Il y a des soirées qui s’inscrivent à jamais dans la mémoire des metalleux, et le vendredi 11 avril en fut une magistrale. Paris a eu le privilège rare d’accueillir trois légendes incontestables du Black Metal : les grecs de Rotting Christ, les norvégiens de Satyricon et les polonais de Behemoth, réunis sur la scène mythique de l’Olympia pour une même célébration blasphématoire. Inutile de préciser que l’événement affichait complet depuis des semaines, tant l’affiche était irrésistible. Pour ceux qui n’ont pas pu y être, voici un récit immersif de cette nuit envoûtante, où riffs démoniaques et ferveur collective ont régné en maîtres.
Alors qu’un soleil printanier baigne les rues parisiennes, une marée noire de vestes en cuir, de t-shirts siglés et de crinières sauvages s’amasse devant les portes de l’Olympia. L’excitation est palpable, les rires et les conversations rythment l’attente autour du bar déjà bondé. Mais soudain, comme un appel des ténèbres, les premières notes s’échappent de la salle : Rotting Christ prend les devants, lançant le spectacle dès 18h30... plus tôt que prévu !

Rotting Christ
Dès les premières mesures de "666", suivies de près par l’envoûtant "P’unchaw kachun - Tuta kachun", l’assistance, encore en train d’affluer, est happée par une énergie primitive. Les têtes s’agitent et les corps s’agitent en rythme. Le set, d’une puissance implacable, enchaîne les hymnes cultes : "Fire, God and Fear", "Like Father, Like Son", et l’indétrônable "Non Serviam", réveillant l’esprit de rébellion qui anime le black metal. La conclusion avec "Grandis Spiritus Diavolos" laisse la foule en transe, assoiffée de plus.
Satyricon
La salle, désormais bondée, frémit à l’arrivée des Norvégiens. Satyricon plonge l’audience dans un tourbillon de mélodies sombres et de rythmes hypnotiques avec "Now, Diabolical", "Black Crow on a Tombstone" et l’immortel "Mother North". Entre deux chants, le groupe partage un moment d’émotion, évoquant leur premier concert parisien au Gibus, un lieu sacré pour tout amoureux du Metal parisien. La fureur atteint son paroxysme avec "K.I.N.G", clôturant leur passage sous une ovation déchaînée.




Behemoth
L’attente avant le final est électrique. Dès que les lumières s’éteignent, un silence religieux précède l’explosion. Behemoth surgit dans une tempête de feu et de bruit, ouvrant les hostilités avec "The Shadow Elite", sorti il y a peu. La setlist, savamment dosée entre anciens et nouveaux titres, est une descente aux enfers : "Ora Pro Nobis Lucifer", "Demigod", "Conquer All", et même une avant-première fracassante avec "The Shit ov God", teaser de leur prochain album qui sera repris en chœur par la foule.

La mise en scène est un spectacle à part entière : Nergal, charismatique et démoniaque, domine la scène en compagnie des autres membres tout aussi imposants, le tout sublimé par un travail des lumières impeccables. "Blow Your Trumpets Gabriel", "Bartzabel" et "Chant for Eschaton 2000" enflamment l’Olympia. Dans un moment poignant, Nergal évoque leur précédent passage à la Philharmonie de Paris, rappelant à son public parisien une date historique pour l’histoire de la scène Metal française.




La nuit s’achève en beauté avec "O Father O Satan O Sun!", sous les cris d’une foule en délire.
Cette soirée ne fut pas un simple concert, mais une véritable célébration du black metal. Rotting Christ, Satyricon et Behemoth ont offert une performance monstre. Pour ceux qui y étaient, ce fut une expérience inoubliable. Pour les autres, qu’ils se rassurent : l’énergie de cette nuit résonnera longtemps dans les murs de l’Olympia… et dans les cœurs des metalleux.
Texte: Anna Grésillon
Photos : François Capdeville