Depuis maintenant une dizaine d’années les Rival Sons sont reconnus comme une valeur sûre du Classic Rock à l’américaine. Jusqu’à maintenant ils n’étaient pas toujours surprenants mais d’une fiabilité irréprochable. Le groupe de Long Beach est notamment devenu un familier des festivals avec des chansons plutôt consensuelles. Après les avoir vus plusieurs fois, il me manquait « le show » sincère et moins aseptisé qui me permettrait de les faire basculer dans une autre dimension…
C’est enfin arrivé…
Ils sont de retour à l’Olympia après un passage en 2019 dans cette salle qu’ils affectionnent et viennent défendre deux opus sortis en 2023Darkfighter et Lightbringer. Un subterfuge un peu fourbe pour vendre deux albums courts au lieu d’un long, mais là n’est pas le propos (surtout venant d’un fan de King Gizzard).
A l’heure prévue, le show débute avec « Mirrors », une nouveauté en live pour le public français. L’intro du premier album susmentionné fait une arrivée fracassante. Ce titre, assez long, va poser les bases de ce qui va suivre. Et on constate tout de suite que le son est parfaitement calé là où, normalement, il faut parfois deux ou trois morceaux pour que l’ensemble soit au diapason. Les balances et les ingés son ont parfaitement fait leur taf.
Idem pour la voix de Jay Buchanan qui est affûtée dès le départ. Ce dernier qui arpente la scène pieds nus (mais avec ses petits chaussons d’hôtel bien positionnés à côté du batteur) est en grande forme et le prouve dès « Mirrors » en intro. « Do your worst » va faire participer le public dans l’échauffement des vocalises et « Electric man », le premier titre connu de tous, rencontre un succès évident.
La bascule dans le plus surprenant s’opère avec «Darkfighter », un morceau de neuf minutes dans sa version studio et qui est l’ouverture de leur dernier album. Scott Holiday le guitariste, très looké lui aussi avec son stetson et un style à la Tommy Iommi, s’installe derrière une double guitare. L’électrique est en bandoulière et une acoustique est positionnée sur un trépied. La construction musicale n’a rien à envier à un bon Led Zeppelin et a dû rendre Greta Van Fleet fort jaloux… Le groupe semble sortir un peu de sa zone de confort habituelle avec ce titre qui alterne les rythmes de claviers et les solos de guitare.
Les solos il en sera question par la suite également. Un pour la batterie, un pour la guitare, un en acoustique… Cela pose l’ambiance et ça permet aux autres membres de souffler un peu ou de fumer une clope… Car le show est parfaitement calibré tout en restant assez libre, au moins en apparence. Jay se balade de bout en bout avec son tambourin et ses vêtements en cuir rouge. Il initie des clapping et nous régale avec sa voix qui remplit beaucoup de gammes et qui oscille aussi facilement entre soul et rock. Il y a beaucoup de variations et, en exagérant un peu, j’ai presque cru entendre parfois du Ozzy… Au milieu du concert ils reçoivent une ovation particulièrement sincère du public et leur émotion est palpable.
La setlist se déroule avec plaisir et talent et on ne s’ennuie pas. La plupart des morceaux prennent de l’ampleur et des rallonges par rapport aux versions studios. Il y a parfois quelques lourdeurs compréhensibles en mode « lover » (« Shooting stars » en solo acoustique par exemple, mais il en faut pour tous les goûts…) ou des constructions un peu longues. Mais tout cela aboutit toujours à des solos déflagrateurs qui ont ravi tous les fans de Guitar Hero de la salle et ils étaient nombreux. Après deux bonnes heures, sans rappel, retentissent les riffs acérés de « Keep on swinging », leur traditionnel et excellent morceau de fin de set et un appel à continuer la fête… ailleurs…
Pour moi, c’était la meilleure prestation vue en live de Rival Sons. Espérons qu’ils poursuivent sur cette voie en se produisant dans des salles à taille humaine comme l’Olympia, en plus des festivals. Il sera également intéressant de voir à l’avenir si le groupe continue cette mue qui leur permettra d’explorer un peu d’autres influences que celle du Classic Rock.
Texte : l’Humeur Musicale
Photo : François Capdeville