Pour lutter contre le blues post Hellfest, rien de mieux qu'un festival sur mes terres natales. Direction le Plane'R fest le 5 et 6 Juillet, connu pour être également le "Rock in Montcul", dû au nom de la charmante bourgade prêtant ses terres au festival, près de l'aéroport /gare Saint Exupéry de Lyon.
Voilà maintenant plus d'une dizaine d'années que le festival a été créé et je suis ravie de voir que cela perdure et prend de l'ampleur. Environ 5000 festivaliers se sont donnés rendez-vous cette année. Le camping a effectivement bien grossi au milieu des champs de maïs.
Le fest est composée de 2 scènes, nommées respectivement Terminal 1 et 2, et on peut dire qu'elles sont plutôt bien desservies. La programmation est encore de très grande qualité cette année, et voir de grands groupes en plein air dans un cadre à taille humaine est extrêmement plaisant. Il est simple de naviguer d'un concert à l'autre ce qui est vraiment agréable après la foule immense rencontrée au Hellfest. A gauche des scènes on retrouve du merchandising des artistes programmés, et de l'autre côté du merch plus général avec quelques stands d'artisans.
Jour 1: Vendredi 5 Juillet
On attaque tranquillement cette 1ère soirée pour bien fêter le week end. Le temps de se garer dans le champs voisin et de récupérer le pass, j'entends au loin les Hauts Savoyards de Black Rain qui produisent leur set aux sonorités Glam métal acidulées. Je n'ai pas la vue sur le concert mais on ressent déjà les bonnes ondes qui s'en dégagent. Dommage de ne pas avoir pu visualiser le jeu de Franck Costanza (ex Dagoba) fraichement arrivé à la batterie en 2023 au sein de la formation. Mais à la place nous avons eu la surprise de retrouver Frank Frusetta qui avait tout récemment quitté le groupe.
Enfin je passe les portes du festival et les 1ères notes de Point Mort se font entendre. Changement d'ambiance tout d'un coup, beaucoup plus sombre, plus énigmatique. Le groupe parisien de post-hardcore est portée par l'émotion brute et la rage dans la voix de leur frontwoman Sam Pillay. Ils nous présentent notamment les titres tirés de leur dernier album Pointless...La qualité du son est assez impressionnante pour un festival en plein air.
J'en profite pour faire rapidement le tour du fest et petite bière au bar tenu par l'association Les Sonorités de Montcul, et qui propose entre autres de la bière et du cidre artisanal. Bon point supplémentaire accordé.
Cette fois ci me voilà totalement prête pour démarrer le live des finlandais de Beast in Black et je ne cache pas une certaine impatience ! Ayant raté plusieurs occasions de les voir ils étaient clairement dans ma top list des concerts à faire. Power metal assumé, chorégraphies millimétrées et que dire de la voix de Yannis Papadopoulos. Je ne suis plus objective depuis bien longtemps. Je vous invite à écouter sa reprise de Ghost Love Score de Nightwish sur Youtube, frissons garantis. Les refrains sont entrainants, je ne tiens plus me voilà en train de chanter beaucoup trop fort (et probablement faux, désolée pour les voisins de fosse). Le soleil de fin de journée rasant la scène éclaire le groupe d'une lumière dorée chatoyante. Un mec rampe au sol au milieu des festivaliers telle une chenille cherchant sa branche pour devenir chrysalide: ah tiens il s'agit de l'équipe de Horskh qui se produit le lendemain soir. Visiblement l'air de Montcul les inspire!
Tribute To Trash (T.T.T) prend la relève pour le début de la nuit. Comme son nom l'indique, le groupe est un cover band créé de toutes pièces en hommage au trash. Et il envoie une bonne dose d'énergie directement dans la jugulaire. Et pour ceux qui l'ont reconnu Stéphane Buriez au chant/ basse n'est autre que le frontman de Loudblast. Ce style de musique n'est pourtant pas celui qui m'inspire le plus habituellement, mais les puristes sont rassasiés. Le set est efficace et le groupe n'hésite pas à solliciter le public à de nombreuses reprises. Ce dernier répond présent comme il se doit.
Les membres d'Igorrr font ensuite leur entrée, pour nous présenter leur prestation théâtrale comme cela les caractérise. Groupe aux multiples influences et à la recherche musicale toujours plus grandiloquente, mené d'une main de maître par son frontman et fondateur Gautier Serre. Après les avoir vu au Motocultor en période de transition et sans chanteuse, c'est un plaisir de retrouver cette belle dimension lyrique portée par la voix de Marthe Alexandre.Le groupe s'octroie même un DJ set 100% plaisir qui passe très bien en festival. Il est difficile de retranscrire les émotions que peut générer un groupe qui puise dans des influences aussi diverses et variées. On retrouve des accords sombres et lourds empruntées au black metal, mixés ça et là à du baroque, du core, un accordéon, des notes au sonorités orientales remixées... L'échafaudage musical semble tenir de manière si aléatoire et pourtant la construction dans son ensemble fonctionne parfaitement. Je ne cesserai de répéter que Igorrr est à voir en live impérativement pour en apprécier tout le talent.
Le temps de manger un bout sur le stand du fest puis Black bomb A nous renvoie aux souvenirs de jeunesse. Et oui car cela fait bientôt 30 ans que le groupe produit son style punk hardcore. Tout d'un coup la piste de basse est parfaitement identifiable: L'incontournable Mary, sweet Mary, my Mary que chacun reprend en coeur, une belle communion générale. On se serait passé du discours sur la droooogue répété moultes fois avec un public parfois jeune venu découvrir le fest en famille. On ne peut pas dire que le mot subtilité fasse parti de leur répertoire. Outre cela, je pensais que le groupe aurait perdu de son énergie avec les années mais que neni. Le burger avalé quelques instants plus tôt a fait quelques sauts dans l'estomac.
Il est temps de faire entrer une des têtes d'affiches du festival, à savoir Hatebreed. Groupe américain emblématique de hardcore, eux aussi fêtent leur 30 ans de carrière mais on ne peut pas dire qu'ils se soient assagis avec le temps. Je les avais découvert il y a déjà 5 ans lors d'un concert en salle avec Dimmu Borgir et Kreator où le mélange des genres m'avait laissé perplexe. Je constate que c'est toujours solide et lourd comme il faut, les fans dans la fosse ont l'air de passer un excellent moment vu comme le pit fourmille de pogos.
C'est dans une ambiance générale beaucoup plus calme que se termine la soirée. Pour cela, le stoner psychédélique de Mars red sky est parfaitement adapté. La fatigue se fait néanmoins sentir après une semaine intensive de boulot il est tant de rentrer pour profiter au maximum de la journée de demain.
Jour 2: Samedi 6 Juillet
Contrainte personnelle oblige, je rate malheureusement les 2 premiers concerts à savoir Baku et Animalize (gagnant du tremplin).
J'arrive donc tout juste pour Ashen, groupe parisien de metalcore. Et ces gars là nous promettent une belle énergie dès le début du set. J'avais eu la bonne surprise de les découvrir à l'annonce de leur concert pour les 24h du Mans motos. Ils avaient eu également la lourde tache d'ouvrir pour les marseillais de Landmvrks. Mais ils ne sont pas venus au Plane'r fest pour faire de la figuration. Le chanteur Clément Richard passe de la gauche vers la droite de la scène frénétiquement jusqu'à se hisser sur la barrière à l'avant de la fosse pour mieux communier avec son public. Belle découverte de ce groupe assez récent (créé en 2021) A suivre donc.
Nous décalons vers la seconde scène pour le groupe que j'attends le plus lors de cette journée, à savoir Hanabie (à prononcer Ha-na-bi-é comme elles aiment à nous le rappeler). Extrêmement curieuse de découvrir la prestation des japonaises qui ont su me mettre une claque à l'écoute de leurs albums studios. Même si le côté "japonisant" est plus que présent dans leurs compositions, ne cherchez pas à comparer le groupe à Baby Metal par exemple. Hanabie est d'avantage un mélange de j-pop et metalcore bien qu'il soit difficile de parfaitement décrire leur style. Pourtant à leur arrivée sur scène, les 4 membres de ce groupe 100% féminin sont plutôt sur un visuel très Kawaï/ Lolita assez coloré. Tout le monde connait ce vieil adage qui dit de ne pas juger un livre uniquement à sa couverture? Et bien il se vérifie dès les premières notes. Le tsunami sur-vitaminé est lâché, et le grand écart vocal de Yukina est impressionnant à entendre. Passant de notes aiguës dignes d'un générique de manga, elle a la capacité d'enchainer avec des screams surpuissants à en faire pâlir plus d'un. Mais une nouvelle star décide de faire son entrée en grand pompe, j'ai nommé: la pluie. Elle redouble d'intensité pour devenir omni présente et là, 2 stratégies se dégagent. Certains sortent le poncho de pluie quand d'autres décident de passer directement par la case maillot de bain. Le vent se lève, mais les bourrasques n'arrêtent en rien le groupe qui hallucine un peu de la météo que subissent les festivaliers. J'avoue avoir eu peur que les conditions gâchent un peu la fête, mais au contraire j'ai l'impression que cela transcende encore plus le public présent encore en très grand nombre. Le pit se forme dans la boue, les slams continuent et les sourires sont présents sur les visages. Un incroyable moment.
On redescend de nos émotions pour constater que la pluie commence franchement à traverser chaque couche de vêtements, mon perfecto pèse un âne mort. Et Smash Hit Combo démarre sous ce déluge qui n'en finit pas. Leur style rap metal aux grosses influences culture geek se dessine depuis presque 20 ans et leur création en Alsace. Leur dernière sortie Terreur Nocturne remonte à Avril dernier, et c'est assez plaisant de retrouver du chant français aussi efficace. Grosse surprise donc pour ce groupe francophone et leurs mélodies entêtantes qui ne tardent pas à nous mettre dans le bain. C'est la 1ère fois que je les vois en live et leur prestation me donne sacrément envie de décortiquer leur discographie. Je retrouve presque ce sentiment d'adolescence lorsque j'écoutais Pleymo pour la première fois. Mais avec un sacré boost d'énergie. La boue a envahit le pit et même s'ils nous préviennent que la pluie ne les arrêtera pas, on commence franchement à se liquéfier sur place.
Après une pose pour se sécher, c'est un autre duo français qui fait son entrée pour nous présenter un style tout à fait différent, bien que tout aussi intéressant. Ko Ko Mo commence a bien tirer son épingle du jeu dans la scène rock française. Mais il est plus inhabituel de les retrouver dans un festival purement metal. Exercice assez périlleux donc, surtout quand on connait l'exigence générale que peut avoir un public de passionnés. Mais force est de constater qu'ils ont totalement leur place. Les notes vocales que peut atteindre Warren, le chanteur et guitariste, sont assez impressionnantes et arrivent à captiver le public. Un vrai diamant brut. Leur musique oscille entre des influences blues très marquées mais aussi hard rock. Bref ils ne se mettent aucune limite créative et cela se fait avec un talent évident.
Pour la suite on enchaine avec Villagers of Ioannina City que je découvre complètement à l'occasion de ce festival. Avec leur style plutôt folk/ stoner, ils viennent tout droit de Grèce (une terre décidément propice aux groupes de metal talentueux). Leur musique très spirituelle se caractérise par l'utilisation d'instruments folkloriques traditionnels. Assez discret dans le paysage metal, cela devrait évoluer rapidement car ils ont désormais signé avec Napalm Records ce qui devrait les emmener bien au delà des frontières de leur pays d'origine. Nous devrions donc les retrouver on l'espère très prochainement avec un nouvel album.
Il est l'heure de se mettre à l'horloge Suisse avec Eluveitie. Groupe pagan/folk qu'on ne présente plus (bien que les membres qui le compose aient souvent évolués). Accompagné par un soleil couchant qui réchauffe les cœurs, le groupe entame son épopée. Avec Exile of the gods et ses textes puissants sur l'écologie et nos impacts sur mère Nature, la joyeuse tribu nous plonge immédiatement dans son univers. Le mélange de chant growl de Chrigel Glanzmann et le chant clair de Fabienne Erni fonctionne parfaitement. Bien que je sois absolument nostalgique de l'époque avec Anna Murphy (dont nous avons tous été amoureux.ses ne mentez pas!), il faut bien avouer que Fabienne Erni a su reprendre le rôle avec brio. Elle occupe la scène, alternant entre ses parties de chant sur le devant de la scène, ses headbangs et son jeu de harpe plus en retrait. Le set est carré comme toujours avec Eluveitie, peut être un peu trop? Le groupe enchaine les morceaux plus ou moins récents. Les accords lourds de guitare saupoudrés tantot de mandoline, cornemuse, violon, harpe ou encore vielle à roue sont toutefois efficaces et entrainent le public.
Puis vient le tour de Celeste, groupe lyonnais de sludge/ black métal. Il fait parti de cette scène française novatrice qui n'hésite pas à mixer les genres pour obtenir des morceaux lourds de sens et enivrants. Leur scénographie est toute en sobriété, des lumières rouges découpent les silhouettes des membres du groupe, renforçant la noirceur et mélancolie de leurs morceaux. Cette ambiance s'accentue encore lorsque les membres du groupe se retrouvent dans la pénombre, seulement éclairés par des lumières frontales rouges. La plupart des morceaux joués sont tirés de leur dernier (et excellent) album Assassine(s). Mention spéciale pour le puissant morceau Des torrents de coups. Tout cela ne respire pas la joie de vivre j'en conviens, mais personnellement j'aime beaucoup cette ambiance émotionnellement très intense. Au passage, mention spéciale à leurs différentes pochettes d'album que je trouve splendides.
Il est temps d'accueillir Rise of the Northstar, un des groupes les plus attendu de ce festival. Une de leur particularité est d'empreinter beaucoup de codes visuels issus des mangas/ animés et du Japon de manière générale. J'aime beaucoup leur scénographie, étant moi même assez fan de cet univers. Plein de détails sont présents sur scène et participent grandement à l'immersion, de type cerisiers en fleur ou lanternes japonaise. Masque sur leurs visages, leur style musical est un mélange de metal/ rap core, de groove ou encore de hip hop. On reconnait aussi certaines influences du trash à la Slayer. Efficace si on veut poser le cerveau et se débarrasser de toutes pensées parasites. Le public se retrouve branché sur le 2000 volts et en avant les pogos dans la fosse. Showdown, Bosozoku, Again and Again, les titres s'enchainent et maintiennent une folle intensité. On ne peut que reconnaitre leur grande efficacité en live (et dans les écouteurs pour faire du sport, si si, essayer vous verrez). Musicalement, je pense que le groupe va probablement continuer d'explorer et pousser leur concept, à l 'image du titre Rise qui est une vraie pépite. Une plus grande prise de risques dans leurs prochaines compositions leur serait favorable pour ne pas trop tomber dans du répétitif. Je suis assez curieuse de voir quelle sera leur évolution sur leur futurs albums.
Et pour finir la soirée en beauté, le groupe Horskh fait son entrée ce qui convient parfaitement pour clôturer ce festival. La touche indus justement dosée pour lâcher les dernières forces qu'il nous reste (même s'il ne reste plus grand chose à ce stade). Avec Bastien à la voix et la guitare, Briou à la batterie et Jordan pour la guitare et claviers, ils nous présentent notamment leur dernier album Body sorti début 2024. Sur la scène peu d'artifices, mais des jeux de lumières qui renforcent le sentiment que l'horaire est très bien choisi pour programmer ce groupe, surtout en plein air. Une ambiance digne d'un club sombre où de mystérieuses créatures paradent. Beaucoup d'influences là aussi, certains sons me rappellent assez clairement du Ministry, NIN et même Combichrist. Et c'est sur ces dernières notes que s'achève le festival.
Le Plane'r fest nous aura décidément bien gâtés cette année. Avec une affiche très variée qui a su faire la part belle aux groupes français. Et c'est important de le souligner car nous avons d'excellents groupes dans l'hexagone qui ne demandent qu'à être découverts. Bref nous aurons eu une ambiance de festival comme on les aime : bon esprit, avec de la convivialité et ouverte sur les divers styles de metal. Et avec beaucoup de bières.
On se dit à l'année prochaine.
Photos: Sekhmet Eve
Textes: Floriane Aniselys