6/5/2024

Le blues profondément humain de Walter Trout éblouit l'Alhambra

Moins d'un an après son dernier concert à Paris, au Café De La Danse, le grand Walter Trout est de retour mais à l'Alhambra cette fois-ci. Ce temple du music-hall est en configuration totalement assise pour l'occasion. 38 ans après l'avoir vu pour la première fois aux côtés de John Mayall et de Coco Montoya au Théâtre du Forum des Halles, je vais donc le retrouver en solo pour la 5ème fois.

C'est Gaëlle Buswel qui assure la 1ère partie mais je n'aurai pas la chance de la revoir car elle finit sa prestation au moment de mon arrivée à 20h00 soit l'heure à laquelle la soirée était censée commencer, dommage !

Walter s'empare de la scène à 20h35 pour 1 heure 45 minutes de blues rock. Il a changé d'équipe depuis le Café de la Danse, exit donc les Johnny Griparic et Richard T Bear qui m'avaient fortement impressionnés l'année dernière. On retrouve le batteur habituel de Walter depuis 16 ans, Mr Michael Leasure qui a longtemps officié derrière les fûts avec Edgar Winter.

A la basse c'est une autre pointure du milieu musical qu'on reconnaît en la personne de John Avila qui fut un membre de Oingo Boingo au siècle dernier, que j'ai eu la chance de voir live avec Imperial Crowns et qui a accompagné également Bob Dylan, Steve Vai ou encore Neil Young lors du dernier passage du Loner dans la capitale. Joli C.V. !

Aux claviers dont l'orgue Hammond c'est le talentueux Roland Bakker et aux guitares additionnelles c'est le jeune prodige Brett Smith-Daniels qu'on découvre ce soir. La setlist s'appuis tout particulièrement sur le tout nouvel album de Walter intitulé « Broken ». Même si Beth Hart n'est pas présente on aura droit au magnifique titre éponyme, un morceau poignant qui rappelle les années de galère de Walter quand il était alcoolique et addict à l'héroïne dans ses jeunes années. Idem pour Dee Snider qui n'a pas fait le déplacement mais dont le duo bien rock « I've Had Enough »avec notre septuagénaire sera au programme grâce à la participation vocale de John Avila.

Mr Trout nous rappellera qu'en cette période difficile pour le monde il nous faut faire preuve de « Courage In The Dark ». Toujours issu du nouvel opus, mention spéciale à « Bleed », le premier boogie de Walter qu'il a écrit sur les conseils avisés de Michael. En effet celui-ci lui a fait remarquer à la fin de l'enregistrement de « Broken » que bien qu'ayant joué dans le passé avec John Lee Hooker ou Canned Heat il n'a jamais sorti de boogie à proprement parler ! Il était temps, lui qui en est à son 31ème album solo. Ce « Bleed » est une bonne surprise même si l'harmonica de Will Wilde aurait été le bienvenu à l'Alhambra comme sur la version studio.

Quant à « Talkin' To Myself » c'est indéniablement un tube en puissance qui mériterait de passer sur toutes les radios dites rock de France et de Navarre... Le meilleur moment du concert sera pour moi celui ou Roland Bakker attaque seul aux claviers un bon vieux « Roland's Blues » traditionnel avant d'être rejoint par la voix de Walter qui s'empare ensuite de sa guitare puis tout le reste du groupe revient pour finir sur une jam mémorable... Les soli de John puis de Michael seront aussi de grands moments de bravoure très applaudis par les amateurs de basse et de batterie.

Et puis Walter nous re-racontera ses graves ennuis de santé d'il y a une dizaine d'années, sa greffe du foie de dernière minute, les défaillances de son cerveau qui l'ont obligé à tout réapprendre : parler, marcher, jouer de la guitare etc. Ce rescapé reconnaissant et émouvant lance ensuite un vibrant appel au don d'organes afin que d'autres soient sauvés comme il le fut.

Autre grand moment, la reprise de « We're All In This Together » de l'album du même nom et sur lequel Walter avait invité un aéropage de bluesmen dont Kenny Wayne Shepherd, que j'ai vu dans cette même salle il y a peu, Sonny Landreth, Joe Louis Walker, Warren Haynes, Robben Ford ou Joe Bonamassa. Puisque Joe n'est pas là, c'est Brett qui s'y colle pour un duel de guitare dantesque avec Maître Walter...

Pour le rappel on aura droit à un classique du blues avec « Going Down » de Freddie King, histoire de rendre un ultime hommage à la musique du diable qui nous réunit tous à l'Alhambra !

Mr Walter revenez quand vous voulez, vous serez toujours le bienvenu ici.

Merci à Olivier, à Nicolas et à Matthieu.

Texte: Olivier Carle
Photo : Yann Charles

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