11/3/2024

Retour vers le futur - Depeche Mode

Il y a des concerts qui vous bouleversent profondément et marquent dans votre vie un avant et un après. Je mentirais si je disais que celui de Dépêche Mode n’était pas un de ceux-là. Affichant rapidement complet pour deux soirs à Paris le dimanche 3 et mardi 5 mars à l’Accor Arena, la soirée s’annonçait prometteuse.

Deux heures avant le début de l'événement, une foule de fans impatients se précipite déjà aux diverses entrées. Toutes les générations - et tous styles confondus- ont répondu présent pour célébrer le quinzième et dernier album Memento Mori (2023) qui rend hommage à Andrew Fletcher, leur clavier décédé brutalement en 2022.

C’est la talentueuse Suzie Stapleton qui assure la première partie, venue défendre avec force son premier album We are the Plague (2020), malheureusement sorti en pleine pandémie.

A la fois puissante et mystérieuse, l’australienne nous fait débuter la soirée en douceur. “Thylacine”, “September” ou encore “River Song” nous plongent dans son univers délicieusement sombre et mélancolique, qui n’est pas sans rappeler la musique de Patti Smith. A la croisée du rock, du blues et de la soul, elle est accompagnée par Jim MacCauley et Gavin Jones, dont l’imposante présence scénique rivalise presque avec la sienne. C’est avec force que Suzie termine son set :“We are the Plague”, son titre le plus connu nous marque par sa noirceur :

“We are abandoned children armed with automatic weapons

We are performing circus lions and exotic snakes milked of venom

We are empty hands reaching towards the inevitable sky

Sweaty and naked beneath the weight of heavy disguise”

Suite à cette entrée en matière plus que savoureuse, la salle est de nouveau éclairée, laissant entrevoir des fans arborant un look new wave qui reprendra les codes esthétiques de la culture gothique.

20h50. Les lumières s’éteignent et les fans se mettent à hurler et applaudir, tandis que la scène fait apparaître un immense “M” lumineux. Retentissent alors les premières notes très sombres de “My Cosmos is Mine”, issu de leur dernier album. Un début presque méditatif tandis qu'on voit la silhouette des musiciens apparaître sur scène, sous un tonnerre d'applaudissements. Continuant de surfer sur une note légèrement psychédélique, ils interprètent ensuite “Wagging Tongue” et “Walking shoes”, laissant au public le loisir de se plonger en douceur dans l'univers sombre et mélancolique de Martin Gore, Dave Gahan... mais aussi des anciens membres Vince Clarke (devenu Erasure à son départ), Alan Wilder et Andrew Fletcher qui ont également été des artisans de l’empreinte Depeche Mode.

Au milieu de la scène, on aperçoit Dave Gahan, dandy élégant, qui chante, danse et nous hypnotise peu à peu. À l'écran, on voit se succéder des clips colorés et variés. L'ambiance s'électrise ensuite tandis qu'ils interprètent “It's No Good” et “Policy of Truth”, provoquant l'hystérie du public lorsque Gahan effectue quelques pas de danse plutôt suggestifs. Puis leurs tubes les plus connus s'enchaînent, “Everything Counts”, “Precious”, “Strangelove”, “Heaven” (les deux dernières interprétées par Martin Gore, principal parolier et compositeur du groupe) emportant avec eux les fans absolument conquis. Le temps semble s'arrêter lorsque arrive le moment “Ghost Again”, qui est sans aucun doute la plus belle chanson de Memento Mori. Ayant fait le choix de ne pas jouer “World in my eyes”, ce sera “Behind the Wheel” qui sera dédié à Andrew Fletcher. La foule rentre en transe lorsque démarre la mélodie universelle the « Enjoy the Silence”. A perte de vue, on peut apercevoir les gens chanter et danser, laissant exploser leur joie tandis que l'écran est illuminé par de têtes de morts brillantes. Impossible de ne pas être ému, ou de ne pas avoir les poils dressés devant un tel spectacle. C'est un de ces moments où l'on aimerait que le temps s'arrête.

Vient ensuite le moment du rappel, qui termine en beauté avec “Just can't get enough”, “Never let me down again” et “Personal Jesus”, qui je trouve sonnent mieux en live qu’à l’écoute, ce qui nous permet de repartir comblés.

Une soirée mémorable qui nous rappelle combien Depeche Mode aura marqué notre musique contemporaine de son empreinte artistique. Il suffit de voir combien d’artistes auront repris Enjoy the Silence, dans des styles très différents… La plus belle version étant pour nous le remix de Krûder & Dorfmeister. Merci DM.

Texte: Anna Grésillon
Photo : François Capdeville

No items found.
No items found.
No items found.
No items found.
No items found.