un genre assez niche, comment percevez-vous l'évolution de la scène métal progressif et expérimentale, notamment en France ?
- Guillaume : Alors en France, j’ai l’impression que nous ne sommes pas si nombreux à faire ce style de musique. Par contre, le fait que je bosse avec pas mal de groupes pour Klonosphère couplé au fait que l’on a fait pas mal de dates, ça me permet de me rendre compte un petit peu de ce qui se passe sur la scène. Il y a quand même des groupes qui, de plus en plus, vont jouer ce style de musique. Dernièrement, je pense à HamaSaari, un groupe avec qui on a pas mal tourné, qui fait une musique qui est un peu dans l'esprit Karnivool, un groupe australien, dont je recommande vivement l’album “Sound Awake” qui est vraiment mortel.
- Pour leur part, HamaSaari, sont des français originaires du Mans et qui jouent un peu ce style de musique et qui font ça vraiment très bien. Ils ont sorti un album qui est très chouette et qui est très prog-rock, nommé “Ineffable”. Tu as aussi Lizzard, français aussi, avec qui on a fait pas mal de dates et qui est un plus plus rock et moins prog, mais qui font également partie de cette scène émergente. T'as aussi Hypno5e, qui mélange aussi bien gros métal avec des morceaux très longs, qu’on peut considérer comme un groupe de prog. Dernièrement aussi, nous avons tourné avec un groupe qui s'appelle Maudits, qui est un groupe instrumental très post-metal.
- Je me rends compte que si tu m'avais posé la question il y a 10-15 ans, j'aurais eu du mal à te citer des noms de groupes mais qu'aujourd'hui, il y en a de plus en plus qui sont là aussi. Pareil, il y a Alcest aussi qui fait ça très bien, je trouve, dans ce style bien qu’il soit plutôt situé du côté atmosphérique de la scène et qui fait partie des groupes qui fonctionnent le mieux aujourd'hui en France et qui tournent le plus à l'étranger. Donc ouais, l'évolution de la scène, elle est cool parce que si on compare au prog des années 70, on était sur quelque chose à l'époque de beaucoup plus technique et de démonstratif. Tu avais le côté prog où il fallait montrer qu'on était des bons musiciens. Et aujourd'hui, c'est un peu le cas aussi sur des groupes comme Porcupine Tree qui peuvent avoir aussi bien des morceaux très pop que des morceaux un peu plus techniques. Je pense qu'aujourd'hui, les groupes qui font du prog sont soucieux de proposer des compositions qui sont audibles pour tout le monde et qui ne sont pas uniquement réservées aux initiés du genre, et aux puristes. Après, on reste, comme tu le disais, clairement dans des niches. Mais la niche grossit petit à petit, j'ai l'impression. Nous, on se rend compte, en termes des gens qui nous suivent sur les concerts, que ça se développe. C'est pas évident en France de jouer ce style de musique et de ramener du monde sur les concerts. Les groupes de prog, c'est souvent les groupes qui galèrent le plus. On va dire que c'est possible d'y arriver, mais que la route est longue.
- Sur Klone, nous avons fait tellement de tournées entre 2004 et 2015 où il n’y avait qu'environ 50 personnes. Aujourd'hui, peut-être que le fait qu'on ait progressé en termes de propositions musicales, je pense que cela a aidé. Clairement les références que les Français vont avoir pour ce style de musique, ça va vite être des groupes étrangers, plus que les groupes nationaux. C'est pour ça que si tu regardes, Anathema, même s’ils ne tournent plus aujourd'hui, mais ces groupes là ils arrivaient à rassembler aux alentours de 1500 personnes. Nous avons joué plusieurs fois avec eux, et ça ne fait pas si longtemps qu'ils commencent à réussir à faire des salles très grosses. Je pourrais te citer aussi Opeth. Je les avais fait jouer il y a longtemps en France, à l’occasion de la sortie de l'album “Deliverance” en 2002-2003. À l'époque, je les avais fait jouer à côté de Poitiers, dans une petite ville de 30 000 habitants. Il y avait 300 personnes maximum. Malgré qu'ils soient gros aujourd'hui, Ils ont mis au moins dix albums avant d'avoir réussi à avoir un public qui leur est désormais fidèle. Et pour Porcupine Tree, c'est pareil. Ça ne fait pas si longtemps qu'ils arrivent à faire des grosses salles. J’ai eu l’occasion de les voir dans une petite salle à Bordeaux à l’occasion de la sortie de l'album “In Absentia”. Il n’y avait pas grand monde. Il faut faire preuve de patience. Tous les projets qui évoluent dans ce style mettent beaucoup de temps à faire que le nom résonne partout et que les gens découvrent leur musique. Mais par contre, à côté de ça, ce qui est cool, et c'est le cas pour le Klone aussi, les gens qui nous suivent aujourd'hui, c'est des gens qui sont très fans, très fidèles. À partir du moment où ils accrochent à la musique et qu'ils aiment, ils te suivent et ils ne te quittent plus. Même si c'est long à prendre, on va dire que c'est cool parce que c'est des gens qui sont vraiment au taquet derrière ton projet et ça, ça fait vraiment plaisir.
“On reste, comme tu le disais, clairement dans des niches. Mais la niche grossit petit à petit, j'ai l'impression”
- Votre dernier album, « The Unseen » est tout juste sorti le mois dernier. Chacun de ses titres semble raconter une histoire particulière et possède son propre monde, dont l’ensemble forme un univers cohérent. Quel est, selon toi, le fil conducteur reliant les morceaux les uns aux autres ?
- Guillaume : Pour “The Unseen”, c'est un peu particulier parce que les morceaux ont été composés à différentes périodes et que c'est un peu de la chance si tout s'imbrique bien ensemble. C'est quand même des morceaux qui datent un peu pour moi en termes de composition mais qui étaient en chantier pendant très longtemps. Nous les avons finalisés seulement cette année. Le fil conducteur, on peut dire que c'est ce qui va être plus ou moins le concept de l'album, à savoir The Unseen. On le retrouve sur la pochette de l'album, c'est le monde de l'invisible. Cela fait référence au fait que les perceptions humaines sont limitées, nous sommes tous limités par nos sens et que tout ce que l'on voit et ce que l'on comprend du monde aujourd'hui, tout cela est uniquement basé par le fait qu'on soit apte à ressentir, voir, et entendre certaines choses. Il y a en fait tout un monde invisible, qui existe, mais que nous n'arrivons pas à percevoir parce qu'on n'a pas les sens qui nous permettent de le percevoir. Ce monde invisible a pourtant une influence sur ta vie de tous les jours, ton quotidien, ton humeur…
- Même si on se croit intelligent nous sommes quand même limités, nous n’aurons jamais réponse à tout, en particulier concernant les questions existentielles. Même si nous sommes pris dans notre quotidien par des choses concrètes, qui nous arrivent tous les jours dans nos petites vies personnelles, il y a quand même des choses folles, inexplicables qui sont là.
- La vie c'est quand même beau, c'est magique, quelque part c'est assez positif. C'est assez fou de se dire qu'on est en vie, qu'on est là, qu'il nous arrive plein de choses, qu'on trouve nos ressentis de tout ce qui va se dérouler. Et il y a toujours un moment où on cherche à donner du sens à tout ça. Parfois, cette recherche arrive lors de moments difficiles. Une séparation, un décès de quelqu'un dans ta famille, cela fait relativiser sur pas mal de choses, et ça permet de se rendre compte que nous sommes en vie, qu’il faut en profiter sans se bloquer sur des choses négatives parce que ça sert à rien de s'enfermer dans des schémas, qu'il ne tient qu'à soi-même de rendre les choses plus belles.
- Dans “The Unseen” tu as des morceaux aussi comme Magnetic, c’est une vidéo lyrique sur laquelle apparaissent trois enfants, qui s'émerveillent sur des choses très simples. En fait, il y a quelque chose de beau quand on est un enfant, parce qu'il y a l'innocence et la naïveté qui font qu'on découvre et qu’on est heureux. Et je pense que c'est une bonne façon de prendre les choses dans la vie, de garder ce côté un peu enfantin, pour juste se focaliser sur des choses qui sont positives. Je pense que c'est même serein de se mettre dans cet état d'esprit pour notre santé personnelle et puis avoir une vie cool. Alors évidemment, il y a des contraintes de vie, d'argent, de trucs matériels, etc. Aussi, il y a tout ce côté-là qui existe et qui, forcément, influence en partie notre existence. Mais quand même, je pense que la façon de percevoir les choses peut rendre notre vie beaucoup plus sympa.
“The Unseen, on le retrouve sur la pochette de l'album, c'est le monde de l'invisible.”
- Comment est-ce que les membres de Klone travaillent ensemble ? Est-ce que chacun à un rôle attribué, par exemple est-ce que c’est toi qui te charges de la composition ?
- Guillaume : Nous avons eu deux phases. Il y a eu un moment où on répétait tout le temps. On a même habité à un moment à plusieurs en colocation dans la même maison. Donc, ça nous facilitait beaucoup la vie car nous pouvions jouer ensemble, et avancer dans la compositions de disques. Par contre, au fur et à mesure du temps nous avons chacun eu notre propre maison. Heureusement nous n'habitons pas si loin les uns des autres, ce qui nous permet de nous retrouver régulièrement pour travailler ensemble. Si l’un de nous part, nous travaillons à distance avec Internet, et cela a un peu changé nos modes de fonctionnement au niveau de la conception de la musique. Je bosse mes instrus très souvent en solo à côté pour proposer une base solide puis j'envoie cela aux autres, avec qui on revoit sans cesse les détails, jusqu’à arriver à quelque chose qui nous semble parfait et clean, afin de rendre les choses audibles.
- Quand tu fais de la musique, c'est comme s'il y avait quelqu'un qui se mettait à parler. Et si tu as envie que le message soit reçu, il faut que la parole soit claire et précise. Et dans une même pièce, par exemple, si tu as tout le monde qui parle en même temps très fort, tu ne comprends rien. Alors que c'est un peu la même chose dans la musique. Quand tu as cinq, six personnes qui s'expriment avec un instrument, il va falloir faire en sorte de laisser la parole à chacun et de faire en sorte que chaque parole soit audible. Donc c'est un peu dans cet état d'esprit là que je travaille la composition pour faire en sorte que tout le monde puisse avoir le droit de parler et que ça soit audible au bon moment.
- Je fus particulièrement touchée par la chanson « Spring » qui évoque en moi un épique voyage au travers de l’espace et du temps. Comment avez-vous, avec les autres membres de Klone, abordé la composition de ce morceau ?
- Guillaume : Ce morceau-là en particulier est vraiment à part. C'est le seul morceau dont quasiment tout l'instrumental était déjà enregistré depuis 2015. Pour tout te dire, il devait être sur l'album « Here comes the sun ». A l'époque, ce morceau, on l'aimait beaucoup, mais le timing faisait que nous n’avions pas eu le temps de le travailler à sa juste valeur. Nous avons donc décidé de le mettre de côté plutôt que de le bâcler et de risquer de le gâcher. Yann s'est remis à travailler à la fois le chant et les textes l'année dernière. Et au final c'est cool parce qu'il a réussi à finir le travail en beauté. J’aime beaucoup ce qu’il représente : les fleurs qui poussent, je ne sais pas comment l’exprimer, mais il a un côté très printanier. Et en fait, il est aussi assez étrange, puisqu’il commence d'une certaine façon et puis il va commencer à chavirer. Il y a un côté obscur aussi dans ce morceau sur la fin et ça termine avec un gros riff très lourd. Et j'aime bien car je trouve qu’il est complet. Il est complètement progressif dans le sens où on voyage dans pleins de trucs différents. Avec sa fin hypnotique, il évoque quelque chose de shamanique et qui permet de clôturer l'album.
- Pensez-vous que cet album reflète une nouvelle phase pour Klone ? Où voyez-vous votre son évoluer à partir de là ?
- Guillaume : Alors moi j'ai l'impression que ce disque clôture une certaine ère de Klone juste parce que déjà c'est des compos qui sont parfois un peu plus anciennes et bien que l’on ne puisse pas changer radicalement et se mettre à composer des morceaux ultra bourrins, peut-être qu’à l’avenir, nous pourrions incorporer d’autres instruments à notre synthétique sonore, qui restera très probablement atmosphérique tout de même, parce que c’est ce que j’aime jouer, je souhaite rester dans le tempo lent, pour continuer à être concentré sur l'émotion que peut dégager la musique, ce qui a toujours été notre point fort.
- J'ai l'impression qu'on clôture une partie d'un chapitre qui va tenir de « Here Come the Sun », « Le Grand Voyage », « Meanwhile » et « The Unseen ». Ça fait un gros paquet de quatre disques. Et que dans le prochain, tu vois, je dis ça parce que j'ai certains morceaux que j'ai commencé à faire, où j’ai travaillé avec des sons de synthé qui sont des samples de harpe. Et vu qu'à la base, mon instrument avec lequel j'ai commencé la musique, c'était une guitare nylon, une guitare classique. La harpe s’en rapproche beaucoup et cela m’intéresse. Je m’amuse, j’aborde mes compositions autrement pour sortir de mes schémas classiques en essayant de ne pas utiliser la guitare mais d’autres instruments ou d’autres sons, et d'essayer de construire quelque chose autour de ça.
- Depuis plusieurs disques, j'ai de plus en plus des mélodies et des idées dans la tête, que j’entends avant de les concrétiser avec des instruments. Alors que parfois sur certains disques de Klone, les morceaux de “The Unseen” ou “Le Grand Voyage”, c'était des mélodies que j'avais trouvées en prenant la guitare et en cherchant des riffs. Avec le temps, je chantonne de plus en plus dans ma tête. Et c’est seulement après que je vais prendre ma guitare pour essayer de trouver comment faire ressortir ces idées. Et ça me permet de changer un peu de schéma et d'éventuellement pouvoir donner une couleur différente aux morceaux. Malgré tout ce que je suis en train d’expliquer, cela ressemblera toujours un peu à Klone, nous ne souhaitons pas passer à une musique qui n'a rien à voir. Mais en tout cas, j'ai plein d'idées qu’il ne me reste plus qu'à assembler entre elles.
- Je songe parfois même à faire un projet parallèle uniquement instrumental, pour essayer d'aller vers d'autres horizons et ne pas me coincer dans des schémas, parce qu'à partir du moment où tu as du chant, cela prendra le dessus sur le reste alors que si je faisais un groupe instrumental, n'importe quel instrument pourrait prendre le lead au niveau des thèmes que tu retiens, des mélodies. Car j’ai plein de matière, d’idées en tête que je n’ai pas envie de mettre à la poubelle, mais qui ne matchent pas toutes avec Klone.
“J'ai l'impression que ce disque clôture une certaine ère de Klone”
- Vous passez prochainement au Ferrailleur à Nantes, et je me demandais si vous aviez des dates sur Paris de prévues ?
- Nous avons annoncé il y a peu nos prochaines dates, et il y en a une qui est prévue au Trabendo à Paris, mais plus tard en octobre. Il y a d'autres dates qui sont confirmées, qu'on n'a pas encore annoncées. Je sais qu'il y a le We Metal Fest à Ris Orangis. Il y aura des dates plutôt en périphérie de Paris au début, qui vont arriver, et la grosse date parisienne sera au mois d'octobre. Nous avons aussi des dates prévues pour cet été. Mais en effet, nous jouons également aux Ferrailleurs à Nantes, où nous avons joué pas mal de fois et le public nantais est toujours super cool. Nous avons également des dates à l’étranger qui sont prévues pour fin avril début mai... Il y a plein de projets qui sont sur la table mais qui ne sont pas encore validés, mais nous devrions pas mal tourner cette année.
- Quels sont les projets ou collaborations que vous aimeriez explorer à l'avenir, que ce soit dans la musique ou dans d'autres domaines artistiques ?
- Guillaume : Au niveau de la musique pour Klone, rien n'est encore fixé mais j'avais déjà eu des idées de vouloir bosser avec certaines personnes pour des featurings, comme Devin Townsen, on avait voulu à un moment essayer de tenter de faire des choses, mais cela n’avait pas pu se faire. Nous avions également voulu travailler avec le chanteur d'Opeth ou le chanteur de Katatonia sur certains morceaux en featuring, ça aurait été classe. On a eu quelques featurings avec Klone dans le passé, dont le chanteur de Gojira il y a longtemps sur un titre qui s'appelle “All Things High”. On a eu aussi le chanteur d'un groupe américain qui s'appelle Kings X, qui fait un gros rock américain qui date de l'époque du grunge, qui est très très cool. Cela fait quelque temps qu'on n'a pas refait de feat, mais ça pourrait être cool. Je sais que dans l'idée aussi de collaborer avec un musicien, comme on l'a déjà fait dans le passé, on a déjà collaboré avec un artiste aussi sur l'album “All Things High” et c'était chouette. Que ce soit du violoncelle ou ce genre d'instruments à cordes, moi c'est quelque chose qui me fait vraiment plaisir de pouvoir incorporer dans notre musique.
- Après, au niveau des groupes avec qui tourner, je sais qu'on avait fait une tournée avec Pain of Salvation qui était cool et je pense que ça va se refaire mais il faut juste qu'ils se mettent à sortir un album pour que ça puisse matcher au niveau des plannings. Nous avions tourné avec Riverside qui sont très sympas. Idéalement, je pourrais citer aussi Steven Wilson de Porcupine Tree avec qui on aurait bien aimé faire quelque chose un jour en termes de prod, mais c'est pas simple à mettre en place. On a déjà tenté, mais cela n’a jamais abouti.
- J'ai déjà eu un autre projet beaucoup plus pop qui s'appelait Polar Moon avec lequel j'avais commencé à avancer avec une chanteuse. Je vous recommande notamment le morceau “Facing The Wall Polar Moon”, qui est un titre qui, si vous aimez bien Klone, je pense que vous y reconnaîtrez ma patte ! J’ai plein de compos qui sont en cours que j'avais commencé et qui ne sont pas terminées, et c'est cool de pouvoir faire autre chose à côté et vu que je suis un gros fan de pop musique j'aime bien aussi faire des trucs autres que Klone. Et j'espère pouvoir continuer à avancer sur ça.
- Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
- Guillaume : Dernièrement j'ai écouté beaucoup de Kate Bush, pour découvrir des albums que j’avais peu approfondi. J'ai réécouté les Doors, c’est un truc que j'ai toujours écouté et que j'adore. Je me suis mis le dernier album de The Cure aussi. J'ai réécouté Led Zeppelin. Novelist, que j'ai écouté par curiosité. C'est pas un truc que j'écoute souvent, mais je suis curieux d'écouter les nouveaux groupes français, c'est ce qu'ils font. Il y a aussi eu pas mal de Radiohead, il y a pas longtemps. Il y a eu du DeWolff. J'ai réécouté du Muse, il y a pas longtemps. Là, j'ai découvert un mec qui s'appelle Nick Drake, un truc des années 70 qui est très cool. Je ne sais pas si vous connaissez Filter, c’est un groupe américain de gros rock qui est très chouette. Bad Bad Not Good aussi, je ne sais pas si vous connaissez ça. C’est un peu plus instrumental et un peu jazz avec plein de featurings. Sinon également Perfect Circle ou encore Dépêche Mode aussi, j'aime beaucoup. Un autre groupe qui s'appelle Sampha qui est plutôt un chanteur de soul, le mec il a une pure voix et c'est vraiment mortel.
- Enfin, quel message souhaiteriez-vous passer aux lecteurs de cette interview ?
Merci à tous ceux qui nous soutiennent, c’est un grand plaisir de pouvoir partager notre musique J’adore apprendre que de nouvelles personnes découvrent notre travail et notre univers, cela nous fait toujours plaisir. J’espère que vous viendrez nous voir en live, afin que nous puissions passer de bons moments en concert !
Un grand merci à toi pour ton enthousiasme et ton temps !