11/11/2024

Un show Metal atmosphérique et organique avec les Hangman’s Chair et Dool

C’est un honneur de vous partager la rencontre, aussi profonde que métallique, entre les deux univers singuliers de Hangman’s Chair et de DOOL. Je retrouve avec plaisir la salle du Trabendo à Paris, dans laquelle je m’apprête à passer une soirée des plus intenses en termes de sons et d’émotions. En m’engouffrant dans la salle sombre, je sens l’impatience du public monter et je perçois alors DOOL se déployer sur scène. 

La fluidité sombre et mystique de DOOL

Les musiciens du projet néerlandais DOOL prennent possession de la scène. Arpentant le doom et le gothique, le groupe me surprend par son aisance scénographique et musicale. La soirée s’ouvre avec « Venus in Flames » et le public est captivé par les textures sonores denses qu’offre leur rock sombre et contemplatif. Prêtant sa voix et sa guitare au projet, Raven van Dorst possède une présence scénique époustouflante. Son timbre oscille entre les tons rauques et saturés et résonne dans une atmosphère mystique presque incantatoire. La basse de JB van der Wal nous ramène sur terre et avant de nous enfoncer dans les profondeurs intenses et abyssales de l’univers musical de DOOL.

Le groupe poursuit sa magnifique prestation avec le morceau « Self-Dissect ». Marquant un rythme haché et puissant, la batterie de Micha Haring emporte la salle dans une immense vague émotionnelle. Les paroles évoquent une introspection douloureuse et une quête d’identité et de renaissance. Mais c’est véritablement avec « The Shape of Fluidity », le titre éponyme de leur dernier album, que DOOL nous ensorcelle. Résonnant avec l’expérience personnelle de Raven van Dorst, artiste non-binaire, cette chanson explore la fluidité et diversité de nos identités, le rejet des catégories rigides et la célébration des multiplicités. Cet hymne à l’acceptation de soi se retrouve jusque dans la chanson purement instrumentale « Currents » qui, bien que sans parole, prend des détours inattendus et évoque les mouvements d’une eau qui, comme nos identités, est fluide et indomptable.

Avec « Hermagorgon », les musiciens montent drastiquement en puissance. Les riffs des trois guitaristes sur scène, Raven van Dorst, Omar Iskandr et Nick Polak, agissent comme de véritables décharges foudroyantes et la musique nous emporte dans un univers à la fois obscur, mystique et fantasmagorique. La force symbolique de ce titre me marque particulièrement car il fusionne deux figures mythologiques à première vue antagonistes : Hermès, le dieu messager vif et furtif, et la Gorgone ou Méduse, figure figée et pétrifiante. Ce personnage supposément « monstrueux » est fréquemment réinterprété dans les discours et les littératures féministes car la Méduse incarne la révolte contre un système punissant les victimes plutôt que les coupables. Le contraste entre la Gorgone et Hermès invite à une acceptation des contradictions qui nous animent.

La superbe performance de DOOL se conclut avec « Oweynagat » ainsi qu’une excellente reprise de « Love Like Blood » de Killing Joke, qui me surprend et m’emporte jusqu’à la dernière note. DOOL est certainement l’une de mes plus belles découvertes musicales de cette année et je ne peux déjà plus me passer de leur dernier album sorti en 2024, « The Shape of Fluidity », à découvrir de toute urgence, si ce n’est pas déjà fait.

La puissance éthérée de Hangman’s Chair

Le public est toujours en ébullition lorsque le groupe Hangman’s Chair s’empare à son tour de la scène. Dorénavant un classique de la scène post-rock et post-metal, le groupe parisien allie avec brio le doom metal, le sludge et le dark rock pour créer une atmosphère aussi puissante qu’introspective.

Leur performance s’ouvre sur « Cold & Distant ». Les musiciens paraissent déjà en transe et emportent avec eux le public, qui ne peut plus s’empêcher de marquer le rythme. Le son de la basse de Clément Hanvic est lourd et contraste avec les guitares aériennes et mélancoliques de Julien Chanut et Cédric Toufouti. C’est cette totale maîtrise des contrastes et des contraires qui permet à Hangman’s Chair de révéler tout le potentiel créatif leur univers musical unique. Le public est déjà conquis lorsque je reconnais les premières notes de « An Ode to Breakdown » résonner dans toute la salle. La voix éthérée et hypnotisante de Cédric Toufouti évoque des moments de fragilité et de dépression. La puissance mélancolique de ce titre est renforcée par le jeu de batterie effréné de Mehdi Thepegnier, qui constitue un repère rythmique fort dans ce paysage musical introspectif et émotionnel. 

Provenant toujours de l’album « A Loner », le titre « Who Wants To Die Old » contraste avec les morceaux précédents. Nous entrons dans une phase contemplative avant de monter subtilement en puissance. Le set se poursuit avec « Dripping Low », cette fois-ci provenant de l’album « This Is Not Supposed To Be Positive ». Le tempo lent suggère une inspiration doom et fait écho à nos solitudes partagées. Hangman’s Chair nous honore également en nous présentant en exclusivité des nouveaux morceaux, à paraître bientôt dans leur prochain album « 2 AM THOUGHTS ». 

Le paroxysme de cette soirée est atteint lorsque Raven van Dorst se joint à la scène pour performer avec Hangman’s Chair le morceau éponyme « 2 AM THOUGHTS », le seul titre de leur prochain album disponible et réalisé en collaboration avec DOOL. Ce moment de partage exceptionnel nous fait vibrer et nous transporte. Les différents univers musicaux des deux groupes s’allient pour former un tout cohérent, sombre et presque spectral. La soirée se conclut avec « A Thousand Miles Away » et la performance de Hangman’s Chair laisse le public sans voix. Un tonnerre d’applaudissements retentit avant de faire place au silence, puis au brouhaha habituel que l’on retrouve à la fin des concerts. La poésie sombre et troublante de cette soirée continue de retentir en moi. Je n’ai qu’une hâte, c’est de découvrir les nouveaux morceaux que nous prépare Hangman’s Chair dans leur prochain album « 2 AM THOUGHTS » et de les retrouver bientôt sur scène avec DOOL.

Texte : Garance

Photos : François Capdeville

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