5/11/2023

Nordic Power Metal Titans : les trois S au sommet

Nordic Power Metal Titans : les trois S au sommet

Pour me ramener au Bataclan, il fallait au moins un line-up comme celui-là.  Comme d’autres avant moi, j’avais mes réserves : pouvais-je retourner profiter de la musique là où tant de jeunes avaient laissé la vie ? Mais en voyant le nom de Sonata Arctica accolé à celui de Stratovarius sur l’affiche de promo, j’ai su que, 10 ans après mon dernier concert dans cette salle, le moment était venu d’y retourner.

Sonata Arctica, la puissance et l’émotion

Sonata était aussi le seul et dernier groupe que j’avais vu au Bataclan. Leur musique m’a accompagnée dans tous les moments importants de ma vie, depuis que j’ai 15 ans, et ils ont beaucoup joué dans mon introduction au genre metal.

Le quintet finlandais ne nous a pas déçu, en nous offrant une setlist résolument orientée power metal, conduite d’une main de maître aux accords du guitariste Elias Viljanen et du claviériste Henrik Klingenberg. Commençant par un Black Sheep qui a bien chauffé la salle, le groupe nous a ensuite offert à l’écoute leur dernier single, First in Line, présageant un futur album renouant avec leurs premières influences. Comme toujours, le frontman Tony Kakko a su jouer avec nos cœurs et avec le rythme du concert, alternant des morceaux énergiques, comme 8thCommandementThe Cage ou Full Moon, avec des ballades chargées d’émotion, comme Tallulah et Replica.

Sur leurs deux derniers albums, les mauvaises langues accusaient le chanteur d’avoir perdu sa voix, et de devoir recourir à la musique acoustique pour y remédier. Je défie toute personne ayant assisté au concert d’arriver à la même conclusion : Tony Kakko était bien présent, avec une technique vocale impeccable et un showmanship toujours plus participatif.

Henrik et son synthé fou

Qu’il s’agisse de fans vétérans, comme moi, ou d’une première écoute, comme mon ami Étienne qui les découvrait, les spectateurs ont pu apprécier l’énergie du groupe, les jeux de chant avec le public à la Freddie Mercury (dont Tony est un grand fan), et, tout simplement, la bonne humeur pure et intacte de musiciens qui appréciaient vraiment leur travail. Malgré un set toujours trop court, la sincérité des émotions éprouvées a durablement imprégné les spectateurs, nombreux à soutenir le groupe, à connaître les paroles par cœur, et à se tabasser sur l’outro Vodka (comme par hasard, dès que ça parle d’alcool, les Français pogotent !). 

Stratovarius, une mécanique bien huilée

On ne présente plus Stratovarius, groupe légendaire de power metal finlandais fondé en 1984. C’est un passage obligé pour tout fan du sous-genre, au même titre que Blind Guardian. Mon adolescence, elle aussi, a été marquée par les accords de StratosphereBlackDiamond ou Season of Faith’s Perfection.

Le public était clairement là pour le groupe, sera ssemblant dans la fosse et vibrant d’impatience. Les cris et mains se sont levés pour accueillir les membres, qui ont lancé le set par la chanson éponyme de leur dernier album, Survive. J’ai été bluffée par la puissance vocale de Timo Kotipelto, nous servant des aigus particulièrement impressionnants tout au long du concert, et par l’instrumentation absolument impeccable ; c’était comme écouter une version studio, l’enthousiasme du public en plus.

Timo Kotipelto

Un homme devant moi connaissait toutes les paroles et se déchaînait sur de l’air guitar avec une joie qui faisait plaisir à voir, un groupe sur le devant de la scène agitait un drapeau avec ferveur ;un bonheur partagé soudait la fosse. Le groupe nous a servi des grands classiques de leurs albums passés, comme Father Time ou Unbreakable ,mais aussi des morceaux plus récents, et tout aussi impactants (Frozen in Time et World on Fire). Le finish sur Hunting High and Low concluait brillamment un set très appréciable, moins chargé en émotion que Sonata Arctica, mais plein d’une radieuse énergie qui nous a requinqués.

Sortilège, une bonne ambiance médiéfantastique       

Sans vous mentir, je ne connaissais pas Sortilège. Ce groupe français de heavy metal des années 80, reformé en 2019,avait toujours échappé à mon écoute. Pourtant, nombreux étaient les t-shirts dans la fosse à l’effigie du groupe. J’ignorais à quoi m’attendre, mais la scène qui s’ornait déjà d’une figure glorieuse d’ange guerrier laissait au moins présager un set aux tonalités épiques.

Je ne peux pas dire que je n’ai pas été surprise parle changement d’ambiance. Après avoir été transportée pendant presque deux heures par des musiciens chevelus et des solos de synthé fous, voir arriver sur scène ces musiciens aux cheveux courts et au rythme bien plus posé m’a prise de cours. Mais le public ne semblait pas spécialement de mon avis. Malgré une fosse plus éclaircie après le départ de Stratovarius, des fans inconditionnels étaient bien là, les mains battant en rythme. Traitez-moi de chauvine, mais le chant était en français, j’ai trouvé la chose suffisamment rare pour être remarquée et appréciée. Pour une raison qui m’échappe, la voix de Christian Augustin m’a rappelée celle de François « Fanfan » de Bérurier Noir, amenant un petit côté punk inattendu à un univers pourtant radicalement heroic fantasy.

Malgré nos différences stylistiques, j’ai pu apprécier le son très propre, le set bien rodé, et l’ambiance générale. J’avais l’impression de me retrouver aux Caves Alliées un soir de fête, avec une bande de joyeux buveurs parlant d’aller chasser le dragon ou de visiter des contrées inconnues. Le refrain du Sacre du Sorcier a d’ailleurs bien parlé au public... ne s’agirait-il pas encore de faire mousser de l’hydromel dans nos verres ?

J’aurais bien aimé voir Sortilège à l’époque de leur gloire première, au sommet de leur style vestimentaire très 80’s, qui manquait, je trouve, à leur mise en scène. Après tout, nous autres amateurs de power metal assumons très bien notre attachement pour le suranné. Cependant, face à deux géants du genre finlandais, nous pouvons remercier le groupe d’avoir à cœur de défendre leur heavy metal made in France.               

Conclusion

Courant sous une pluie battante, je suis allée prendre une pinte dans un bar très sympa du quartier, accompagnée de mon ami et d’une petite planche de charcuterie-fromage, toutes ces émotions nous ayant donné faim et soif. Pour une soirée de retour au Bataclan, je n’aurais pas pu être mieux traitée. Il allait ce public joyeux, ces groupes qui ont bercé ces moments de ma vie, cette ambiance franche et sans complexe, pour renouer avec un lieu marqué par la tragédie.

 

Texte : Blandine Marcé

Photos : Noémie Rafflin

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