28/1/2025

PAGANFEST 2025 au Zénith de Paris

PAGANFEST 2025

Y aurait-il une malédiction (pirate ?) sur le Zénith ? A chaque fois que je m’y rends pour un concert, il pleut comme si c’était le Déluge. La dernière fois, c’était pour Powerwolf. Aujourd’hui, c’est pour partager un moment de folk metal avec d’autres compatriotes métalliques, pour le Paganfest 2025. 

10 ans d’absence, pour les amateurs et amatrices du genre, c’est long. Le Zénith de Paris nous gâte avec une programmation aux petits oignons. Metalleux de France vous propose un live report à plusieurs voix, pour mieux vous faire profiter du spectacle. 

ELVENKING  

Un report par Orsola, de MDF 

Le regard pénétrant de Damnagoras, roi des Elfes

La soirée commence tôt avec Elvenking, qui monte sur scène un peu avant 17h30. Bien que la salle ne soit pas encore remplie, les fans les plus dévoués sont déjà au rendez-vous pour accueillir ce groupe italien, qui se fait rare en France. Une véritable opportunité pour leurs fans, et une découverte pour beaucoup d’autres.

Le groupe entame son set avec «Throes of Atonement », extrait de leur dernier album, et poursuit avec des titres puisés dans diverses époques de leur discographie. L’un des moments forts de la soirée est l’interprétation de «The Horned Ghost and the Sorcerer », dont le break puissant évoque une ambiance digne d’un jeu vidéo rétro épique. Damnagoras (Damna), le chanteur charismatique, impressionne par sa présence scénique. 

Malgré un mixage sonore mettant parfois la voix un peu trop en avant (une voix d’ailleurs assez unique et qui n’aura peut-être pas séduit tout le monde), la prestation reste impeccable. La présence du violoniste Fabio “Lethien” Polo apporte une touche très personnelle à leur folk metal, et est peut-être le meilleur atout du groupe. Le mélange de mélodies entraînantes, de riffs puissants et de chœurs épiques est taillé pour la scène, notamment lors de morceaux comme « Moonbeam Stone Circle », à l’ambiance à la fois festive et féerique.

Fabien "Lethien" Polo, virtuose du violon

Le public, fan de la première heure ou nouveau venu, montre clairement qu’il est là pour faire la fête. Après tout, on est au Paganfest, et l’ambiance ne tarde pas à monter. Damna invite la foule à donner de la voix, et même si le Zénith n’est pas encore rempli, la réponse ne se fait pas attendre.

Avec un set relativement court (huit titres, plus une intro et une outro), Elvenking parvient à ouvrir la soirée sur une performance solide et énergique. De quoi préparer efficacement le terrain pour la longue soirée à venir. 

HEIDEVOLK 

Un report de Blandine, de MDF

Heidevolk a été la belle découverte de cette soirée. Le groupe néerlandais, dont le nom signifie “peuple de la terre de bruyère”, nous a proposé un show efficace, aux accents païens.

Tout de cuir et de longs cheveux vêtus, les musiciens, chantant presque exclusivement en néérlandais, nous ont offert des chants rythmés, où des voix et chœurs folk se mélangeaient parfaitement avec des growls plus métalliques. Le public suivait la musique, comme en transe, se laissant porter par les moments plus doux et enflammant la fosse lors d’accents plus énergiques. J’apprécie particulièrement le duo des voix des chanteurs Jacco de Wijs et Daniël Den Dorstighe, invoquant la musique comme lors d’un rituel sacré.

Le public recueille leur prestation avec enthousiasme, battant des mains sur « Wolf in My Heart », lançant de puissants “OUH ! OUH ! OUH !” sur « De Strijd Duurt Voor » (“Le combat continue”), ramant en rythme « Schildenmuur » (“Mur de boucliers”), ou levant les bières en chœur avec les chanteurs, qui sortent, pour l’occasion, leurs immenses cornes à boires. Tout en trinquant avec nous, le groupe nous remercie de notre présence, si tôt dans la soirée; ils comprennent que si nous sommes là, c’est bien pour eux. 

Drinking with the gods !

Je garde plusieurs souvenirs marquants du concert, notamment du morceau « Saksenland », son cri de guerre introductif résonnant à travers le Zénith, et son rythme entraînant, sonnant comme une marche inévitable vers une bataille à venir. On se souviendra aussi de cet homme en kigurumi licorne brodé de patchs, slammant au-dessus la foule, ou de l’échange attendrissant, en fin de concert, du bassiste Rowan Roodbaert avec le public, alors qu’il s’efforçait d’envoyer la feuille de la tracklist, pliée en forme d’avion… sans que la feuille ne nous parvienne jamais (elle revenait vers lui).

Týr

Un report de Blandine, de MDF

Le chanteur Heri Joensen conjurant la puissance combinée du metal et du folklore féroïen

Après l’énergie d’Heidevolk, je m’attendais à être transportée par le groupe Týr, issu des îles Féroé, dans un monde de chants martiaux et d’échos vikings. Le set s’est cependant révélé bien plus doux que celui de ses prédécesseurs, insistant davantage sur l’aspect folk que sur l’aspect metal

Bien qu’introduit par leur plus célèbre chanson, le dynamique « By the Sword in my hand », le spectacle reste, dans l’ensemble, assez sobre. Les morceaux plus énergiques, provoquant quelques mouvements de foule dans le public (Blood of Heroes, Dragons Never Die), peinent à ranimer durablement la fosse, déjà éprouvée par deux concerts.

Si le groupe excelle dans les chansons plus lentes, aux sonorités tribales, comme « Regin Smiður » ou « Sinklars Visa », et nous offre de beaux moments de guitare avec "Hold the Heathen Hammer High", leur harmonie générale crée un contraste perceptible avec celle des autres groupe, qui me laisse un peu sur ma faim. Je décide en milieu de concert de m’installer dans les gradins, et de profiter du calme relatif pour me reposer, car il me faut encore tenir deux heures. 

ENSIFERUM

Un report de Stéphanie, de MDF 

Vous reprendrez bien une petite dose de rugissement païen ?

Quoi de plus évident que de retrouver Ensiferum à l'affiche, pour le grand retour du Paganfest. Et au vu du nombre de t-shirts fièrement portés par les fans de folk metal présents ce soir, il ne fait aucun doute que le groupe est attendu.

Les lumières s’éteignent, laissant place à un tumulte d’applaudissements et de cris. Les membres du groupe apparaissent un à un, bien décidés à lancer les hostilités avec énergie. 

Nos finlandais mettent immédiatement tout le monde d’accord en ouvrant avec le titre « Fatherland » issu de leur dernier album sorti en 2024 : Winter Storm. Puis enchaînent avec l’incontournable « Twilight Tavern » et « Treacherous God ».

Ensiferum, une indéniable puissance scénique

Dès le début du set, Petri Lindroos (chant/guitare) impose sa présence charismatique. Sa voix gutturale et ses riffs percutants se marient parfaitement avec les chœurs épiques assurés par Markus Toivonen (guitare), Sami Hinkka (basse) et Pekka Montin (claviers/chant clair).

Les premières notes d’un titre qu'il me tardait d’écouter en live commencent à résonner : « Winter Storm Vigilantes », la salle se transforme en une mer de headbangers. Avec ce titre Pekka Montin impressionne particulièrement par ses envolées vocales parfaitement maîtrisées.

Les habitués des concerts de Ensiferum vous le diront certainement : « On va ramer ». Et sur le titre « Lai Lai Hei », c’est incontournable, les fans dans la fosse du Zénith se mettent à terre pour ramer en cœur. Puis c'est une explosion d’énergie  dans le public sur les titres «  Andromeda » et « Victorius ». 

Ensiferum puise dans toutes les époques de sa discographie, enchaînant les classiques et les morceaux plus récents pour nous faire passer un moment festif.

Le groupe poursuit avec « Two of Spades », véritable hymne de fête. Les claviers aux accents disco et les riffs endiablés transforment la salle en une taverne géante où tout le monde danse. Le titre « Iron » vient clôturer à la perfection un set court, festif et intense.

*** 

L’ambiance est électrique. Après presque quatre heures d’attente, les fans trépignent d’impatience, bien que nombre d’entre nous se soient assis sur le sol pour récupérer un peu. C’était sans compter sur Alestorm qui, sachant comment créer l’ambiance, diffuse dans les enceintes Bohemian Rhapsody de Queen, connue pour mettre tout le monde d’accord. C’est un mouvement général; la foule se lève comme un seul être, et chante en chœur et à plein poumons cette chanson mythique de 5:55 minutes. Les bras se balancent, les lumières des téléphones sont allumées : c’est l’unité dans l’appréciation de la musique, qui nous laisse repus et contents juste avant que le show démarre. 

***

ALESTORM

Un report de Blandine, de MDF 

P.A.R.T.Y, la fête avec Alestorm

Marquez bien mes mots : de toute ma vie, je n’ai jamais vu un tel bazar dans une fosse. Et pourtant, j’ai fait Ultra Vomit à la Clef de Saint-Germain en 2018. Mais rien ne pouvait me préparer à l’énergie délirante du pit pirate d’Alestorm.

J’aurais pourtant pu m’en douter : canards jaunes géants sur scène, lumière verte crue, l’ambiance était déjà décalée.

Quand j’ai vu arriver Christopher Bowes, en kilt vert et d’une casquette noire ornée d’un poussin jaune, accompagné du bassiste Gareth Murdock et guitariste Maté Bodor, vêtus de flamboyants boxer vert pomme, j’ai su que j’allais passer une bonne soirée. 

"Je collectionne des canards, oh oh..."

Entre les chants de pirates qui nous ont ravis (« Under the blackened banner »), les pogos furieux sur Mexico, les slammers qui fendaient le pit en délire comme Moïse séparant les eaux, volant on ne sait comment de mains en mains ; les lumières arc-en-ciel de P.A.R.T.Y., la fosse qui criait en choeur “We are here to drink your beer !”,  l’homme-requin en kilt jaune se déhanchant sur scène sur Hangover, les cheveux de feu de Patty Gurdy, seule femme musicienne de la soirée, jouant avec virtuosité de sa vieille à roue, les screams impressionnants du claviériste Eliott Vernon, la fosse se transformant en une marée de rameurs sur « Fannybaws »… J’ai vécu une soirée mémorable, déjantée et folle, faite de couleurs mélangées, de “Yo ! Ho ! Ho”, de tricornes et surtout, surtout, de joie. 

On retiendra la puissance vocale spectaculaire de Patty sur « Voyage of the Dead Marauder » (embauchez-la à plein temps !!), le chanteur qui nous traite d’alcooliques parce qu’on vient boire de la bière en milieu de semaine, la poésie délicate de la chanson « Shit Boat » (“Your pirate ship can eat a bag of dicks !”), et surtout, surtout, l’immense “FUCK YOU” en lettres vertes, s’élevant de la scène en fin de concert, sur l’outro « Fucked with an anchor ». Un “Fuck You” plein d’amour, d’un groupe qui ne se prend pas au sérieux, et qui communique cette belle énergie à son public. 

Une image qui se passe de mots

C’était un concert mémorable. Tout le monde devrait avoir le droit de venir s’amuser comme ça au moins une fois. Allez voir les concerts d’Alestorm. Je vous promets des rires, des courbatures, des vertèbres tassées, et surtout, de très beaux souvenirs. 

***

Alors, le Paganfest, c’est oui, ou c’est non ? C’est oui ! Si vous voulez passer une bonne soirée en compagnie de groupes qui feront résonner en vous l’amour du metal et des légendes, vous plongeront dans un univers de combats et de ripaille, et vous uniront dans un chœur de cris et de poings levés, ce festival est fait pour vous. Prévoyez de bonnes chaussures, enfilez votre plus beau costume, et venez nous rejoindre la prochaine fois ! 

La team MDF avec Heidevolk !

Textes : Blandine (intro, transition Alestorm, conclusion + 3 concerts), Orsola (Elvenking) et Stéphanie (Ensiferum)

Photographies : Stéphanie Morgado 

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