Il s’annonce fort ce calendrier de l’Avent avec un 1er décembre consacré à Ronnie Radke et sa bande Falling In Reverse... Alors que leur dernier passage en France date de près de 10 ans. Et quelle évolution ! Initialement programmé au Zénith, le show est finalement déplacé à la sacro-sainte Accor Arena, une consécration pour le quartet américain.
Hollywood Undead
19h30 tapante, c’est Hollywood Undead qui a la tâche de chauffer la salle ce soir. Et c’est un défi relevé haut la main ! La formation américaine déborde d’une énergie terriblement contagieuse. Avec son côté rap us, mêlé aux accents de basses bien lourds, la fosse ne répond plus dès le premier titre. Leur set est un enchaînement de party songs, comme ils se plaisent à les appeler, et de titres qui ont marqué toute une génération : “California Dreaming”, “Riot”, “Everywhere I Go”; “Hear Me Now”, “Bullet” et autres “Undead” ont littéralement retourné une fosse en délire. Et hommage tout spécial aux palmiers illuminés sur la scène, on a rarement vu le California Dreamin' appliqué avec tant de sérieux ! En bref, vous l’aurez compris, Hollywood Undead était un bon choix pour ouvrir cette soirée : les sonorités rap us si chères à Ronnie Radke, et cette touche de puissance qui ravit toutes les metalheads de l’assemblée. Mention spéciale (dans le bon ou le mauvais sens du terme, à vous de juger) pour l’incursion inopinée de Norbert Krief de Trust qui nous a franchement mis plus mal à l’aise qu’autre chose avec son riff d’Antisocial lancé sans préambule et en décalage complet avec l’ambiance de la soirée.
C’est l'accalmie dans l’Accor Arena. Il fait une chaleur infernale et le public semble épuisé de son échauffement avec Hollywood Undead. Pourtant, c’est à ce moment précis que va se jouer un moment d’une rare beauté. Sur la bande son de l’entracte, In The End s’élève, et c’est toute la Arena qui va scander ses paroles, cœur et âme, d’une même voix. Un moment qui nous a franchement collé des frissons.
Falling In Reverse
Mais bien vite, l’excitation reprend le pas. Une caméra embarquée nous emporte directement vers les backstages, face à un Ronnie Radke survolté qui, si on ne le savait pas sobre de toutes substances, nous semblerait franchement sous emprise. On va alors le suivre à travers un dédale de couloirs, sur fond d'AC/DC, jusqu’au dernier sas avant la scène. L’homme est dans un état d’euphorie presque palpable. Et pour cause, remplir l’Accor Arena est un véritable succès que l'on réserve aux Grands, et pour un artiste qui subit encore régulièrement les foudres et les revers d’un passé sulfureux, ce n’était pas gagné d’avance.
Ronnie Radke apparaît sur scène et occupe immédiatement tout l’espace. Le chanteur joue d’une aura captivante qui envoute les fans. Le set démarre par “Prequel”, introduction du dernier album, Popular Monster, et auto-biographie savamment déroulée (on vous laisse aller jeter un œil à notre chronique de l’album si vous souhaitez en savoir plus). C’est évidemment un choix judicieux que de lancer le show de cette manière. “Prequel” plante le décor de ce qui a amené Falling In Reverse, du moins, sa tête de pont, à se tenir sur les planches de l’Accor Arena en ce premier décembre. On enchaîne avec “Zombified”, véritable hit de la formation, et déjà les flammes s’élèvent sur la scène, faisant encore grimper un thermomètre déjà en souffrance (ceux de devant, ça va, vous avez survécu ?). Derrière les musiciens, un écran géant diffuse le clip, et ce sera vrai pour quasiment tous les titres, proposant parfois une certaine mise en abyme du chanteur affiché en stéréo à l'arrière-plan. On continue avec “I’m Not A Vampire” qu’on a été franchement déçus de ne pas découvrir en version revamped. En effet, la version originale paraît presque bâclée à la lumière de cette nouvelle proposition piano / voix absolument superbe qu’on a écoutée en boucle à sa sortie et qui incarne une certaine maturité. Dans la même lignée, “Fuck You And All Your Friends” ne nous transcende franchement pas. Néanmoins, ces titres nous permettent d’observer l’évolution de Falling In Reverse, passant peu à peu d’un copycat d’Escape The Fate à l’affirmation d’une personnalité complexe et bien plus profonde. Justement, “Bad Guy” démarre. C’est un titre qui joue totalement sur la facette rap us de Ronnie Radke, et qui fonctionne pourtant terriblement bien, même au milieu de cette foule de barbus. Et à raison ! Avouer sans détour ses travers devant 20 000 personnes, c’est carrément courageux. Derrière lui, les paroles défilent sur l'écran géant.
Dans la fosse, les mots résonnent comme un hymne :
'Cause I'm the bad guy, I'm a savage
I'm obsessive, I'm dramatic
I'm a loner, I'm an addict
I'm so goddamn problematic
I'm the bad guy, I'm a loser
I'm a psycho, believe the rumors
Petit passage par un classique, “Losing My Mind” et on retombe dans notre deuxième déception de la soirée, “The Drug In Me In You”, encore une fois proposée dans sa version originale et non reimagined. Mais la déception est rapidement effacée par la surprise, car c’est à présent un titre d’Escape The Fate qui se fait entendre. “Situations” est aussi inattendue que surprenante, peut-être est-ce un clin d’œil, mais on penche plutôt pour un majeur bien dressé à l’ancienne formation de Ronnie Radke avec qui les choses se sont plutôt mal terminées.
Deuxième partie de concert, et début du délirium. La fosse est chauffée à blanc, c’est le moment que choisi Ronnie Radke pour jouer avec le feu. En démontrant par A + B qu’on est tous des “assholes”, il lance un franc moment de rigolade avec la asshole cam sur “Just Like You”. Cet homme a une capacité fédératrice assez marquée. Le public est hyper réceptif, et ce titre va créer un sentiment de communauté extrêmement fort dans la fosse, bien qu’il nous insulte littéralement. C’est aussi le retour de la caméra backstage, où Ronnie tombe sur un mime qui lui intime de retourner sur scène. Un moment assez lunaire mais qui a le mérite de jouer avec le rythme effréné de ce show et d’apporter un peu de retour au calme.
Chapeau de cowboy en place, “All My Life” casse encore le rythme avec ses accents country. Et on comprend pourquoi cet apaisement était nécessaire. La fin du show est un enchaînement de hits qui vient fracasser ceux qui avaient encore un peu d’énergie à donner.
“Popular Monster”, “Voices In My head”, “Ronald’ puis “Watch The World Burn” offrent une montée crescendo dans la violence. Les flammes envahissent la scène, Ronnie Radke semble pris de transe et frôle l’hystérie en partageant son immense joie d’être là où il se trouve après tout ce qu’il a traversé. Et bon sang qu’il est beau de voir la sincérité se manifester avant tant de force brute. On se quitte finalement après s’être pris trois fois de suite le breakdown de “Watch The World Burn” en pleine face, et franchement, on reste pantois.
Quelle énergie, quelle volonté, quelle expression brute de la fierté et de la réussite ! Que l’on adhère ou non au personnage qu’est Ronnie Radke, il est indéniable de reconnaître le talent de l’individu et la force de sa volonté. Remonter la pente après être tombé au plus bas, pour terminer face à 20 000 personnes dans une Arena survoltée, cela s’appelle un avènement. Et chanceux sont ceux qui ont pu y assister.
Texte : Annaëlle Moss
Photos : François Capdeville