9/12/2023

Green Day au Bataclan : le concert intimiste exceptionnel [04.11.2023]

Si on vous disait qu’un groupe mondialement connu est sur le point de se produire dans la semaine, que les places sont disponibles demain et que ça se joue dans une toute petite salle à taille humaine vous en dites quoi ? Ça n’arrive qu’ailleurs, ça coûterait excessivement cher ? Impossible ?

C’est exactement ce qu’il s’est passé la semaine dernière! Green Day. 4 Novembre. Bataclan.

Voilà. C’est clair, c’est net c’est dit. On croit rêver et pourtant il s’agit bel et bien la réalité ! On a tellement plus l’habitude d’avoir des concerts intimistes prévus à la dernière minute (sans passer par un système de pré-vente, être sur liste d’attente et tout ça pour un concert qui ne se produit que dans six mois à un an) qu’on peine à réaliser qu’effectivement, ce type d’événement PEUT être toujours d’actualité ET possible. Plus habitué à avoir ce genre de concert en Angleterre ou aux Etats-Unis, l’annonce de Green Day à Paris a fait l’effet d’une petite bombe, à juste titre. Ce concert n’est non sans rappeler l’iconique Trabendo du trio Californien en mai 2009 dans le cadre de la promotion de leur 8ème album 21st Century Breakdown

Evénement sorti un peu de nul part, la surprise fut totale pour le monde entier. Coup de communication et de marketing monstrueux mettant les pleins feux sur l’actualité du groupe et annonce inespérée vu comme un retour aux sources pour le plus grand bonheur des fans de la première heure. C’est donc quelques jours à peine après l’annonce de la sortie du nouvel album Saviors et des 2 nouveaux singles « The American Dream Is Killing Me » et « Look Ma, No Brains ! »  que Green Day annonce une surprise de taille : sauter dans un avion après leur concert à Las Vegas destination PARIS !

Le rendez-vous est donné le 4 Novembre au Bataclan. Il est à peine 18h et une longue file se forme déjà sur le boulevard Voltaire. C’est un véritable bond en arrière au goût nostalgique auquel je fais face à la vue des fans affublés de tee-shirts des ères Dookie, American Idiot, Warning  et plus récemment aux designs du « Hella Mega Tour ». Converses aux lacets dépareillés, slims noirs, mitaines, tous les codes vestimentaires de l’emocore et du pop punk sont là. Une grande partie de mon enfance et adolescence défilent sous mes yeux. 

On commence à prendre conscience que ce soir, c’est le grand soir à la lecture du nom du groupe sur l’écran au-dessus de l’entrée de la salle. Les plus courageux sont arrivés dès le matin pour être au plus près de la scène. J’ai la chance de vivre cet événement unique avec mes collègues de Vecteur Magazine. À 19h, la foule commence à se tasser, se resserrer, on sent le stress palpable de l’ouverture des portes. Les 50 premiers essayent de s’organiser pour retrouver leur ordre d’arrivée, il n’y a pas de barrière sur le côté de la file, des étrangers tentent de s’engouffrer au début de la file d’attente, on leur indique gentiment la fin de la queue, plusieurs dizaines de mètres plus loin. Il est 19h et quelques quand la fouille débute, les premiers fans se ruent dans la salle, c’est la course au premier rang !

J’entre à mon tour sur le tube phare de Beck « Looser » et je fais une petite halte au merchandising. Il y a trois designs exclusifs, 2 tee-shirts et un sweat qui met à l’honneur le premier single « The American Dream Is Killing Me » 

Le Bataclan se remplit à toute vitesse sur fond de Queens Of The Stone Age, Nirvana et The Ramones. Le public averti et habitué des sons diffusés en pre-show de Green Day entonne le fameux « He Ho, Let’s Go! » de la chanson « Blitzkrieg Pop » des Ramones. Pas de lapin sur scène en guise de chauffeur de salle ce soir. D’ailleurs, on note que la scène est dépourvue de tout élément de décor, juste les instruments (dont la batterie iconique de Tre Cool!), un rideau en fond noir et quelques flight cases du groupe estampillés « Do Not Tip - Green Day » 

Le début des hostilités est initialement prévu à 20h30, il faudra attendre 10 minutes de plus pour que le groupe déboule sur scène accompagné de Jason White et Kevin Preston (guitares) ainsi que Jason Freese (claviers) sous une ovation et un tonnerre de cris.

Pour une formation habituée des stades et arenas, (on parle d’un groupe qui arempli un Parc des Princes, plusieurs Bercy et une Défense Arena à Paris sans problème) l’exercice du retour aux sources et de l’investissement d’une petite scène est toujours symbolique voire même un peu punk dans l’esprit ! (Il faudra tout de même débourser 99€ le show de ce soir contre un showcase gratuit en 2009). Que la grande cérémonie punk commence ! C’est avec le tubesque « Holiday » que Green Day choisit d’ouvrir le premier Bataclan de sa carrière. Les premières notes si distinctives résonnent comme une madeleine de Proust pour les quelques 1500 chanceux présents ce soir. Billie-Joe scande « Let’s go crazy ! » et les fans ne font plus qu’un. Le public compte aussi bien des jeunes de moins de 20 ans étant à peine nés en 2004 pour la sortie de American Idiot que des trentenaires voyant leurs années collège et lycée défiler devant leur yeux. On sent une véritable ferveur qui ne va pas plus quitter la pièce et ce, pendant près de 1h40 de show. C’est l’heure de devenir à nouveau ados !

« Look Ma, No Brains ! » est le premier titre du nouvel album à être interprété ce soir suivi de près par « 1981 » et « The Americain Dream Is Killing Me ». On va pas se mentir, ça sonne comme du pur Green Day old school, comme si on les connaissait déjà par coeur et pour cause, toute la salle entonne le refrain avec fougue. On rétropédale en 1994 avec « Burnout » et « Longview » tous deux extraits de l’album Dookie qui fêtera ses 30 ans en février 2024 ! C’est un véritable bonheur d’entendre pour la première fois des chansons issus de Insomniac, Kerplunk! et Warning. L’enchaînement « Welcome To Paradise », « Geek Stink Breath », « Stuart And The Ave », « Christie Road », « Letterbomb » n’a laissé PERSONNE indifférent.

Mike Dirnt déborde d’énergie, saute, crie, interagit avec la salle comme jamais. Je ne peux QUE vous conseiller d’être du côté de Mike. Vous verrez, votre expérience de Green Day en live en sera changée à tout jamais !

Il est 21h20 et Billie-Joe entame son classique numéro d’orchestre où il fait déclamer à la foule « Eh Oh » sur « Letter Bomb ». Pas le temps de reprendre ses esprits puisque c’est « Boulevard Of Broken Dreams » qui résonne entre les murs du Bataclan. On peut ne pas encore connaître toute la richesse du répertoire de Green Day mais on ne peut pas être passé à côté de ce hit qui a tourné en boucle sur nos ondes en 2004 et 2005. La magie et la puissance de cette chanson réside dans son intemporalité, les émotions qu’elle procure, la nostalgie et le sentiment de redécouvrir le titre à chaque écoute. Tous ces ressentis demeurent intactes et  « Boulevard Of Broken Dreams » en live est toujours un sublime moment de communion avec ce sentiment d’appartenance à une communauté, au fait de ne plus se sentir seul, de n’être plus laissé pour compte, marginalisé. Se retrouver dans la solitude.  « Boulevard Of Broken Dreams » fait écho à une multitude de choses en chacun de nous et indéniablement en chaque personne au Bataclan ce soir-là. Nouveau saut en arrière avec « Brain Stew », « St.Jimmy » et « Warning » qui viennent achever les fans puristes.

La soirée passe à toute vitesse mais on savoure autant que possible chaque instant. Le rythme entre parties instrumentales jouées, interactions avec le public. C’est généreux, on sent que Green Day donne le maximum de sa personne pour nous faire vivre un moment inoubliable. Billie-Joe prend même le temps de saluer une fan en appel FaceTime sur le portable d’une fan au premier rang. Il brandit un mini drapeau arborant la grenade de l’artwork de American Idiot aux couleurs des drapeaux Européens et l’inscription « Hella Tiny Tour ». Le frontman rend alors officiel le projet des fans Européens de faire tourner Green Day dans des petites salles intimsites en Europe ! En effet, une date à Milan et à Londres seront annoncées quelques jours après la date de Paris. Un beau geste et une belle reconnaissance pour des fans passionnés et étrangers venus en nombre ce soir. Green Day n’oublie pas d’honorer un titre de ces albums récents tels que «Oh Love » extrait de Revolution Radio et « Father Of All… » de Father Of All Motherfuckers.

Un concert de Green Day ne peut se faire sans les intemporels « Basket Case » et « Minority » ! La tradition veut qu’un ou une fan monte sur scène jouer de la guitare. On se demandait justement si ce serait le cas ce soir. Billie-Joe repère une pancarte d’un fan de la fosse qui demande à jouer sur Good Riddance (Time Of Your Life). Il l’invite sur scène, on a le droit à un sublime moment de partage, intimiste avec uniquement Billie-Joe et Simon, seuls sur scène avec juste quelques spots lumineux pour les éclairer. Le Bataclan chante à l’unisson. Magique ! Bain de foule oblige pour Simon qui se jette dans la fosse pour un crowdsurfing comme on les aime !

C’est déjà la fin, les 1h40 ont défilé à toute vitesse, on se remet doucement de nos émotions pour clore cette soirée en beauté avec pour la deuxième fois ce soir  « The American Dream Is Killing Me » repris comme un seul homme par les quelques 1500 chanceux présents ce soir.


Texte : Sarah Laichaoui

Photos : Nicko Guihal





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