4/4/2024

Voidgaze - Panam Violence

Donc, parlez-nous un peu du groupe, comment il est né, etc.

Dylan : À la base, j’avais monté en 2020 un groupe de cover avec des potes du lycée, le batteur était mon meilleur ami à l’époque. Au départ, ce n’était pas un projet particulièrement sérieux. Le chanteur est parti pour des raisons de divergences musicales et on a continué avec le batteur, sous le nom de Moth. Et Matthieu nous a rejoints en juin-juillet 2022…

Matthieu : Ouais, on a essayé justement de trouver la réelle date de naissance du groupe, et on s’est arrêtés sur le 3 juillet. En fait, moi ça faisait un moment que je chantais seul dans ma chambre et que ça faisait chier ma mère [Rires] et au bout de presque 3 ans à m’entraîner tout seul, je me suis dit que ce serait cool de trouver des gens avec qui faire quelque chose. J’ai eu plusieurs expériences et finalement, via un site internet, j’ai fini par rencontrer Dylan, et il se trouve qu’il cherchait aussi un bassiste. Et comme Mrick était mon meilleur pote depuis presque 5 ans, je lui ai proposé de venir, sachant qu’on a des influences musicales assez communes. À la base, on avait deux propositions de groupes, et on avait écouté Moth et c’était quand même un peu au-dessus, donc on s’est dit : « on va peut-être les rejoindre ». On s’est rencontrés, et ça plutôt bien matché.

Dylan : Oui, ça a matché, même niveau énergies, pas que musicalement, sur les deux plans directement.

Matthieu : C’est vrai que dès la première rencontre, Valentin, l’ancien batteur, a pris un thé alors qu’il faisait 150 degrés, je me suis dit : « les mecs sont marrants ». Déjà, moi, je passe pour un connard parce que je bois pas d’alcool ; lui il arrive au bar, il demande un thé chaud, un earl grey, donc je te laisse imaginer à quel point lui est encore plus passé pour un connard [Rires].

Dylan : Après, le batteur a quitté le groupe vers mars-avril [2023] parce qu’il pouvait pas suivre le rythme, je pense qu’il était pas aussi motivé que nous, et c’est là que comme Matthieu et Mrick étaient potes avec le batteur d’Astrayed Place, Evan, il nous a rejoint d’abord juste pour dépanner, puis après il a vachement matché avec notre univers, et il nous a fait une proposition pour rester dans le groupe.

Matthieu : À la base, il déteste le beatdown, ça lui plaît vraiment pas, et c’est pour ça que quand il nous a dit : « J’ai envie de rester avec vous », le connaissant, on s’est dit : « non mais c’est pas du tout ton truc, t’aime pas du tout ça », et il nous a répondu « non, mais à jouer, c’est marrant ! ». Puis, après on a aussi changé de nom, on est passés de Moth à Voidgaze, parce que Moth ça nous convenait plus trop, et aussi c’est dur à dire. Imagine, t’es sûr scène, tu dis : « On est Moth ! », ça sonne un peu comme si on disait « On est moches », alors, c’est vrai qu’on est pas très beaux, mais quand même ! [Rires]

Souvent, sur les albums, on voit écrit « pour les fans de tel ou tel groupe… » selon vous, votre musique pourrait plaire aux gens qui écoutent quoi ?

Mrick : Des trucs bien bourrins.

Dylan : Globalement, nos influences, c’est un mélange entre du beatdown, du hardcore avec parcimonie, et du black metal. Personnellement, je suis très black metal et un peu beatdown, eux sont très beatdown et plus typés hardcore, du coup on a vraiment fait un mélange de ces trois styles.

Matthieu : Pour le chant, moi je m’inspire beaucoup de Rise of the Northstar, qui est un de mes groupes français préférés, de Paleface Swiss, Zelli c’est un de mes chanteurs préférés, aussi, mais encore plus de David Gunn de King 810 qui est, je pense, au niveau de l’écriture, de la façon de chanter, de la gestuelle sur scène, aussi, l’influence majeure que j’ai personnellement, et si on peut plaire à des gens qui aiment bien King 810, c’est cool ! Mrick t’as d’autres influences, peut-être ?

Mrick : Moi c’est le bordel, parce que mes influences elles partent vraiment de la Oi! à la base, mais dans le metal ce serait plus du hardcore style Lionheart.

Matthieu : Très très bon !

Dylan : Mais si on doit retenir un terme pour nous décrire, ce serait « Panam Violence ».

Matthieu : Ouais, on a inventé le terme « Panam Violence » parce qu’on fait pas vraiment du beatdown ou du hardcore, y a différentes influences, mais on est beaucoup influencés par le fait qu’on vienne de Paris. Donc, le Panam Violence, ça existe pas, mais j’aime bien la sonorité des termes, et si on peut inventer un style, c’est cool [Rires].

C’est la marque des grands groupes ! Est-ce que pour vous, le look, l’apparence, c’est important pour percer dans le milieu ?

Dylan : Je crois qu’on est peut-être le groupe qui s’en bat le plus. [Rires]

Matthieu : C’est une question super compliquée, mais pour développer un peu là-dessus, Maxwell a fait une très bonne vidéo sur le look, et je suis assez d’accord avec lui, dans l’idée où pour certains groupes ça peut être extrêmement important, genre si tu prends un groupe de black metal norvégien de la seconde vague…

Mrick : Si tu vois un mec sapé comme moi, c’est pas possible !

Matthieu : Oui, voilà, si tu prends Behemoth, Gorgoroth, Gaahls Wyrd, etc., le black metal en général, c’est quand même assez important d’avoir une dégaine, sans forcément aller jusqu’à crucifier des gens sur scène [Rires]. Mais si tu prends des gens comme Slayer, Dream Theater, etc., ils ont pas un look très défini, mais c’est pas gênant. Je pense que pour le hardcore et le beatdown, ce vers quoi on tend, c’est bien d’avoir un look typé hardcore, mais c’est pas non plus nécessaire. Moi, je vais me balader en short, en t-shirt un peu trop grand, en casquette, parce que c’est un look que je kiffe aussi, mais y a rien d’obligatoire. Et dans le public, tu auras autant des punks que des skins, ou même des mecs sapés rasta, y aura des hardcore kids, des thrasheux… Y aura des mecs comme Dylan qui s’habillent, on va dire, « normalement ». Evan [le batteur], lui, il s’est ramené avec son débardeur « Parental Advisory »…

Dylan : Ben Evan, lui, faut qu’il soit à l’aise ! Déjà, il joue en chaussettes, ça me fait bien rire…

Matthieu : Oui, il joue en chaussettes, ça n’a aucun sens ! Mais tu vois, son débardeur, il l’a depuis qu’il a 16 ans, je l’ai connu, il l’avait déjà ! [Rires]

Il a peut-être un seul débardeur…

Matthieu : Je sais pas s’il le lave entre-temps. [Rires] Non, mais ouais, c’est cool si t’es looké, et que ça aille un minimum avec le style, genre si je me ramène en black metalleux avec des piques de 15 cm, ce sera bizarre…

Dylan : Ouais, c’est bien je pense qu’on identifie ce que tu fais comme musique, mais c’est pas obligatoire.

Matthieu : Après, ça pose aussi la question de l’esthétique générale du groupe, et par exemple pour un album, c’est bien d’avoir aussi une pochette qui a un sens, et si on se met à mettre des petits poneys sur un truc qui s’appelle « Against all… »

Mrick : Ça peut être marrant…

Matthieu : Oui ça peut être marrant, mais bon, si je parle d’ouvrir les gens en deux et d’armes à feu, ça va surprendre, je pense.

Mais après y a certains groupes qui n’auraient peut-être pas connu autant de succès sans une esthétique particulière… Par exemple Ghost…

Matthieu : Oui, Ghost, ou Slipknot aussi que j’ai adorés à leurs débuts, mais qui ont beaucoup misé sur l’esthétique.

Et vous votre objectif, ce serait de devenir aussi gros que Slipknot ?

Matthieu : Plus ! [Rires] Tu vois Metallica ? C’est des petits joueurs ! [Rires]

Après, vous êtes dans un style qui sera jamais très mainstream non plus !

Dylan : Ben c’est pas notre objectif non plus de devenir mainstream, mais juste en vivre en fait ce serait génial. Mais l’objectif premier, ça reste de s’éclater, d’en profiter. Si on perce pas, ben tant pis, on kiffe quand même, et on ne va pas dévier de ce qu’on joue maintenant parce que c’est ça qui nous fait kiffer. Je sais que plein de groupes ont dévié pour suivre des tendances…

Matthieu : Ah, je peux t’en citer 15 des groupes comme ça !

Dylan : Mais on fera jamais ça. Soit tu kiffes ce qu’on fait, soit t’es pas avec nous !

Matthieu : Ben, après, je vais un peu m’inscrire en faux, si jamais le beatdown un jour nous fait chier, et qu’on a envie de faire du hard rock…

Dylan : Ah ben moi, je me barre !

Matthieu : Ben OK ! [Rires]

Dylan : Non, moi c’est que beatdown et black metal !

Oui, mais quand t’auras 50 ans ! On vieillit, on évolue, les goûts changent…

Dylan : Bon, peut-être que je ferai du jazz…

Ah !

Matthieu : Bon, c’est vrai que moi j’aimerais beaucoup en vivre, mais il faut bien percer pour en vivre. J’ai pas spécialement envie de rester dans le taff alimentaire que j’ai maintenant, mais si on perce jamais je m’en fous, en fait, je veux juste être sur scène, parce que c’est incroyable d’être sur scène !

Et pour percer, vous êtes prêts à quoi ? À des compromis ? À coucher ? [Rires]

Matthieu : Ben coucher, faudrait déjà qu’on y arrive ! Rires]

Dylan : Non mais on s’abaissera jamais à quoi que ce soit, si on perce ce sera par notre talent et parce que des gens ont kiffé ce qu’on fait… Honnêtement, on a envie que les gens qui viennent au concert kiffent ce qu’on est et ce qu’on renvoie.

Matthieu : Oui, on n’a pas envie de prostituer Voidgaze parce que c’est notre bébé à tous. Si on peut le garder dans l’état de pureté où il est… C’est pareil, on fait tout nous-mêmes ou avec des copains, et j’aime bien cette idée d’indépendance. Y a des groupes qui ont réussi en faisant tout eux-mêmes, et j’aime cette démarche d’arriver et de dire « on propose ça, vous prenez, vous prenez pas… ».

Dylan : Oui, y a cette fierté de tout faire maison.

Matthieu : Oui, si on peut rester dans ce côté un peu candide, tout en étant un peu reconnus, c’est cool. Après, de nos jours, il suffit d’une trend TikTok ou de percer un peu sur YouTube…

Dylan : Et c’est parti !

Matthieu : Ouais, c’est ça !

Et donc votre truc en plus à vous, par rapport aux autres groupes ?

Matthieu : On est gentils, aimez-nous ! [Rires] Non, je pense que ce sera le public qui décidera de ça !

Orsola G.

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