16/4/2025

Epica Release Party : La machine à remonter le temps

              Comme de nombreux coreligionnaires métalliques adeptes du metal symphonique, Epica a été pour moi un passage obligé et particulièrement formateur de mes jeunes années. A l’instar de Nightwish ou de Within Temptation, il a été la porte d’entrée vers d’autres genres, et les accords de Cry for the Moon, Storm the Sorrow ou Consign to Oblivion ont longtemps résonné dans mes oreilles.  

              La Release Party du 12 avril 2025 à L’Alhambra de Paris, à l’occasion de la sortie de leur nouvel album Aspiral, m’a fait voyager dans le temps, et m’a rappelé pourquoi ce groupe continue, 22 ans après leur premier album, à laisser durablement sa marque dans l’histoire du metal.  

               Loin d’être un simple Meet & Greet, et s’inspirant peut-être de l’exposition de la Philharmonie de Paris – qui je l’espère en appellera de nombreuses autres -, la Release Party nous a permis d’explorer l’histoire du groupe à travers leurs objets les plus précieux. Les guitares de Mark Jansen et d’Isaac Delahaye, la batterie d’Ariën van Weesenbeek, la basse de Rob van der Loo, le synthé de Coen Janssen, et même les nombreux micros gothiques de Simone Simons étaient présentés au public, côtoyant les tenues de scène les plus emblématiques de la chanteuse, et les nombreux exemples de merch’ produits au cours des ans. Briquets,t-shirts, figurines, dessous de verre, CDs… A travers les différentes vitrines, le visiteur retraçait par les objets le parcours du sextuor néerlandais, de leurs débuts en tant que Sahara Dust à leurs dernières productions artistiques.

La batterie de Ariën van Weesenbeek

Du merch' historique

                        Sur le devant de la scène, des objets plus personnels, tels que la partition originale de Cry for the Moon, les indispensables de Simone Simons (rouge à lèvres, Red Bull, pastilles pour la gorge), ou encore des cadeaux de fans (Barbie customisée, peluches en crochet…) étaient exposés pour notre plus grand plaisir.

Les essentiels de la chanteuse Simone Simons
Des cadeaux de fans

La scénographie du lieu était elle aussi bien étudiée : sculpture de cobra géant en métal utilisée lors de leurs shows, structures géométriques dansantes, lumières… Le tout servi par une bande-son exceptionnelle de leurs meilleurs morceaux, et par des extraits vidéos de leurs concerts et clips.

Mark Janssen en discussion avec des fans

             Après une heure de voyage temporel, ponctuée de séances photos avec les membres présents dans la salle, le public était invité à se rassembler autour de la scène principale pour un échange avec les musiciens et la chanteuse, sous forme d’un questions-réponses animé par la chanteuse néerlandaise Charlotte Wessels, qui avait collaboré avec le groupe sur « Sirens – Of Blood and Water ».  En voici pour vous des extraits exclusifs.

Le groupe réuni pour la séance de questions/réponses. De gauche à droite : Charlotte Wessels, Ariën (batteur), Mark (guitariste, death vocals), Simone (chanteuse), Rob (bassiste), Isaac (guitariste) et Coen (synthé)

Quelles ont été les inspirations derrière le nouvel album ?  

Simone : Ma propre vie a inspiré certaines chansons, par exemple Apparition qui s’inspire de la légende de la Dame Bleue de Hoensbroek, ma ville natale. Mais j’aime beaucoup regarder des films, et Cross the Divide est inspiré du film Interstellar, par exemple.

Rob : Hanz Zimmer est clairement une source d’inspiration. Inception a aussi influencé nos compositions. Je me suis également inspiré de la musiques ynthwave des années 80. Mais c’est le documentaire Struggle : The Life and Lost Art of Szukalski, sur l’artiste polonais Stanisław Szukalski,qui a défini le ton de cet album. C’est de son œuvre Aspiral qu’est dérivé notre titre. Ce documentaire était très intéressant et il m’a beaucoup parlé. Le fait est que nous avons la chance d’être cinq paroliers dans ce groupe, donc les sources d’inspiration et les idées sont illimitées.

 

Était-ce une décision consciente de changer votre formule habituelle, par exemple de ne pas reprendre le même artiste pour le cover art, ou de ne pas mettre d’intro ?

Pour déterminer l’orientation de l’album, le process est toujours organique : on s’assoit tous ensemble, et on échange des idées. Ça se fait naturellement.

Après Alchemy Project, on voulait continuer à expérimenter un peu. Le changement, c’est très excitant, et c’est ce vers quoi on tend. Comme on était inspirés par l’art de Szukalski, on s’est dit qu’on allait aussi changer l’artwork : on a donc collaboré avec Hedi Xandt. Ça faisait bizarre au début de ne pas travailler avec Stefan Heilemann (n.d.l.r. :l’artiste des précédents albums), mais ça s’est super bien passé avec Hedi ; on était sur la même longueur d’onde, et c’est comme si on avait un septième membre du groupe.

On n’a pas mis d’intro, parce qu’on n’avait pas d’intro, et on ne voulait pas se forcer à en mettre une par principe. A quoi bon ? De même, on a décidé de ne pas mettre de logo sur la pochette, parce que c’est ce qui nous semblait pertinent. Parfois, il faut laisser l’art s’exprimer par lui-même.

 

Isaac Delahaye en dédicace

Quels étaient les défis de cet album ?

Ariën : Le plus difficile, c’est de laisser la musique guider ce que j’allais faire à la batterie, plutôt que de faire simplement ce que j’ai envie de faire. Il faut prendre en compte ce que ça donne de manière globale.

Mark : De changer d’artiste de cover art. Mais ça a donné lieu à une belle collaboration.  

Simone : J’ai enchaîné directement après mon projet solo Vermillion, donc c’était assez fatiguant ; cependant, on m’a laissé prendre du temps pour me reposer, et ça m’a aidée.

Rob : De répéter tous ensemble, plutôt que de jouer chacun son passage dans son coin et de compiler les pistes. Ça donne un effet moins « clinique », et c’est plus naturel, ce que je préfère ; cependant, c’est un défi.

Isaac : Le plus difficile, je pense, c’est de rester concentré, de ne pas perdre le filet se laisser submerger ; il peut vite y avoir « trop à entendre » si on ne fait pas attention. Le fait que Simone ait été là dès le début a facilité le process.

Coen : La gestion du temps, les plannings, c’est toujours un peu tendu.

 

Pouvez-vous expliquer votre clip Fight to Survive ?

Pour être franc, on ne le comprend pas nous-mêmes… *rires* Mais si vous le regardez dans l’ordre de narration, en commençant par le clip d’Arcana puis de Cross the Divide, vous pourrez déjà mieux comprendre l’ensemble.

Pour info, on a fait toutes les cascades nous-mêmes ! Nous avons souffert pour notre art. *rires*

Une salle comble et à l'écoute, feat. le cobra géant en métal

 Quelle chanson du nouvel album avez-vous envie de jouer le plus ?

Ariën : Cross the Divide !

Mark : Je dirais Darkness Dies, sachant qu’en plus c’est une chanson qui a été inspirée par la naissance de ma fille, c’est très personnel pour moi. Par ailleurs, c’est la voix de ma fille que l’on entend lorsque la petite fille crie dans T.I.M.E. !

Simone : Je pense The Grand Saga of Existence. Comme ça, je pourrai exorciser mes démons sur scène.

Rob : Ça dépend vraiment de mon humeur, donc impossible de choisir.

Isaac : Fight to Survive. Juste parce que j’ai vraiment envie de voir la réaction du public quand on la jouera.

Coen : Je dirais Obsidian Heart.

 

Coen Janssen nous offre sa propre version du "Obsidian Heart"

Ok, plus dur. Quelle est la chanson qui pour vous représente le mieux l’ambiance d’Epica, tous albums confondus ?

Arien : Obsessive Devotion

Mark : Kingdom of heaven – Part 1. *murmures d’approbation du public*

Simone : C’est ce que je voulais dire ! Bon, puisque je ne peux pas choisir celui-là, je dirais Design your Universe.

Rob : Je dirais Consign to Oblivion. C’est une chanson incroyable en live.

Isaac : Chasing the Dragon.

Coen : Kingdom of Heaven -Part 3, ou alors The Grand Saga of Existence.

 

Simone, est-ce que votre fils écoute vos chansons ?

Non, il préfère écouter Amaranthe. *rires* Mais il est fier de notre travail, surtout quand les gens me reconnaissent en public et viennent me parler.

 

Quel est votre retour sur le fait d’avoir été première partie de Metallica en 2023 ?

C’était comme un rêve réalisé. On s’est sentis vraiment accueillis. Ils nous ont même offert un gâteau qu’ils avaient cuisiné eux-mêmes pour nous remercier d’être leur première partie. Ils sont très sympas.

 

Dernière question : est-ce que vous avez songé à utiliser l’IA dans votre processus créatif ? Si non, est-ce que vous êtes inquiets de l’importance que cela pourrait prendre dans l’avenir ?

Mark : Non, et non. *rires*

Coen : Franchement, j’ai essayé de créer une chanson avec une IA juste pour voir ce que ça donnerait, et c’était bien de la merde. *rires*

Mark : Nous ne sommes pas du tout inquiets par rapport à l’IA, d’abord parce que mêm esi elle se perfectionne, nous aussi nous nous perfectionnons, donc elle doit toujours nous rattraper.

Ariën : Le fait est que l’essence de la musique vient des vrais artistes. L’IA n’a aucune âme et n’en aura jamais. Donc elle ne sera jamais équivalente à ce que peut produire un être humain.

Mark : Ça peut éventuellement être un outil pour chercher de nouvelles idées, mais ça ne peut pas faire le travail à votre place. Et puis, franchement, si vous utilisez l’IA pour faire un album, quel intérêt en tirez-vous ? Le processus créatif, c’est ce qu’il y a de plus amusant. Utiliser une IA du début à la fin, c’est se retirer ce plaisir.

***

Aspiral est disponible sur vos plateformes depuis le 9 avril 2025.

A bientôt pour de nouvelles aventures métalliques !

Salutations de la part de l'équipe MDF !

Texte : Blandine Marcé (Blandus)

Photographies : Stéphanie Morgado (@sekhmet_eve) 

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