C’est un honneur de vous partager aujourd’hui une nouvelle histoire métallique. Métalleux de France a eu le plaisir de soutenir une date post-progressive durant laquelle Hypno5e, Vestige et Horama ont partagé ensemble la scène de l’Espace Vasarely à Antony.
En sortant du train, je débarque dans la charmante ville d’Antony, dont le calme ne cache guère l’atmosphère qui s’électrise devant l’Espace Vasarely. Je me joins au cortège des personnes attendant avec impatience l’ouverture de la salle et me glisse à l’intérieur de cet espace, que je découvre pour la première fois. En m’engouffrant ensuite dans la salle sombre, je sens l’impatience du public monter, avant de voir Horama se déployer sur scène.
Horama, lorsque la grâce s’allie à la pesanteur
Les musicien.ne.s entrent en scène et transforment l’ambiance de cette soirée. Tel un voile recouvrant la salle, les artistes nous emportent dans l’univers singulier et instrumental de Horama. Nous sommes entièrement envoutés par la flûte traversières de Paola, qui nous élève avec grâce à son souffle aérien et bouleversant, puis nous sommes ramenés sur terre par le violoncelle de Propser, produisant des mélodies à contre-courant, dramatiques et puissantes.
Horama est en symbiose harmonique mais également rythmique, la basse de Nicolas et la batterie de Matthias sont en cohésion et apporte un cadre progressif au post-rock jazzy qui jaillit de la scène. Puis, les lignes de basse introduisent un blast intense dans lequel tous les instruments se joignent et apportent leur pierre à l’édifice musical qui se produit devant nous.
Les musicien.en.s, tout aussi ému.e.s que nous, interrompent leur prestation afin de remercier le public, les autres groupes ainsi que l’équipe technique ayant permis à cette unique soirée de prendre vie. Les artistes nous présentent alors leur album « Maelstorm » sorti en 2023, à écouter et découvrir de tout urgence, si ce n’est pas encore le cas.
Vestige, un shoegaze torturé et atmosphérique
Quelques instants après le départ d’Horama, c’est au tour de Vestige de s’emparer de la scène. Ce groupe français est prêt à en découdre et nous partage une mélancolie intense et submergeante. En formation classique, les trois musiciens de Vestige nous projette dans une catharsis sombre mais libératrice.
Le jeu de batterie de Quentin Regnault impressionne particulièrement par sa dextérité rythmique, nous emportant dans une violence ponctuée, le tout accompagné par les lourdes et puissantes lignes de basse de Pierre-André Krauzer. L’atmosphère musicale est orchestrée par Théodore Rondeau qui prête à sa voix et sa guitare à ce projet, empruntant à la mélancolie d’un shoegaze torturé.
Vestige se tourne alors vers le public afin de le remercier chaleureusement, ainsi que l’équipe technique et les autres groupes jouant ce soir. Le groupe nous présente alors leur nouvel et premier album « Janis », très récemment sorti le mois dernier, qui réjouira les fans de djent et de shoegaze.
Hypno5e, une apogée métallique et cinématographique
Le groupe tant attendu de cette magnifique soirée, Hypno5e, rejoint alors la scène. Le public déchaine un tonner d’applaudissement en retrouvant les quatre musiciens, venus honorer cette date. Fort d’une impressionnante carrière musicale, Hypno5e a su se démarquer dans la scène underground et métallique française. À la croisée du métal moderne, progressif et expérimental, ce projet singulier a marqué toute une génération en introduisant des éléments avant-gardistes et cinématographiques dans un métal en pleine ébullition.
Le public et moi-même sommes subjugués par la dextérité artistique des membres d’Hypno5e. La voix et les riffs de guitare d’Emmanuel Jessua entrent en symbiose harmonique avec la guitare de Jonathan Maurois, le tout propulsé par des extraits de multiples œuvres littéraires et cinématographiques. Ces extraits apportent une dimension narrative et captivante à leurs morceaux, produisant une intrigue musicale à couper le souffle. Les blasts de Pierre Rettien à la batterie et les lignes de basse de Charles Villanueva conjuguent parfaitement cette apogée métallique en y apportant un cadre dynamique et rythmique.
Je suis particulièrement touchée par le dernier morceau du set, j’ai nommé « Acid Mist Tomorrow ». Cette chanson reprend la conclusion d’un des livres dont la lecture m’a le plus marqué, L’Étranger d’Albert Camus. Les mots de l’auteur résonnent et complètent le chant saturé d’Emmanuel Jessua, racontant les derniers instants d’un homme, qui n’en était peut-être pas un, le jour de son exécution. Écouter pour la première fois en live ce morceau me bouleverse, clôturant cette soirée inoubliable. Hypno5e est un désormais un véritable classique de la scène métallique française, qu’il faut de tout urgence (re)découvrir, notamment au travers de leur nouvel album « Shoel ».
Live report par Garance AMELINE
Photos par Jérôme MEYER