Ce samedi soir je vais assister à mon tout premier concert à l'Adidas Arena mais surtout à mon troisième concert de Pantera... Cette salle située dans le Nord de Paris a été inaugurée il y a un an et contient environ 8500 personnes soit la moitié du P.O.P.B. (Bercy) auquel elle ressemble quelque peu. J'ai donc eu la chance de voir Pantera à la grande époque avec les frères Abbott en 2 occasions : en 1991 au Zénith de Paris en 1ère partie de Judas Priest (tournée « Painkiller ») et en 1992 à la Philipshalle de Düsseldorf en 1ère partie de Megadeth (tournée « Countdown To Extinction ») lorsque je bossais pour EMI Germany. Etant plus adepte des groupes de Rob Halford et de Dave Mustaine que de celui de Phil Anselmo, je ne garde pas un souvenir impérissable de ces deux prestations de Pantera mais les avais trouvées plutôt brutales et efficaces à chaque fois. Ce soir Pantera est de retour en tête d'affiche à Paris mais sans Vinnie et Dimebag malheureusement...
King Parrot
La soirée commence à 19h00 précises avec les Australiens de King Parrot qui délivrent un grindcore dans la lignée de Napalm Death. Le quintet de Melbourne ne fait pas dans la dentelle, on s'en doute, et va piocher ses titres les plus percutants dans sa discographie de 3 albums studio parue à ce jour. Le bassiste arbore un « beer belly » impressionnant, les 2 guitaristes se déchaînent sur leurs instruments, le batteur frappe comme un damné et le chanteur hurle plus qu'il ne chante. C'est marrant 5 minutes mais ça tourne vite en rond... Le set de 30 minutes me paraît sans fin. Pas trop ma came au final !
Power Trip
Par contre les Texans de Power Trip vont beaucoup plus me plaire. Leur Thrash basé sur des riffs efficaces et accrocheurs va puiser ses racines dans le hardcore voire le punk et on comprend pourquoi le groupe de Dallas est considéré comme un des meilleurs du genre des années 2010. Des morceaux comme « Executioner's Tax (Swing Of The Axe) », « Nightmare Logic » ou « Manifest Decimation » sont de véritables brûlots qui passent redoutablement bien l'épreuve de la scène. Le public ne s'y trompe pas puisque l'ambiance est déjà très chaude dans le pit pendant la petite demie-heure du set du quintet américain. Je pense que Power Trip a gagné de nombreux nouveaux fans à l'occasion de ce concert à l'Adidas Arena et j'en fais partie...
Pantera
Mais le plus intéressant reste à venir avec le heavy/thrash/groove metal des autres Texans de Pantera. Phil a recruté l'incontournable Zakk Wylde qu'on ne présente plus et le talentueux Charlie Benante (Anthrax) pour remplacer les défunts frères Abbott. On retrouve bien sûr l'autre survivant de la formation originelle du quartet à savoir le plutôt discret bassiste Rex Brown. Les écrans situés de chaque côté de la scène sont enfin fonctionnels et on peut donc profiter de gros plans sur les 4 musiciens et parfois d'images d'archive sur la carrière du groupe.
Phil est pieds nus et sa voix est de plus en plus grave et gutturale. On ne verra quasiment jamais le visage de Zakk qui reste concentré sur son instrument. Quant à Rex et Charlie ils font assurément le job. On attaque avec un très heavy « A New Level » issu de l'excellent « Vulgar Display Of Power » qui demeure un classique des Américains. On reste sur l'album de 1992 avec « Mouth For War » mené tambour battant. Le rythme s'accélère ensuite avec le punkisant « Strength Beyond Strength » de « Far Beyond Driven ». Le menaçant « Becoming » du même album de 1994 permet à Zakk de se déchaîner sur sa six-cordes et de « shredder » comme un fou.
Le 7ème album studio est décidément à l'honneur puisque déboule le fulgurant « I'm Broken » qui sonne très Sabbath ! Petit détour ensuite par « The Great Southern Trendkill » de 1996 avec le hargneux « Suicide Note Pt. II » qui pousse la voix de Phil dans ses derniers retranchements. Puis on revient une nouvelle fois à « Far Beyond Driven » (décidément !) avec un « 5 Minutes Alone » bien heavy et la batterie de Charlie qui bastonne allègrement. Un peu de « tendresse » dans ce monde de brutes avec l'intro de « This Love » de VDOP qui part néanmoins très rapidement dans des contrées plus métalliques à coups de riffs saignants. L'ambiance redevient mélancolique avec le magnifique « Floods » de TGST qui voit les images d'archive de Vinnie et Dimebag illuminer les écrans, bel hommage ! Phil nous annonce ensuite que le chanteur d'un grand groupe de metal est dans la salle.
C'est de Bruce Dickinson qu'il s'agit et le vocaliste de Maiden apparaît sur scène pendant le célèbre « Walk » de VDOP. Il a un micro mais on l'entend très peu dans la salle. Visiblement il est venu en voisin, puisqu'il vit ici avec sa compagne, voir le concert de Pantera et a décidé au dernier moment de rejoindre Phil et ses comparses. Sympa mais sans réel intérêt au final ! L'intro de basse très doom de Rex annonce « Domination » de 1990 enchaîné à « Hollow » qui clôturait VDOP. Le groupe est au taquet et semble soudé comme jamais. Un grand moment du concert assurément. La tension monte encore d'un cran avec le cultissime « Cowboys From Hell » qui permet à Phil de remercier le public venu en nombre et d'annoncer le probable retour prochain de Pantera dans l'hexagone. Pour le rappel on aura droit à une court extrait du « Mississipi Queen » de Mountain, qui rappelle que Sir Anselmo est un grand adepte des 70's, avant de partir sur les chapeaux de roue dans un « Fuckin' Hostile » très attendu et très participatif. Et c'est sur un très bon « Yesterday Don't Mean Shit » du dernier album studio en date de Pantera « Reinventing The Steel » (2000) que le groupe prend congé après 1 heure et demie de metal en fusion.
Les esprits chagrins qui ont boycotté cette tournée en affirmant que sans les frères Abbott Pantera n'est plus qu'un vulgaire Tribute ont eu tort. Charlie et Zakk ont été largement à la hauteur de leur réputation et font de ce retour du groupe texan un véritable événement sur la scène metal. On attend la suite avec impatience !
Merci à Aude...
Texte : Olivier Carle
Photos : François Capdeville