Après un été riche en festivals, en évènements sportifs et en émotions diverses, il est temps pour les concerts en salle de reprendre leurs droits. Pour les fans de métal l'Elysée Montmartre frappe fort en cette rentrée avec une affiche alléchante composée de Schizophrenia, Immolation, Municipal Waste et Cannibal Corpse en final... A priori, il n'y aura pas de piano...
Schizophrenia et Immolation sont programmés relativement tôt et je ne peux malheureusement pas assister à leurs prestations. J'arrive devant la salle quelques minutes avant Municipal Waste. A l'extérieur, le coin fumeur est bien rempli et, vu les looks, je ne me suis pas gouré d'adresse.
En effet, à l'intérieur, c'est une collection de (bons) clichés... Les t-shirts toujours très graphiques et gores à souhait (pour caricaturer, essentiellement noirs avec un personnage maléfique, Trump par exemple, et du sang quelque part...) de Municipal Waste et de Cannibal Corpse sont logiquement arborés avec les classiques Hellfest ou Motocultor de bon aloi.
Le concert n'a pas encore commencé et je décide de tenter de me placer assez proche de la scène. Il est vite évident que cela ne va pas être simple. Etant d'une taille relativement modeste je constate vite que je ne tiendrai pas la hauteur étant entouré très majoritairement de mâles aux profils de Vikings, toujours souriants et sympathiques, mais aux épaules rédhibitoires pour un confort visuel correct.
Prenant du recul pour me rapprocher de la console des ingés (toujours une valeur sûre à l'Elysée), je suis fasciné par le nombre de tatouages au mètre carré. Etant vierge à ce niveau-là (ma mère n'aime pas...), je me dis que je dois représenter 2% du public de la salle, et encore... Mais bon, on n'est pas là pour ça...
Bienvenue à la "Trash Party" de Municipal Waste
A l'heure prévue, Tony Foresta et ses acolytes de Municipal Waste foulent les planches de la salle qui commence à être pleine. Le look du groupe de Richmond est typique du trash metal américain, mélange de bikers et de style 80's avec des bandanas couvrant leurs larges tignasses et des vestes en jeans arborant divers patchs. Le set débute de manière très énergique avec "The Executioner" mais pâtit d'un son un peu étouffé durant les dix premières minutes. Petit à petit, cela s'améliore grandement et lorsque "You're cut off" est entamé, l'étincelle se produit...
C'est une pluie de verres, plus ou moins vides, qui sont lancés en l'air... C'est le vrai départ de la "Trash Party", concept préféré et revendiqué par le groupe, qui se résume à : musique forte, rythmique ultra rapide et gentil bordel.
Devant, dans le public, les pogos s'enchaînent et les Vikings se défient à cœur joie. Le show est lancé. Les morceaux courts, énergiques et globalement potaches se succèdent. Les guitaristes arpentent la scène, levant leurs instruments en cadence de haut en bas, de gauche à droite. Tony s'amuse avec la fosse, jouant le parfait Mr Loyal, bondissant ici et là et nous invitant à "Let's Fucking Love !!!".
On n'a pas le temps de reprendre son souffle, il n'y a absolument aucun temps mort... Le mélange de riffs, beaucoup plus techniques qu'il n'y paraît et de phrasés plus ou moins hip hop est parfaitement exécuté. Ils sont en forme et le public également. Pas de subtilité dans la setlist qui va piocher dans les classiques et valeurs sûres de nos Trashers avec un remuant "Headbanger Face Rip", un"Sadistic Magician" qui met en valeur toutes les qualités de Dave Witte derrière sa batterie, un "The Art of Partying" qui combine un peu toutes les qualités et styles du groupe et qui fera massivement lever les poings dans la salle.
Pour conclure cette bonne heure intensive, l'indispensable "Born to party" est asséné et le plaisir de beugler le désormais classique "Municipal Waste will fuck you up" n'est pas feint par une foule qui semble réjouie... On était presque dans l'intensité de la Warzone du Hellfest !!!
Le drap servant de fond de scène à Municipal Waste et qui était posé de manière assez nonchalante devant le visuel de Cannibal Corpse est retiré. Changement de décor, après le Trash il est temps de passer au Death metal...
Fracture de nuques avec Cannibal Corpse
Ou de rester un peu entre les deux car les vieux routiers que sont Cannibal Corpse, qui arpentent les routes du rock depuis la fin des années 80, sont autant appréciés par les fans de Death que de Trash... La musique n'est qu'interprétation.
La carcasse imposante de George Fisher, le chanteur de Cannibal Corpse au physique de Shrek, entre en scène et on ne peut pas le rater. Le mec en impose sacrément, arborant un t-shirt à son effigie (on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même...) indiquant "Respect the Neck". Les autres membres du groupe le suivent et nous dévoilent eux aussi leurs looks inimitables et leurs longues tignasses.
"Blood Blind" et "Scourge of Iron" entament le set. Le rythme est moins rapide que lors de Municipal Waste. Le headbanging est plus lent mais plus ample. C'est un classique chez eux mais c'est toujours un régal d'admirer le balancement circulaire de la tête faisant osciller leurs longs cheveux en cercle. Pour le bien de votre nuque, ne tentez pas de reproduire cela chez vous. Il faut de l'entrainement et j'imagine un bon échauffement le matin devant la glace de la salle de bain. Bon pour un chauve comme moi, c'est assez frustrant : pas de bras, pas de chocolat...
Le son est assez bon, logiquement très lourd. Tout se ressemble un peu mais chaque morceau conserve néanmoins une singularité. Cette impression est sans doute dûe au style de chant ultra guttural de George Fischer qui a sûrement brisé les tympans de multiples ingés sons. "Fucked with a knife" est particulièrement réussi. Je suis bluffé par la batterie et la cohésion que le chanteur réussi avec cette dernière dans son phrasé.
A la différence de la précédente prestation, il y a des temps morts assez longs entre les morceaux. Les membres du groupe en profitent pour haranguer la foule qui le leur rend bien à coups de "Fuck".
L'Elysée Montmartre semble revenu à sa passion des années 50 lorsque la salle abritait des combats de catch et de boxe. Il y a de la sueur et, dans le pit, c'est violent... Dans "le bon sens du terme" comme dirait nos amis sportifs. Mais il y aura peu de pause entre les circles et les moshs pits. "Pit of Zombies" porte d'ailleurs bien son nom et réussira l'effet voulu.
Après la classique annonce du faux dernier titre sur "Stripped, Raped and Strangled", le groupe prend congé du public après un court rappel et avec le morceau indispensable, le plus connu des fans, "Hammer Smashed Face". C'est l'occasion d'une dernière déflagration qui fera trembler les murs, les épaules et les tignasses.
Il est temps de redescendre après ces deux sets de haute intensité pour nos oreilles et nos colonnes vertébrales. Le public semble ravi tout comme l'auteur de ces lignes qui, bien que chauve, de taille moyenne et sans tatouage, se sent toujours bien accueilli au sein de ce joyeux public.
Je laisse le mot de la fin à notre photographe préféré, François, qui a pu assister au spectacle aux premières loges et qui m'a résumé le moment ainsi : "Putain... J'avais l'impression d'être devant Leather Face de Massacre à la Tronçonneuse !!!"
Texte : L'humeur musicale
Photos: François Capdeville