8/9/2023

King Gizzard & The Wizard Lizard ou la magie des alchimistes

KING GIZZARD & THE WIZARD LIZARD OU LA MAGIE DES ALCHIMISTES

Texte : L'Humeur Musicale

Photo: Philippe Archambeau

King Gizzard and the Wizard Lizard... Difficile de faire plus bizarre et chelou comme nom de groupe... C'est bien trop long et peu mémorisable pour tout marketeur/publiciste qui se respecte... En français ça donne "Le Roi Gésier et le Lézard Magicien" (ou le "Magicien Lézard"... le doute m'habite...) On fait quoi avec ça ?

Et bien eux savent ce qu'ils doivent en faire... C'est la magie des alchimistes... Avec ces Australiens ce sont bien science et sorcellerie qui se conjuguent, lézard ou pas !!! Ce nom étrange est une merveilleuse référence à deux groupes iconiques qui ont établit les bases de ce que l'on considère aujourd'hui comme le "Rock progressif" (ou le Psyché Rock...) à savoir King Crimson et The Doors.

King Crimson, groupe mythique des années 60, est par ses albums une référence du rock progressif ("In the court of the Crimson King" même si vous ne l'avez jamais écouté, et il n'est pas trop tard pour corriger cette tare, vous avez au moins forcément déjà aperçu sa pochette iconique). Un groupe référence qui cultive une certaine conception de ce que doit être la musique en live et de la liberté qui va avec. Ils sont rares mais tournent toujours...

Le Lézard est quant à lui un clin d'œil à Jim Morisson et au "Lizard King" aussi bien présent dans les paroles des Doors que dans les écrits du chanteur poète.

Le mélange des genres et des styles, si il y a un groupe qui excelle et maîtrise cet exercice, c'est bien King Gizzard... Quand on a produit 24 albums en onze années, il faut savoir explorer le champ de tous les possibles. La perspective de les revoir dans une salle à taille humaine comme l'Aeronef à Lille est donc une parfaite source de motivation qui mérite le déplacement.

Dès les premières notes c'est dantesque !!! Le groupe attaque avec les quatre premiers morceaux de l'album "I'm in your mind fuzz". Comme son nom l'indique les vingt minutes qui vont suivre poserons le décor aussi bien musicalement que visuellement. On est bien dans la distorsion et dans les aigus de guitares qui sont les marques de fabrique du concept. C'est du Free Jazz avec des instruments électriques. Stu, le chanteur principal, enchaîne les "WOOOO" (je sais, je le fais mal...). Le jeu de lumière est coloré et psychédélique à bon escient. Le spectacle est lancé... Il n'y a aucun temps mort et les morceaux vont se suivre sans que l'on puisse noter la moindre transition.

Après ces vingt premières minutes "Fuzz", King Gizzard bombe le torse pour passer à un moment plus Métal avec des titres issus de leur dernière production : "PetroDragonic Apocalypse; or, Dawn of Eternal Night: An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation" (oui c'est bien le nom du disque... qui sera mentionné à l'avenir comme "leur dernier album"). On change totalement d'ambiance, le temps de trois morceaux de cet opus, pour aborder des rythmes bien plus rapides et de la double pédale. Le son est bien plus brut. Les guitares changent et la réverbération du micro de Stu, tout en salopette, évolue également. Comme avant, on enquille ces titres sans respirer... Redoutable session...

Afin de faire baisser un peu l'intensité "Magenta Mountain" vient faire la part belle aux claviers. C'est radical et on change presque trop d'ambiance pour une session plus planante et vraiment à l'inverse du dernier quart d'heure. En caricaturant, on passe direct de Metallica à Tame Impala. Pour continuer le mélange des genres "The Grim Reaper" vient apporter son flow particulier, presque Hip-Hop.

L'exploration de la florissante discographie des KG continue avec un voyage dans leur époque microtonale. Passionnés par le rock turc des années 70, ils ont produit trois albums autour de ce thème, en travaillant les influences qui les accompagnent. On est de retour dans le rock psychédélique mais avec des sonorités subtilement orientales. "O.N.E" est magistral puis le titre "Billabong Valley" va faire l'unanimité en faisant remuer les hanches et chanter un public au diapason. Un très bel enchainement...

Pour poursuivre ce beau voyage musical, impossible de ne pas avoir un morceau "boogie" avec l'apport de l'indispensable harmonica. "Boogieman Sam" viendra parfaitement remplir cette fonction et son rythme entêtant restera comme une ritournelle dans la tête des participants à la fin du concert.

Avec eux pas besoin de faire un rappel, hormis faire perdre du temps musical, ça ne sert à rien... Donc pour conclure on prend un morceau de 18 minutes qui rassemble un peu à tout ce qui a été évoqué précédemment. Vous mettez le tout dans un shaker et ça donne "The dripping tap"...

Après deux heures de bonheur quasi ininterrompues, ils quittent la scène sous les ovations d'un public totalement séduit et en communion totale au moment de prendre le "selfie" final avec le groupe...

Il faut ensuite redescendre de ce moment magique... L'humidité de nombreux t-shirts indique que les premiers rangs se sont donnés corps et âmes. Ils peuvent le remplacer par un neuf mais le stand du merchandising est pris d'assaut. Et dehors, lors de la clope de débrief entre potes, le mot d'ordre général entendu se résume par un simple : "Putain c'était vraiment dément !!!"

Et ils n'ont même pas joué "Rattlesnake"...

L'humeur Musicale

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