18/5/2024

Live report du Post in Paris, 18-19 mai 2024, Communale de Saint-Ouen

Des festivals tels que le Post in Paris, on les compte sur les doigts d’une main ! Il est si rare de découvrir de tels lieux musicaux produisant des groupes aussi uniques et arpentant les sous-genres du post-rock et du post-métal. Ce fut un véritable honneur pour Anna et Garance de se rendre à l’édition 2024 du festival ayant lieu dans un lieu inédit, la Communale Saint-Ouen, pour le plus grand plaisir de Métalleux de France. Suivez les lignes de ce live report, vous ne regretterez pas l’aventure underground et métallique que propose le Post in Paris 2024.

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DAY 1 - SAMEDI 18 MAI 2024

Pour la première fois depuis le commencement du festival, le Post in Paris quitte la salle du Petit Bain pour s’exporter dans un lieu convivial et chaleureux, la Communale Saint Ouen. Nous sommes dors-et-déjà frappé par l’immensité des lieux en pénétrant dans le grand entrepôt offrant une variété d’activités et de stands de nourriture et boissons, pour tout le plaisir des festivaliers. Nous découvrons alors les trois nouvelles scènes dédiées au Post in Paris : la Place des Fêtes accueille les expériences musicales les plus originales et authentiques, le Club présente les groupes à l’énergie débordante sous des lumières digne d’une boîte berlinoise et l’Extra Bal, la salle la plus imposante, expose en son sein les pépites du festival.

En prenant place devant la Place des Fêtes pour le premier concert du festival, nous étions loin de nous douter de la claque poignante et émotionnelle que le groupe Lorsque Les Volcans Dorment s’apprêtait à nous donner. Ce projet de post-traumatic-rock prend la forme d’un collectif musical féministe au travers duquel sont invités.es à s’exprimer des performeur.euses autour du thème de l’expérience traumatique. Une première performeuse s’approche du micro au centre de la scène et c’est en symbiose que le groupe ouvre le festival. Le spoken word prend alors tout son sens sur une musique à la fois aérienne et puissante. S’enchaînent piano, guitares, basse, violon et trompette, c’est une véritable vague émotionnelle qui nous submerge. La force des mots n’est pas seulement cathartique, elle apaise également. Au nombre de six, les performeurs.euses se délivrent de leurs souffrances à coups de poésie, iels prononcent les mots qui fâchent mais également ceux qui libèrent. Au fil de leurs récits, iels mêlent slam, growl, performances poétiques et théâtrales pour montrer que le traumatisme est aussi multiforme que polyphonique. Leurs témoignages sont portés par les guitares atmosphériques, les lignes de basse dont la lourdeur défie les lois de la gravité, le piano percutant l’ensemble musical, qui finalement est adouci par les harmonies passionnelles du violon. Entre deux chansons, l’un.e des deux guitaristes pose son instrument pour nous livrer son cœur. À l’origine de ce collectif, iel nous explique avec émotion comment ce projet de résilience, cet exutoire artistique et poétique, a vu le jour. Tout au long de cette prestation, les larmes ont coulé aussi bien du côté des artistes que du public, lui-même touché en plein cœur. Il est si rare de découvrir des projets aussi uniques et puissants en termes de portées et de messages. C’est haut et fort que nous recommandons l’écoute du prochain album de Lorsque Les Volcans Dorment, prévu pour le premier trimestre 2025.

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En reprenant notre souffle, nous nous dirigeons vers les prochains concerts. Nous nous joignons à la foule des festivaliers afin de découvrir dans l’Extra Bal le prochain groupe de post-rock instrumental, L.O.E (alias Last Of Eden). En provenance de Halifax au Royaume-Uni, les musiciens nous projettent dans leur univers aux sonorités astrales et puissantes, ponctuées par des enregistrements audio de voix aux paroles implacables. Le groupe nous offre alors une performance inédite de son nouvel album, « The World & Everything In It », présentant une interprétation moderne de la musique instrumentale liée au spoken word. Les fans de Maybeshewill se réjouiront de découvrir les nouveaux titres de L.O.E car ils dégagent une énergie aussi poignante que bouleversante.

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C’est sur la Place des Fêtes qu’a lieu le concert d’Anitya. Lent, planant, poétique, les adjectifs pour qualifier ce trio prometteur ne manquent pas. Entre Paris et Amiens, ces musiciens nous proposent un son original qui se situe entre le post-rock et le shoegaze. Offrant un véritable voyage musical, les morceaux sont aussi longs que riches, permettant de charmer systématiquement leurs auditeurs, qu’ils soient nouveaux ou habitués. Véritable perle prometteuse, nous conseillons à tout amateur de poésie musicale d’y tendre une oreille.

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Retour à la salle sombre du Club Solitone se produit. Jeune groupe de sreamo/post-hardcore originaire de Bordeaux, il se démarque par un son révolté et enragé chanté en français. Bien qu’ils soient programmés en même temps qu’Anitya, il est impossible de ne pas se laisser gagner par l’envie de bouger au rythme endiablé de leurs morceaux. La salle, éclairée par des lumières diaphanes projetées au mur, se prête d’ailleurs totalement au show en ajoutant la touche underground parfaite pour apprécier davantage la musique. En attendant qu’ils nous fassent le plaisir de sortir leurs nouvelles créations, on ne peut que vous recommander d’aller (ré)écouter leur unique album « Lame de Fonds », sorti en 2018.

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Sans transition, nous nous dirigeons de nouveau vers l’Extra Bal pour découvrir sur scène l’ovni underground que constitue Cosse. Mêlant post-rock et noise, le groupe parisien a un univers musical bien à lui et est déjà parfaitement installé dans la scène post. Leurs chansons arpentent l’expérimental à la recherche de sonorités nouvelles et présentent une interprétation nouvelle de la scène noise. Allant crescendo, on retrouve dans leur son instrumental une certaine inspiration Don Caballero qui ravit nos tympans. Sur scène, nous sentons que les musiciens sont en tension et à deux doigts de faire imploser le mur du son.

Nous prenons place devant une autre scène afin de découvrir le groupe pépite du math-rock, j’ai nommé Touccan. Ce duo lyonnais se démarque de la scène post par un son précis renouvelant avec le punk melocore et l’interprétant de façon inédite. Leur présence instrumentale est phénoménale et leurs structures rythmiques irrégulières et créatives font vibrer la halle de la Communale Saint-Ouen. Les deux musiciens en symbiose ainsi que leurs musiques rappellent Touché Amore. Les screams viennent déchirer le paysage musical et apportent de l’organique ainsi que de la couleur au son carré de Touccan.

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En ce moment en tournée avec Solitone, Ari est un groupe de screamo provenant de Bordeaux également. Se caractérisant par un contraste entre une musique planante et une voix déchirante, le jeune groupe, aussi puissant que révolté, parvient rapidement à conquérir un public charmé par leur fougue. Jouant leurs morceaux tout juste parus, nous sommes déjà impatients de découvrir la suite de leurs projets. Aucun doute là-dessus, Ari se hisse sans difficulté parmi nos plus belles découvertes de ce festival.

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Nous restons sur notre petit nuage car l’univers d’Alber Jupiter est pour nous également une magnifique découverte. Le duo provient de Rennes et propose un paysage sonore à la croisée des astres. Les deux artistes sur scène nous révèlent qu’avec uniquement une basse et une batterie, il est possible de voyager vers l’infini et bien au-delà. Les lignes de basse explorent tous les possibles et se frayent un chemin à la fois dans les sons lourds et les sonorités les plus aériennes. Les musiciens jouent également en inédit des morceaux de leur nouvel album « Puis vient la nuit », à découvrir de toute urgence.

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Originaires de Brighton en Angleterre, As Living Arrows se démarque par son univers post-hardcore aussi sombre que poétique, un véritable délice pour les mélomanes les plus torturés. La voix est déchirante et la musique surpuissante, évoquant des tempêtes émotionnelles dignes des plus romantiques. Ce fut un véritable plaisir de découvrir la plupart des morceaux de l’album « In the absence of », lors de ce qui fut leur premier concert en France. Leur dernière sortie « Hides » est une pépite révoltée que nous ne nous lassons pas de recommander.

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Véritable perle post-rock suédoise présente dans nos playlists depuis un bon nombre d'années, Oh Hiroshima nous a toujours charmé par son univers absolument unique. Vous n’imaginez pas notre joie lorsque nous avons découvert qu’ils faisaient partie de la programmation du festival. Au fur et à mesure de leurs sorties, ils sont parvenus à se renouveler avec brio, conservant néanmoins leur touche personnelle grandiose et mélancolique qui a fait leur succès. Sans surprise, ils parviennent à envoûter l’ensemble de la salle, clôturant cette première journée du festival de la plus belle des façons. « All Things Shining » est sorti depuis le 23 juin 2024, pour notre plus grand plaisir !

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DAY 2 - DIMANCHE 19 MAI 2024

Nous voilà de retour à la Communale Saint Ouen pour une nouvelle journée remplie de découvertes post et musicales. Sans attendre, nous nous dirigeons vers la Place des Fêtes afin de découvrir le trio instrumental Baleine. Provenant de Paris, les musiciens mêlent post-rock et math-rock, le tout sublimé par une inspiration art-rock moderne. On apprécie particulièrement le tee-shirt « More Women On Stage » que porte l’un des deux guitaristes, mais nous reviendrons sur ce point un peu plus tard dans le report. Une pépite d’originalité, Baleine est un groupe à découvrir absolument avec leur récent album « I ». On attend donc avec impatience les « II », « III » voir « IV » (si c’est pas prog et post ça…).

Nous ne perdons pas une seconde et nous nous dépêchons de rejoindre l’Extra-Bal pour retrouver Darius, un groupe suisse et pas des moindres puisqu’il a été programmé au Post in Paris pour la troisième fois. Cette fois-ci, ce sont les fans de Birds in Row qui, comme nous, se reconnaîtront dans le style noise et post-hardcore de Darius. Révélant un son monstrueusement vigoureux, l’énergie du groupe est alors déployée par trois guitares, une basse et une batterie. Sous les grandes lettres blanches indiquant le nom du groupe, les musiciens jouent avec nos sens. Darius est un groupe à découvrir de toute urgence, si l’on n’a pas peur de se prendre le mur du son.

On enchaîne ensuite avec un jeune trio tout droit venu du Havre, cette fois situé Place des Fêtes. Véritable voyage indie rock quelque peu nostalgique, le tout teinté d’une touche émo, qui n’est pas sans nous rappeler des souvenirs de notre adolescence. Pour celles et ceux qui sont curieux, nous vous invitons à aller les découvrir au travers de leur premier album « Through the cracks », sorti en 2024.

Une immense file d’attente se forme devant le Club et nous comprenons rapidement que ce sont les très attendus Karaba F.C. qui s’apprêtent à déchaîner toute leur énergie sur le Post in Paris. La salle est bondée à craquer et la foule se déchaîne en voyant apparaître les musiciens sur scène. C’est alors que le groupe parisien déploie ses sonorités post-hardcore avec une touche d’indie rock également. D’une sensibilité foudroyante, les musiques de Karaba F.C. nous rendent mélancoliques avant l’heure.

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La soirée s'intensifie ensuite avec 20 Seconds Falling Man sur la scène de l’Extra Bal, un groupe de post-hardcore tout droit venu de Nantes. De loin l’un de nos concerts favoris du festival, leur musique ainsi que leur performance furent mémorables. Punchy et révolté, leur musique poignante n’est pas sans nous rappeler celle de Cult of Luna. N’hésitez pas à (re)découvrir notre interview sur ce même site, à l’occasion de la sortie de leur dernier album « Resilience ».

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Les festivals sont également des occasions de découvrir des groupes insolites que l’on aurait sûrement jamais pu connaître autrement. Standars est l’un de ceux-là. Ce groupe de math-rock se définit en réalité comme du fruit rock, une catégorie qui leur sied bien tant leur son est ensoleillé et fruité. Leur bonne humeur ainsi que leurs plaisanteries sur scène (ils furent placés en face d’un maraîcher ce qui les a beaucoup amusé) furent aussi savoureuses que leur musique pleine de good vibe. On vous conseille d’en garder pour vos playlists de cet été !

Permettez-nous maintenant de vous raconter une petite anecdote festivalière afin d’introduire le prochain groupe, Black Bile. Ma fidèle acolyte Anna et moi-même étions stupéfaites de ne pas trouver de vinyle d’Amenra au merch Frozen Records (ce groupe pionnier du doom est, vous vous en doutez, très cher à nos yeux de posteuses). L’incroyable vendeuse nous rassure : ils sont souvent introuvables car en rupture de stock ! Puis, elle nous glisse subtilement dans l’oreille d’aller découvrir Black Bile afin de rassasier notre soif de doom et de lourdeur. Et quel conseil… En provenance de Lorient, Black Bile possède un son et une présence authentique. La voix glaçante de la chanteuse résonne dans toute la salle, bondée car décidément trop petite pour le succès que rencontre le groupe. Les lignes de basse écrasantes nous retiennent au sol et la poésie sombre des/de la musiciens.enne nous touche au plus profond des tympans. Les passages instrumentaux sont d’une élégance obscure et nous glace le sang. Leurs musiques résonnent comme un hommage à Oathbreaker et raviront également les fans de Predatory Void.Black Bile est un incontournable qu’il est urgent de découvrir au travers de leur récent album « L’Oratoire ».

Ce fut pour nous un véritable honneur de découvrir sur scène pour la première fois A Burial At Sea. Le groupe irlandais déploie son arsenal instrumental sur scène et formulent un math-rock authentique et foisonnant. La poésie des cuivres est mêlée à la puissance d’un son lumineux et rayonnant. A Burial At Sea ouvre le champ des possibles à la croisée des styles musicaux. Ce groupe est à (re)découvrir de toute urgence avec leur nouvel album « Close to Home ».

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Le dernier concert du Club fut Fragile, un groupe de punk rock français. Moins lisse que la version studio, nous avons eu le plaisir de découvrir un set plutôt révolté et enflammé, ce qui fut pour nous une belle surprise. Victime de son succès, la salle était entièrement bondée. Nous eûmes le plaisir de découvrir également quelques nouveaux morceaux que nous espérons avoir la chance de voir sortir bientôt.

Et pour terminer en beauté ce festival, nous avons eu le plaisir de découvrir sur scène Lite, un groupe de math-rock japonais au son atypique et expérimental. Totalement ovni, déstructuré, les mots ne manquent pas pour décrire ce quatuor talentueux. Bien que contrastant avec l’énergie du groupe précédent, ce fut néanmoins une belle façon de clôturer le festival avec une touche remarquablement unique, à l’image du Post in Paris en lui-même.

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Un petit mot de la fin : hormis Lorsque les Volcans Dorment et Black Bile, on regrette beaucoup l’absence de musiciennes sur scène, sachant surtout que certains organisateurs arborent le fameux tee-shirt « More Women On Stage » : c’est beau sur le tee-shirt, mais c’est encore mieux sur scène ! D’autant plus que le public du Post in Paris et de la scène post de manière générale est très largement composé de femmes. On croise les doigts pour en voir davantage l’année prochaine, et en attendant on réécoute les perles qu’on a découvert au Post in Paris 2024. À l’année prochaine !

© Écriture : Anna Grésillon & Garance Ameline

© Photographies : @eyramicalement / @soundingshivers

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